En Tunisie, le difficile apprentissage de la lutte contre la corruption

L'ancien Premier ministre tunisien a démissionné pour soupçon de corruption (Photo, Fethi BELAID/AFP).
L'ancien Premier ministre tunisien a démissionné pour soupçon de corruption (Photo, Fethi BELAID/AFP).
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Publié le Mardi 04 août 2020

En Tunisie, le difficile apprentissage de la lutte contre la corruption

  • Alors que le pays prépare sa deuxième stratégie quinquennale de lutte contre la corruption, les autorités traînent encore les pieds
  • La lutte contre la corruption, qui a débute deux semaines après le début de la révolution tunisienne, le 14 janvier 2011, est loin d’avoir été un long fleuve tranquille

TUNIS : Lorsque, vendredi 17 juillet 2020, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) dévoile sur son site web son programme pour la semaine à venir, les observateurs n’en croient pas leurs yeux… Le chef du gouvernement, M. Elyes Fakhfakh doit prendre la parole le 20 juillet lors de la journée de lancement du processus de préparation et de réalisation de la stratégie nationale quinquennale 2021-2025 de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption Pourtant quatre jours pus tôt, le Premier ministre a été contraint de démissionner de son poste pour… soupçon de corruption! Littéralement surréaliste !  
Finalement, le premier responsable politique tunisien à tomber en raison de telles pratiques, n’est pas venu, pas plus que M. Mohamed Abbou, ministre d’État auprès du chef du gouvernement, chargé de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption. Lui aussi a laissé des plumes dans ce « Fakhfakh Gate », certains l’accusant d’avoir minimisé les accusations adressées au chef du gouvernement et d’avoir tenté de le couvrir.
Des débuts laborieux
La lutte contre la corruption, qui débute avec la création, deux semaines après le début de la révolution tunisienne, le 14 janvier 2011, de la Commission nationale d'investigation sur les faits de corruption et de malversation commis durant le règne de Ben Ali, est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. Cette commission passe le flambeau à l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), créée dans la foulée par le gouvernement de Béji Caid Essebsi, futur président de la république. Sa mission s’avère rapidement plus compliquée qu’on le pense.
Durant les cinq premières années de son existence, l’Inlucc, dirigée par l’avocat Samir Annabi est une véritable coquille vide. Privée de moyens et boycottée de fait par les deux gouvernements de la Troïka, dominée par le mouvement islamiste Ennahdha puis par celui dirigé par Habib Essid, elle n’arrive pas à faire avancer le combat contre la corruption, ne serait-ce que d’un iota. « Rien n’est fait pendant quatre ans, en dépit du soutien que nous ont apporté les bailleurs de fonds (étrangers) », regrette Me Chawki Tabib, qui a succédé à son confrère Samir Annabi à la tête de cet organisme en janvier 2016.
Les choses commencent à s’améliorer quelque peu près de quatre mois après l’arrivée aux commandes du pays, en août 2016, du cinquième chef de gouvernement depuis le 14 janvier 2011, dirigé par Youssef Chahed. En décembre de cette année-là, la – première – stratégie nationale de lutte contre la corruption et son plan d’action sont finalement adoptés. 
Plus de trois ans plus tard, le bilan est mi-figue, mi-raisin, estiment les principaux intervenants ce dossier.
Un bilan anti-corruption mitigé
« Des progrès appréciables ont été enregistrés dans le domaine législatif durant la période 2015-2020 », note Kamel Ayadi, président du Haut Comité de contrôle administratif et financier (HCAAF), relevant de la présidence de la république. Le président de l’Inlucc confirme « l’amélioration de l’arsenal juridique », avec l’adoption de textes de lois créant un pôle judiciaire et financier, organisant l’accès à l’information, la protection des lanceurs d’alerte et, motif suprême de fierté, la déclaration du patrimoine et des intérêts.
« La France a mis cinq ans à mettre en place le dispositif de collecte de ces déclarations. Nous, nous l’avons fait en quelques mois. En France, 15 000 personnes sont soumises à cette formalité. Chez nous, elles sont au nombre de 350 000 et plus de 150 000 l’ont déjà effectuée », se félicite le président de l’Inlucc. Toutefois, Me Tabib pointe du doigt plusieurs insuffisances. La première concerne le financement. Celui de l’Inlucc est assuré par l’État, mais il demeure insuffisant et… instable. Le budget a baissé de moitié en 2020 à 4 millions de dinars. 
Le financement de la stratégie pose un plus gros problème. « Malgré les promesses de MM. Youssef Chahed et Elyes Fakhfakh, l’État n’y a pas investi le moindre dinar », regrette le président de l’Inlucc. Ce sont les bailleurs de fonds étrangers qui s’en chargent.
Deuxième faiblesse : les autorités lancent parfois certaines actions mais s’arrêtent au milieu du gué. Un Conseil supérieur de la lutte contre la corruption a été créé en 2012. Sa deuxième et dernière réunion remonte à mai 2013. Depuis, le président de l’Inlucc demande régulièrement qu’il soit réactivé. En vain…
Un manque de volonté politique ?
Un Pôle judiciaire financier a également été créé et doté par arrêté d’un cellule technique d’experts destinée à aider les juges d’instruction, mais cette dernière n’a pas encore vu le jour. De même, les textes d’application de plusieurs lois, dont celle qui concerne la protection des lanceurs d’alerte ou qui autorise la publication des déclarations du patrimoine et des intérêts, n’ont pas encore été promulgués. Absence de volonté politique ? Le président de l’Inlucc, soucieux de ne pas heurter les autorités de front sur ce sujet, évite d’aller aussi loin dans ses critiques. Il se contente de réclamer « une volonté politique décisive et tranchante ». 
Les magistrats ne sont pas en reste. Youssef Bouzakher, président du Conseil supérieur de la magistrature, insiste sur l’importance de l’indépendance du pouvoir judiciaire et de l’instauration de la bonne gouvernance comme « garanties essentielles dans la lutte contre la corruption ». Et pense que cette guerre doit être menée dans un premier temps dans les tribunaux qui souffrent de divers maux – destruction de preuves, changement de la composition des instances judiciaires « qui porte atteinte à la crédibilité du travail de la magistrature », détérioration de la situation sociale des magistrats, manque de collaboration de l’administration… Des dysfonctionnements chroniques qui constituent autant d’entraves à la lutte contre la corruption.
Situation qui a poussé Badreddine Gammoudi, président de la Commission de la réforme administrative, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption de l’ARP à demander au président Kais Saied de « soutenir le Conseil supérieur de la magistrature ».
Pour Kamel Ayadi la priorité est ailleurs. Sans minimiser l’importance de la lutte contre la corruption, le président du Haut Comité de contrôle administratif et financier propose de mettre davantage l’accent sur l’amélioration de la gouvernance. Car « le coût de la mauvaise gouvernance est beaucoup plus élevé que celui de la corruption (35% contre 10 à 20% du produit intérieur brut) », justifie-t-il.


 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

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  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.