Téhéran a accusé lundi Israël d'avoir saboté la veille son usine d'enrichissement d'uranium de Natanz et a promis de se venger et d'intensifier ses activités atomiques alors que des efforts diplomatiques ont lieu à Vienne pour remettre sur les rails l'accord international sur le nucléaire iranien.
Le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, a semblé minimiser l'événement en déclarant lundi que « le centre de distribution d'électricité » de l'usine de Natanz, dans le centre du pays, avait été touché par une « petite explosion » vers « cinq heures du matin » (00H30 GMT) dimanche.
Il a fait état de dégâts « rapidement » réparables et présentés comme mineurs.
Le chef de l'OIEA, Ali-Akbar Saléhi avait rapporté plus tôt, par l'agence Fars, que « le système électrique de secours » de l'usine avait dû être mis en marche lundi.
Plus de 24 heures après les faits, les circonstances de l'attaque, son mode opératoire et l'étendue des dégâts causés restaient flous.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne Saïd Khatibzadeh a accusé Israël d'avoir mené un acte de « terrorisme », endommageant des centrifugeuses dites de première génération utilisées pour enrichir de l'uranium.
De son côté, le New York Times a cité des responsables au sein des renseignements israéliens et américains selon lesquels « Israël a joué un rôle » dans ce qui s'est passé à Natanz où, selon ces sources, « une forte explosion » aurait « totalement détruit (...) le système électrique interne alimentant les centrifugeuses qui enrichissent de l'uranium sous terre ».
« Les Etats-Unis n'ont d'aucune manière été impliqués », a affirmé Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche, à la presse vers 17H00 GMT. « Nous n'avons rien à ajouter aux spéculations sur les causes ou les conséquences » de cette attaque présumée.
L'usine d'enrichissement située au sein du complexe nucléaire de Natanz est celle-là même où Téhéran a mis en service ou a commencé à tester samedi de nouvelles cascades de centrifugeuses avancées.
« Centrifugeuses plus puissantes »
Ces machines offrent à l'Iran la possibilité d'enrichir plus vite et en plus grande quantité de l'uranium, dans des volumes et à un degré de raffinement interdits par l'accord censé encadrer le programme nucléaire iranien conclu en 2015 à Vienne.
M. Khatibzadeh a accusé indirectement Israël de saborder les discussions en cours à Vienne pour tenter de faire revenir Washington dans cet accord et de lever les sanctions américaines contre Téhéran.
« La réponse de l'Iran sera la vengeance contre le régime sioniste au moment et à l'endroit opportun », a-t-il affirmé.
Selon Fars, M. Saléhi a promis que « dans quelques jours, les centrifugeuses endommagées (seraient) remplacées par des centrifugeuses plus puissantes ».
L'agence officielle Irna a cité des députés selon lesquels le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif aurait « insisté (...) sur la nécessité de ne pas tomber dans le piège tendu par les sionistes ».
« Mais nous ne permettrons pas » qu'Israël fasse dérailler les discussions de Vienne, aurait-il déclaré lors d'une réunion à huis clos au Parlement.
L'Union européenne et la Russie, qui participent à ces efforts diplomatiques, ont dit espérer que ceux-ci ne soient pas réduits à néant par l'« incident » de Natanz.
Ces pourparlers ont lieu entre les Etats encore parties à l'accord de Vienne (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni, Iran et Russie), sous l'égide de l'Union européenne. Washington y est associé mais sans contact direct avec les Iraniens.
« Je ne permettrai jamais à l'Iran d'obtenir la capacité nucléaire afin de réaliser son objectif génocidaire d'éliminer Israël », a déclaré lundi, sans revendiquer la responsabilité de l'incident de Natanz, le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu.
M. Netanyahu, critique virulent de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, s'exprimait à l'issue d'une rencontre à Jérusalem avec le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, dont l'administration tente de revenir à une entente avec Téhéran sur l'accord conclu à Vienne, et dont s'est retiré en 2018 l'ancien président Donald Trump.
Les Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont dénoncé unilatéralement en 2018 l'accord international, rétablissant les sanctions américaines qui avaient été levées en vertu de ce pacte.
En riposte, l'Iran s'est affranchi depuis 2019 de la plupart des engagements clés limitant ses activités nucléaires qu'il avait pris à Vienne. Joe Biden, qui a succédé à M. Trump en janvier, a signalé son intention de réintégrer l'accord.