Pour la Tunisie, l’Afrique est une chance si on sait la saisir. Mais cela requiert une vision et une stratégie. Alors que d’autres pays s’intéressent de plus en plus au continent, tels que la Chine, la Russie, l’Egypte ou le Maroc, nous avons malheureusement décroché sur l’Afrique. Une dynamique rendue possible grâce aux multiples accords de partenariat signés dans de nombreux domaines. L’écart se creuse tous les jours entre nous et nos frères et amis, à notre détriment bien entendu.
Pourtant, la Tunisie était parmi les pays qui ont soutenu les mouvements de libération africains, noué des relations diplomatiques et effectué des partenariats économiques avec eux au début des années soixante. Les périples africains de Bourguiba et de son Premier ministre Mzali témoignent de cet engagement. C’est précisément le fruit d’une vision de Bourguiba. Il avait très tôt compris l’importance d’une coopération Sud-Sud. S’appuyant sur la position de notre pays à mi-chemin entre l’Europe et le continent africain, en particulier la partie subsaharienne, il a saisi l’opportunité de se positionner aussi bien politiquement, économiquement et culturellement avec brio et clairvoyance. Bourguiba avait construit sa démarche sur des rapports personnels forts et des affinités solides et prouvées avec ses contemporains. Le résultat fut une coopération exemplaire avec le continent et mutuellement bénéfique pendant des décennies à tous les niveaux.