L'UE vient présenter ses demandes à Erdogan

Les relations entre la Turquie et l'Union Européenne pourraient s'apaiser (Photo, AFP).
Les relations entre la Turquie et l'Union Européenne pourraient s'apaiser (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 05 avril 2021

L'UE vient présenter ses demandes à Erdogan

  • L'UE posera ses conditions pour une reprise graduelle des relations économiques et discuter du soutien pour les réfugiés installés en Turquie
  • Les entretiens d'Ankara seront «un moment très politique», mais «il n'est pas question de négociation», précise-t-on à Bruxelles

BRUXELLES: Les présidents des institutions européennes vont soumettre mardi au président turc Recep Tayyip Erdogan les conditions de l'UE pour une reprise graduelle des relations économiques et discuter du soutien pour les réfugiés installés dans son pays.

Le président du Conseil, le belge Charles Michel, et la présidente la Commission, l'Allemande Ursula von der Leyen se rendent à Ankara munis d'une « feuille de route : les décisions adoptées par les dirigeants de l'UE lors de leur sommet le 26 mars », explique le représentant d'un Etat membre à Bruxelles. 

« Ils ont une légitimité politique », souligne-t-il.

Les entretiens d'Ankara seront « un moment très politique », mais « il n'est pas question de négociation », précise-t-on à Bruxelles.

La rencontre sera très suivie. « Charles Michel et Ursula von der Leyen vont être observés sur les questions des droits de l'homme et de l'Etat de droit. Ils doivent dire les choses, comme l'a fait Josep Borrell à Moscou. Pas question de se montrer complaisants. Ce sera difficile », analyse le diplomate européen.

« Divergences sérieuses »

Les dirigeants de l'UE ont décidé de répondre à la volonté d'apaisement affichée par le président Erdogan par une reprise « progressive, conditionnelle et réversible » de la coopération entre l'UE et la Turquie.

« Nous avons un cadre pour améliorer nos relations, mais il est indispensable que la Turquie modère son comportement. Nous restons donc prudents », avait expliqué Charles Michel à l'issue du sommet.

Les conclusions des dirigeants européens ont été peu appréciées à Ankara. Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé « l'influence des allégations étroites d'esprit de quelques pays membres ».

Il y a des « divergences sérieuses » entre l'Allemagne l'Italie et l'Espagne d'un côté, la Grèce, Chypre, les pays d'Europe du Nord et la France de l'autre. Mais l'approche décidée lors du sommet a été approuvée à l'unanimité et applaudie, ont rappelé plusieurs participants.

L'UE est prête à engager la modernisation de l'Union douanière, à reprendre le dialogue à haut niveau suspendu en 2019 sur certains sujets comme la sécurité, l'environnement, la santé, et à accorder certaines facilités de visas pour les ressortissants turcs.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell évoque « un nouveau chapitre » dans la relation entre l'UE et la Turquie.  

Les Européens veulent également aborder la question des réfugiés. Ils sont près de 4 millions de Turquie. « L'enjeu a évolué. Les réfugiés syriens vont rester longtemps et une aide humanitaire ne suffit plus. On entre dans une logique d'intégration. Il ne s'agit plus d'aide budgétaire, mais de coopération et de développement », a expliqué un responsable européen.

L'UE veut aborder la question du soutien aux réfugiés syriens de manière globale, et Ursula von der Leyen se rendra en Jordanie en quittant Ankara, a annoncé sa porte-parole. Plus de 600 000 ressortissants syriens se sont réfugiés dans ce pays.

Annonces en juin

La clef de la reprise des relations avec Ankara est la confiance. Une dynamique s'enclenche, mais elle reste fragile. Après une année 2020 très difficile, marquée par les tensions liées à plusieurs missions d'exploration gazière turques dans des eaux grecques et chypriotes en Méditerranée orientale et à l'implication d'Ankara dans les conflits en Syrie, en Irak, en Libye et au Nagorny-Karabakh, l'UE attend du président turc un engagement durable et crédible de la désescalade.

« Se montrer prudents et vigilants n'empêche pas d'engager les premières étapes de l'agenda positif offert par l'UE », assure le diplomate européen.

La Turquie a promis de répondre aux gestes de l'UE par des « pas positifs ». L'UE attend de voir la concrétisation des pourparlers entre la Grèce et la Turquie et le comportement politique d'Ankara fin avril lors de la réunion organisée par les Nations Unies sur Chypre, île divisée depuis 1974, à laquelle les Européens veulent être associés. Ils demandent également le désengagement militaire d'Ankara de Libye.

« Si cela se concrétise en juin, le sommet européen pourra faire des annonces », explique le diplomate.


Au Liban, la plupart des sites militaires du Hezbollah ont été cédés à l'armée dans le sud du pays

L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
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  • « Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.
  • Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

BEYROUTH : Selon une source proche du mouvement pro-iranien, l'AFP a appris samedi que la plupart des sites militaires du Hezbollah dans le sud du Liban avaient été placés sous le contrôle de l'armée libanaise.

« Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.

Dimanche, une émissaire américaine en visite à Beyrouth a exhorté les autorités libanaises à accélérer le désarmement du Hezbollah.

« Nous continuons d'exhorter le gouvernement à aller jusqu'au bout pour mettre fin aux hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices », a déclaré Morgan Ortagus sur la chaîne locale LBCI. 

Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

« Nous allons bientôt élaborer une stratégie de défense nationale dans ce cadre », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah est le seul groupe libanais à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la « résistance » contre Israël.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban pour soutenir son allié palestinien.

Ces hostilités ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2006 avec des bombardements israéliens intenses au Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, dont la direction a été quasiment décimée. La guerre a fait plus de 4 000 morts.

Israël, qui a maintenu sa présence militaire au Liban dans cinq points « stratégiques » le long de la frontière, continue de mener régulièrement des frappes au Liban, disant viser des infrastructures et des membres du Hezbollah.


Gaza : une délégation du Hamas est attendue au Caire samedi pour discuter d'une trêve

Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
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  • « Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.
  • « Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

LE CAIRE : Une délégation du Hamas est attendue samedi au Caire pour des discussions avec les médiateurs égyptiens en vue d'une nouvelle trêve dans la bande de Gaza, a indiqué à l'AFP un responsable du mouvement islamiste palestinien.

« Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre et à l'agression, et garantissant le retrait complet des forces d'occupation de la bande de Gaza », a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat, en référence à Israël.

Selon lui, le Hamas n'a reçu aucune nouvelle offre de trêve, malgré des informations de médias israéliens rapportant que l'Égypte et Israël avaient échangé des projets de documents portant sur un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages.

« Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

La délégation est conduite par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du Hamas, a-t-il précisé.

Selon le Times of Israel, la proposition égyptienne prévoirait le retour en Israël de 16 otages, huit vivants et huit morts, en échange d'une trêve de 40 à 70 jours ainsi que de la libération d'un grand nombre de prisonniers palestiniens.


Reconnaissance de l'État palestinien : de nombreuses conditions à réunir pour que la France agisse

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
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  • - Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 
  • Il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

PARIS : Toute reconnaissance de l'État palestinien par la France ne contribuera à mettre la solution des deux États avec Israël sur les rails que si elle réunit une myriade de conditions qui semblent pour le moment inatteignables.

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique ». Les obstacles sont de taille.

- Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 

L'an passé, il avait déclaré que la reconnaissance d'un État palestinien n'était pas un tabou, à condition que ce geste symbolique soit « utile ».

Mercredi, il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

La conférence pour les deux États, prévue en juin à New York sous l'égide de la France et de l'Arabie saoudite, doit être « un tournant », a-t-il dit. 

Des frontières à définir 

« Les attributs juridico-politiques de l'État palestinien en question n'existent pas aujourd'hui. C'est une pure fiction diplomatique », souligne néanmoins David Khalfa, de la Fondation Jean-Jaurès à Paris.

« Pour qu'un État palestinien soit viable, il faut une continuité territoriale entre Gaza et la Cisjordanie », note Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris. Or, « on ne voit pas aujourd'hui le gouvernement israélien accepter d'entamer un processus de décolonisation, de mettre un terme à l'occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et de demander aux 700 ou 800 000 colons israéliens de quitter ces territoires occupés », dit-il. 

Une autre question épineuse est celle du désarmement du Hamas, qui a perpétré les attentats sanglants du 7 octobre 2023 en Israël et provoqué les représailles meurtrières de l'armée israélienne à Gaza.

Israël a fait de l'éradication du groupe sa priorité. 

Démilitarisation du Hamas et exfiltration

Quoiqu'affaibli, le groupe « a réussi à recruter des milliers de jeunes miliciens » et dispose encore d'un arsenal lui permettant de « mener des actions de guérilla contre les soldats israéliens et de réprimer dans le sang les leaders de la contestation anti-Hamas à Gaza », observe-t-il.

S'agissant de l'exfiltration de certains cadres du Hamas, la question est complexe à explorer avec ceux qui parlent au Hamas, reconnaît-on à Paris. Comment les exfiltrer et vers quelle destination, en plus du Qatar et de la Turquie ? Des interrogations  qui restent sans réponse actuellement. 

Revitaliser l'Autorité Palestinienne

« Les Israéliens doivent être convaincus que le Hamas va être désarmé, qu'il est exclu de la gouvernance de Gaza et que l'Autorité palestinienne va réellement se réformer », a expliqué à l'AFP une source diplomatique française.

Cela passe par le renforcement de la légitimité de l'Autorité palestinienne, alors que la popularité du Hamas augmente au sein de la population. 

Normalisation avec Israël

Selon Hasni Abidi, enseignant au Global Studies Institute de l'Université de Genève, il faut un changement de personnel politique en son sein pour qu'une Autorité palestinienne revitalisée soit en mesure d'assurer une gouvernance crédible dans la bande de Gaza. Or, ses dirigeants ne manifestent aucun désir de passer la main, ce qui permet à Israël d'entretenir l'idée qu'ils n'ont pas d'interlocuteur crédible.

La source diplomatique rappelle que la normalisation est un processus et pas un acte isolé. Elle souligne que ce processus peut se faire progressivement et que d'autres pays peuvent participer. Cependant, la France est réaliste et ne s'attend pas à un règlement immédiat du conflit israélo-palestinien.