JERUSALEM: Le chef de la petite formation islamiste Raam, dont l'appui pourrait être crucial pour la formation d'un gouvernement en Israël, a appelé jeudi à une nouvelle "réalité" dans la culture de division du pays, sans apporter son soutien à Benjamin Netanyahu ni au camp rival.
"Il est temps de créer une réalité différente pour tous les citoyens de ce pays", a affirmé Mansour Abbas, dans une déclaration en hébreu depuis la ville arabe de Nazareth (nord d'Israël).
La retransmission de ses propos en direct à une heure de grande écoute par plusieurs chaînes israéliennes illustre l'importance de sa décision de participer ou non à une coalition gouvernementale --après les quatrièmes élections législatives en moins de deux ans le 23 mars-- et, le cas échéant, le camp de son choix.
"Je ne veux pas faire partie d'un bloc de droite ou de gauche", a-t-il affirmé. "Je suis dans un bloc différent, le bloc qui m'a élu pour servir mon peuple et qui m'a donné mandat pour que les requêtes des Arabes --qui depuis des années n'étaient que des requêtes-- deviennent un réel programme de travail", a-t-il ajouté.
Après le scrutin, M. Abbas s'est dit ouvert à des négociations avec le camp du Premier ministre Benjamin Netanyahu ainsi qu'avec celui composé des partis souhaitant le chasser du pouvoir mais ayant des idéologies parfois aux antipodes les uns des autres.
Il a cité jeudi des passages du Coran et s'est qualifié de "fier arabe et musulman", des remarques sans précédent pour le chef d'un parti considéré comme le "faiseur de roi" dans la politique israélienne.
Le parti Raam a remporté quatre sièges à la Knesset le 23 mars.
Aucun parti arabe n'a jamais participé à une coalition gouvernementale dans l'Etat hébreu et il faut remonter aux années 1990 pour qu'un parti arabe apporte son soutien à une telle coalition.
M. Abbas, 46 ans, a fait référence jeudi à ses thèmes de campagne, à savoir la criminalité, la pénurie alimentaire et les problèmes de logement dont souffre la minorité arabe d'Israël (20% de la population).
Le président israélien Reuven Rivlin a indiqué lundi qu'il chargerait d'ici le 7 avril un candidat de former le prochain gouvernement. Il compte auparavant rencontrer à partir du 5 avril les chefs de partis pour déterminer qui aura le plus de chance de pouvoir former une coalition.