Les dégâts collatéraux des déprogrammations pour les malades hors Covid

Selon le ministre de la Santé Olivier Véran, 80% de déprogrammations vont être «sans doute» nécessaires dans les hôpitaux en Ile-de-France (Photo, AFP).
Selon le ministre de la Santé Olivier Véran, 80% de déprogrammations vont être «sans doute» nécessaires dans les hôpitaux en Ile-de-France (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 03 avril 2021

Les dégâts collatéraux des déprogrammations pour les malades hors Covid

  • Le président de la Ligue contre le cancer a énoncé les conséquences «tragiques humainement» des déprogrammations décidées pour libérer des lits et du personnel hospitalier
  • Selon le ministre de la Santé Olivier Véran, 80% de déprogrammations vont être «sans doute» nécessaires dans les hôpitaux en Ile-de-France

PARIS: Anxiété, perte de chances, surmortalité : les malades hors Covid ne veulent pas être les « victimes collatérales » des déprogrammations de soins décidées pour faire face à la troisième vague de la pandémie, insistent les associations de patients.

A Bordeaux, une personne souffrant d'un cancer du pancréas apprend, trois jours avant, le report d'une opération. Ailleurs, c'est une greffe de rein avec donneur vivant qui est repoussée, les médecins demandant à la malade de rester sous dialyse le temps nécessaire.

Pour Magali Léo, de Renaloo, association de malades des reins, « les patients témoignent d'un très très haut niveau d'anxiété ». Le président de la Ligue contre le cancer, Axel Kahn, a insisté mercredi sur France Info sur les conséquences « tragiques humainement » des déprogrammations décidées pour libérer des lits et du personnel hospitalier afin de faire face à la nouvelle flambée de Covid-19.

Selon le ministre de la Santé Olivier Véran, 80% de déprogrammations vont être « sans doute » nécessaires dans les hôpitaux en Ile-de-France pour augmenter les capacités en lits de réanimation. La Fédération hospitalière de France a évoqué des déprogrammations en cascade, ce qui « ne peut perdurer plusieurs semaines sans conséquences majeures sur la santé publique », appelant les patients « à ne pas renoncer aux soins ».

Car il y a les déprogrammations décidées par le milieu médical mais aussi les « auto-déprogrammations » qui sont le fait des patients eux-mêmes par peur ou par souci de ne pas surcharger l'hôpital, souligne Catherine Simonin, vice-présidente de la Ligue contre le cancer et membre du bureau de France Assos Santé, fédération d'associations de patients.

Sentiment d'abandon

Alors que vient de s'achever « Mars bleu », un mois de sensibilisation au dépistage du cancer colorectal (3e cancer le plus fréquent et 2e le plus meurtrier), Axel Kahn estime que « le plus grave est de ne pas se faire dépister ». Le généticien chiffre à 100 000 les retards de diagnostic depuis le début de la crise sanitaire avec pour conséquence une surmortalité par cancer de 13 500 personnes. « Derrière ces chiffres, il y a des douleurs, des détresses. C'est intolérable. »

Renaloo vient de lancer un « observatoire des pertes de chance liées à la Covid-19 ». A travers le recueil de témoignages, il s'agit de se mobiliser « pour que les malades des reins ne soient pas à nouveau des victimes collatérales des annulations, dégradations ou déprogrammations des soins ».

Magali Léo s'inquiète pour le maintien de l'activité de greffe. Selon des chiffres de l'Agence de la biomédecine, sur les 10,5 premiers mois de 2020, les greffes rénales ont baissé de 29% par rapport à 2019. 

Pour Renaloo, plus d'un millier de transplantations rénales n'ont pas eu lieu en 2020. L'association pointe aussi des problèmes de suivi des personnes greffées et une qualité de soin dégradée pour les dialysés, « avec la suppression, par précaution, de la collation, si importante pour des patients qui passent des heures en dialyse », souligne Léo.

La Conférence nationale de santé, organisme consultatif auprès du ministre de la Santé, recommande dans un « point de vigilance Covid-19 », mis à jour le 16 février, « qu'un accompagnement psychologique et social doit être systématiquement proposé et, si nécessaire, assuré pour les personnes subissant une déprogrammation de soins ».

Pour Catherine Simonin, « aujourd'hui la prise en charge est meilleure mais l'anxiété est toujours là ».

« Rien que d'être contacté par téléphone peut faire pas mal de différence », insiste le Dr Jean-Pierre Thierry, conseiller médical de France Assos Santé, qui rappelle que lors de la première vague, « les gens se sont sentis abandonnés ».


50 ans après la loi Veil, les opposants à l'IVG ont appelé à « marcher pour la vie »

Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
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  • Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.
  • Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

PARIS : Cinquante ans après la loi Veil, les opposants à l'avortement sont appelés à manifester dimanche dans le cadre de la « marche pour la vie ». Selon ses organisateurs, cette manifestation devrait rassembler plus de 10 000 personnes cette année.

Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.

La manifestation est organisée chaque année autour de l'anniversaire de la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975.

« Depuis 1975, ce sont plus de 10 millions d'enfants à naître qui ont été exclus de la société française : qui pourrait se réjouir de cela ? », déclare à l'AFP Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

« Aujourd'hui, tout est fait pour encourager l'avortement, il n'y a pas de politique qui dissuade réellement », estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

Si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s'alarment toutefois d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de la part de ses opposants.

Outre l'opposition à l'IVG, les organisateurs de la « marche pour la vie » réclament, comme l'an dernier, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'entendre battre le cœur du fœtus, ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent également à « encourager l’accouchement sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et protéger la clause de conscience spécifique ».

Autre sujet également à l'ordre du jour de la manifestation : le rejet de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, ainsi que l'appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous ».

« Pour nous, l'interdit de tuer doit rester un fondement de notre société », insiste Nicolas Tardy-Joubert.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, mais uniquement dans des situations strictement définies et en évitant d'employer ces termes, le gouvernement préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas abordé ce sujet sensible, ni le délai d'examen ni le fond, en renvoyant le texte « au pouvoir d'initiative » du Parlement.


Présidentielle : l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin laisse entrevoir ses ambitions

Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
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  • l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».
  • « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. » temporise-t-il

PARIS : Dans un entretien à Mediapart mis en ligne samedi, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».

« Nous sommes confrontés à un choc historique qui a très peu de précédents », déclare l'ex-ministre des Affaires étrangères, interrogé sur le rôle qu'il compte jouer lors de la prochaine présidentielle. « Ce combat, je ne peux pas ne pas y participer. Je ne peux pas ne pas être aux avant-postes. »

Toutefois, « l'enjeu n'est pas de savoir si vous finirez par être candidat à une élection », temporise-t-il. « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. »

Dominique de Villepin, âgé de 71 ans, fait régulièrement entendre sa voix sur l’actualité internationale, comme la guerre au Proche-Orient ou la chute de Bachar al-Assad, mais aussi sur l'instabilité politique en France depuis la dissolution.


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
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  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.