Cinéma: la possibilité d'un échelonnement des sorties à la reprise se précise

Les professionnels craignent un trop-plein : à raison de 50 à 60 films à sortir par semaine contre 14 en temps normal, tous ne pourront pas trouver un écran, et le public nécessaire pour rentabiliser les films.(AFP)
Les professionnels craignent un trop-plein : à raison de 50 à 60 films à sortir par semaine contre 14 en temps normal, tous ne pourront pas trouver un écran, et le public nécessaire pour rentabiliser les films.(AFP)
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Publié le Vendredi 16 avril 2021

Cinéma: la possibilité d'un échelonnement des sorties à la reprise se précise

  • Les professionnels craignent un trop-plein : à raison de 50 à 60 films à sortir par semaine contre 14 en temps normal, tous ne pourront pas trouver un écran, et le public nécessaire pour rentabiliser les films
  • Certains distributeurs et producteurs, les indépendants notamment, souhaiteraient se concerter pour échelonner les sorties, et le Médiateur du cinéma avait saisi l'Autorité de la concurrence pour savoir si une telle entente était juridiquement possible

PARIS : L'Autorité de la concurrence a ouvert la voie vendredi, sous conditions, à la mise en place d'un calendrier concerté des sorties entre les distributeurs de films pour éviter un embouteillage à la réouverture des salles.

Les salles sont fermées depuis six mois et à la mi-mars, plus de 400 films étaient déjà en attente, prêts à être diffusés.

Les professionnels craignent un trop-plein : à raison de 50 à 60 films à sortir par semaine contre 14 en temps normal, tous ne pourront pas trouver un écran, et le public nécessaire pour rentabiliser les films.

Certains distributeurs et producteurs, les indépendants notamment, souhaiteraient se concerter pour échelonner les sorties, et le Médiateur du cinéma avait saisi l'Autorité de la concurrence pour savoir si une telle entente était juridiquement possible.

Le Médiateur du cinéma est l'organisme chargé d'une mission de conciliation pour tout litige relatif à la diffusion de films en salles.

Vendredi, dans un avis, l'Autorité de la concurrence a souligné qu'une telle pratique était en principe interdite par les règles de libre concurrence, mais que compte tenu de la crise sanitaire, elle pourrait être légale, sous certaines conditions.

Entre autres, cette concertation devrait être "limitée dans le temps", et laisser jouer la concurrence sur d'autres paramètres que la date: "le nombre d’établissements dans lesquels les films seraient diffusés, le nombre de copies des films, les horaires des séances, la durée d’exposition des films ainsi que les négociations commerciales avec les exploitants de salles de cinéma".

"Pour nous, c'est une victoire symbolique pour tenter de maintenir une vraie diversité des films à la reprise", s'est félicité auprès de l'AFP le distributeur Etienne Ollagnier, représentant du bureau de liaison des organisations du cinéma (Bloc), qui avait saisi le Médiateur du cinéma.


Au Japon, un élevage d'escargots de Bourgogne unique au monde

Des éleveurs d'escargots, ou héliciculteurs, existent aussi en France, mais ils se concentrent sur une autre espèce plus facile à produire, helix aspersa (les "petits-gris" et "gros-gris"), et ne pèsent que 5% du marché national. (AFP).
Des éleveurs d'escargots, ou héliciculteurs, existent aussi en France, mais ils se concentrent sur une autre espèce plus facile à produire, helix aspersa (les "petits-gris" et "gros-gris"), et ne pèsent que 5% du marché national. (AFP).
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  • Farcis au beurre persillé à l'ail et cuits au four, les escargots "à la bourguignonne" sont un monument de la gastronomie française depuis le XIXe siècle
  • Toshihide Takase produit au Japon des escargots de Bourgogne, une espèce pourtant considérée comme impossible à élever

MATSUSAKA: Toshihide Takase produit au Japon des escargots de Bourgogne, une espèce pourtant considérée comme impossible à élever. Son savoir-faire, développé en autodidacte sur quatre décennies, intéresse désormais la France de près.

Farcis au beurre persillé à l'ail et cuits au four, les escargots "à la bourguignonne" sont un monument de la gastronomie française depuis le XIXe siècle.

Mais les escargots de Bourgogne (helix pomatia) sont protégés depuis 1979 en France, car ils y étaient menacés d'extinction. Aussi sont-ils ramassés en Europe centrale et orientale puis exportés, principalement vers l'Hexagone, le premier marché mondial.

Des éleveurs d'escargots, ou héliciculteurs, existent aussi en France, mais ils se concentrent sur une autre espèce plus facile à produire, helix aspersa (les "petits-gris" et "gros-gris"), et ne pèsent que 5% du marché national.

"L'escargot de Bourgogne n'a jamais vu la Bourgogne, c'est ironique mais c'est vrai", déclare à l'AFP William Blanche, coprésident de la Fédération nationale des héliciculteurs et éleveur près de Besançon (est de la France).

Le pomatia "est réputé comme étant impossible à élever (...) parce qu'il ne supporte pas la promiscuité et qu'il met beaucoup de temps à grandir, entre deux et trois ans", rappelle un industriel français du secteur préférant garder l'anonymat.

« On me traitait d'idiot »

M. Takase, 76 ans, dit cependant être parvenu à raccourcir le temps de croissance du pomatia à seulement quatre mois, comme pour l'aspersa français.

Rien ne le prédestinait à devenir un expert dans ce domaine si atypique au Japon, où les escargots sont très peu consommés et perçus comme des nuisibles pour les cultures.

Ses autres secteurs d'activité n'avaient rien à voir non plus avec les gastéropodes: son "laboratoire de développement d'escargots" à Matsusaka (centre du Japon) est installé derrière une bruyante métallerie, la première société créée par ce multi-entrepreneur aujourd'hui retraité.

Sa vocation lui est venue en 1979. "Ma sœur avait voyagé en France et m'avait rapporté en souvenir des escargots en conserve" raconte-t-il à l'AFP. "Mais ce n'était pas bon et ça sentait mauvais."

Après cette expérience décevante, il se lance le pari fou d'élever des escargots de Bourgogne: "J'ai pensé qu'il n'y avait que moi qui pourrait le faire", explique cet homme obstiné et fier d'avoir donné tort à tout le monde: "On me traitait d'idiot".

Il dévore la littérature sur le sujet, rencontre des héliciculteurs en France, investit une petite fortune. Après sept ans de procédures administratives, il obtient un permis d'élevage au Japon et le droit d'importer de France 100 spécimens de pomatia: "J'étais vraiment ému, mon cœur battait la chamade", relate-t-il en affirmant être "le seul au monde" à en élever.

« Coup marketing monstrueux »

Il dit avoir aujourd'hui la capacité d'en produire 600.000 par an. Ses escargots vivent paisiblement dans des bacs rangés sur des étagères coulissantes en métal, dans une terre riche en humus savamment préparée où il ajoute notamment de la poudre de coquille d'huître, pleine de calcium: "Ils adorent".

L'éleveur a mis "vingt ans" pour développer une poudre alimentaire spéciale pour ses escargots, à base de soja et de maïs, bourrée de vitamines et de calcium.

L'hygiène est centrale dans son élevage: les mangeoires et coupelles d'eau sont remplacées tous les trois jours et lavées à la main. "Les escargots aiment la propreté", justifie M. Takase, qui contrôle aussi en permanence la température et le niveau d'humidité.

Il veut désormais transmettre sa méthode à des éleveurs français, approchés via l'ambassade de France au Japon, et envisage aussi des partenariats commerciaux avec des industriels tricolores. Mais de nombreuses questions demeurent.

"Est-ce que si demain on savait élever du pomatia, est-ce qu'on pourrait faire une transition? Est-ce que nos consommateurs, qui sont habitués à un autre type d'escargots, seraient partants, et à quel prix?" s'interroge M. Blanche, séduit toutefois par l'idée de visiter l'élevage de M. Takase.

Des installations aussi soignées, entièrement hors-sol, impliquent des coûts élevés: six autres personnes travaillent à l'année avec M. Takase, qui en vente directe facture 30 escargots près de 60 euros (9.900 yens).

"C'est très cher, environ quatre fois le prix des escargots des industriels français et environ le double des prix des éleveurs français", relève l'industriel interrogé par l'AFP.

Et "il faut que ça ait du goût", prévient-il, doutant pour l'instant qu'un pomatia d'élevage soit aussi savoureux qu'un sauvage ayant "un goût fort de sous-bois".

"Je rêverais d'avoir un escargot de Bourgogne français", confie toutefois cet entrepreneur. "Le coup marketing serait monstrueux."


Mort à 95 ans de Fumihiko Maki, architecte d'une des tours de Ground Zero à New York

Sa photo d'archive prise le 13 novembre 2013 montre l'architecte japonais Fumihiko Maki, qui a conçu le bâtiment, s'exprimant lors de la cérémonie d'ouverture du 4 World Trade Center de 72 étages à New York. (AFP)
Sa photo d'archive prise le 13 novembre 2013 montre l'architecte japonais Fumihiko Maki, qui a conçu le bâtiment, s'exprimant lors de la cérémonie d'ouverture du 4 World Trade Center de 72 étages à New York. (AFP)
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  • Maki était aussi l'un des fondateurs du métabolisme, un mouvement d'architecture avant-gardiste nippon des années 1960 qui proposait de concevoir les bâtiments comme des organismes vivants
  • De retour à Tokyo en 1965, il fonde son propre cabinet d'architecture, Maki and Associates, toujours en activité aujourd'hui et qui compte le rester

TOKYO: Fumihiko Maki, architecte japonais lauréat du prestigieux prix Pritzker en 1993 et concepteur d'une tour du nouveau complexe du World Trade Center à New York, est mort jeudi dernier à l'âge de 95 ans, a annoncé mercredi son agence dans un communiqué.

Il était aussi l'un des fondateurs du métabolisme, un mouvement d'architecture avant-gardiste nippon des années 1960 qui proposait de concevoir les bâtiments comme des organismes vivants.

Né à Tokyo le 6 septembre 1928, Fumihiko Maki a d'abord étudié au Japon auprès de Kenzo Tange, grand maître de l'architecture japonaise de l'après-guerre, très influencé par Le Corbusier.

Il a ensuite poursuivi sa formation aux Etats-Unis, où il a démarré sa carrière dans les années 1950, comme architecte et enseignant à la fois.

De retour à Tokyo en 1965, il fonde son propre cabinet d'architecture, Maki and Associates, toujours en activité aujourd'hui et qui compte le rester.

"Pour moi, le projet de création le plus significatif est ma société - Maki and Associates. Elle reste une oeuvre perpétuellement en cours, évoluant sans cesse en adoptant de nouvelles idées au fil du temps, assurant ainsi sa pérennité", selon une citation de M. Maki mentionnée mercredi par son cabinet.

Avec d'autres anciens disciples de Kenzo Tange comme Kisho Kurokawa (1934-2007) et Kiyonori Kikutake (1928-2011), Fumihiko Maki était l'un des auteurs du "manifeste du métabolisme" en 1960, qui posait les bases d'une nouvelle architecture s'inspirant des principes biologiques de la croissance et de la régénération.

Ce courant utopique, qui a connu son âge d'or dans les années 1960-70, proposait de considérer l'architecture comme un processus vital, avec des structures s'intégrant harmonieusement dans l'environnement urbain, mais aussi remplaçables voire modulables, comme des cellules.

Parmi ses nombreuses et très variées réalisations dans le monde figurent l'une des tours de bureaux formant le nouveau complexe du World Trade Center reconstruit à New York après les attentats du 11 septembre 2001 (4 WTC, 2013).

A l'inverse d'autres grands architectes japonais contemporains, Fumihiko Maki était plutôt méconnu en France, où il n'a été associé qu'à un seul projet, le plan d'urbanisme du quartier d'affaires de Châteaucreux à Saint-Etienne (sud-est) dans les années 2000-2010.


La France pleure Françoise Hardy, une de ses dernières icônes des sixties

La chanteuse française Françoise Hardy est photographiée à Paris, en novembre 1970. (AFP)
La chanteuse française Françoise Hardy est photographiée à Paris, en novembre 1970. (AFP)
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  • «Comment te dire adieu», son standard de 1968, revient mercredi dans les titres de la presse et dans les hommages sur les réseaux sociaux
  • «L'élégance» de ses «chuchotements harmonieux résonnera pour toujours dans le cœur des garçons et des filles de tout âge», écrit le musicien Jean-Michel Jarre

PARIS: "Enorme tristesse", "voix singulière", "légende de la chanson française": la France pleure mercredi la disparition de Françoise Hardy, une de ses dernières icônes des sixties, annoncée la veille.

"Maman est partie": c'est par ces simples mots sur ses réseaux sociaux, avec une photo de lui enfant auprès de sa mère, que son fils Thomas Dutronc a officialisé la nouvelle tard mardi soir.

Cette disparition, à 80 ans, après avoir lutté contre un cancer apparu dès 2004, survient presque un an après celle de Jane Birkin (juillet 2023), autre icône des sixties.

"Comment te dire adieu", son standard de 1968, revient mercredi dans les titres de la presse et dans les hommages sur les réseaux sociaux.

"Comment lui dire adieu ?", a ainsi posté Rachida Dati, ministre de la Culture, saluant une "légende de la chanson française".

"Icône française, voix singulière à la tranquillité farouche, Françoise Hardy aura bercé des générations de Français pour qui elle restera ancrée dans des moments de vie", salue le Premier ministre Gabriel Attal.

"L'élégance" de ses "chuchotements harmonieux résonnera pour toujours dans le cœur des garçons et des filles de tout âge", écrit le musicien Jean-Michel Jarre. "Quelqu'un que j'aimais infiniment vient de partir", confie le chanteur Julien Clerc.

Un clin d'oeil à son hit instantané de 1962, l'année de ses 18 ans: plus de deux millions d'exemplaires vendus pour "Tous les garçons et les filles", que Françoise Hardy avait écrit et composé, fait rare à l'époque.