ANKARA: Un accrochage verbal acrimonieux a opposé jeudi les ministres turc et grec des Affaires étrangères, qui ont publiquement étalé leurs divergences sur plusieurs dossiers lors d'une conférence de presse à Ankara.
Le Turc Mevlut Cavusoglu et Grec Nikos Dendias se sont notamment opposés devant les caméras sur les frontières maritimes, les migrants et le traitement des minorités lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à Ankara du ministre grec censée pourtant consolider le dialogue entamé par les deux pays pour résoudre leurs contentieux.
« Si vous portez de telles accusation lourdes contre mon pays et mon peuple, je suis obligé d'y répondre », a fulminé M. Cavusoglu, visiblement excédé par des déclarations de son homologue grec.
M. Dendias a notamment critiqué les activités turques en mer Egée et en Méditerranée orientale et ce qu'il considère comme une application déficiente de la part d'Ankara d'un accord sur les migrants avec l'Union européenne.
« La position de la Grèce est claire et ce n'est pas la première fois que vous l'entendez : la Turquie a violé en mer Egée et à la Méditerranée orientale le droit international et la convention (internationale) de la mer et les droits même souverains de la Grèce, la Turquie a effectué 400 vols au-dessus du sol grec », a dit M. Dendias.
Sur le dossier des migrants, M. Cavusoglu s'est défendu en affirmant que la Turquie s'était comportée d'une « manière décente » et accusé Athènes d'avoir « refoulé 80 000 personnes lors des quatre dernières années ».
Il a en outre affirmé que les activités d'Ankara en Méditerranée orientale visaient à « protéger les intérêts de la Turquie et des Chypriotes-turcs ».
« Nous avons nos divergences sur ces sujets mais si vous venez ici pour accuser la Turquie alors que avions convenu de discuter de ces dossiers, je suis obligé de répondre », a-t-il ajouté, qualifiant à plusieurs reprises les propos de son homologue grec d'« inacceptables ».
Les tensions entre les deux pays voisins et membres de l'Otan, aux relations historiquement délicates, se sont aggravées ces dernières années en raison notamment de forages gaziers effectués par la Turquie dans des eaux grecques en Méditerranée orientale.
Leurs relations sont aussi empoisonnées par des griefs réciproques sur le traitement des minorités musulmane en Grèce et orthodoxe en Turquie, ainsi que par la gestion des flux migratoires aux frontières terrestres et maritimes des deux pays.
Dans ce contexte, des responsables grecs et turcs ont repris cette année des discussions « exploratoires » afin d'aplanir certains de leurs différends.