Ankara en colère suite à des critiques de Biden contre Erdogan

L’ancien vice-président Joe Biden à l'écoute du président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'une conférence de presse à Ankara, le 24 Août 2016. (Kayhan Ozer /AFP)
L’ancien vice-président Joe Biden à l'écoute du président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'une conférence de presse à Ankara, le 24 Août 2016. (Kayhan Ozer /AFP)
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Publié le Lundi 17 août 2020

Ankara en colère suite à des critiques de Biden contre Erdogan

  • Le candidat démocrate qualifiait M. Erdogan d’« autocrate », dénonçait sa politique envers les Kurdes et préconisait de soutenir l'opposition
  • Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a estimé que les déclarations de M. Biden sonnaient comme un aveu de l'implication de Washington dans un putsch manqué contre M. Erdogan le 15 juillet 2016, date où M. Biden était vice-présiden

ANKARA : La Turquie a exprimé sa colère dimanche après la publication d'une vidéo virale dans laquelle le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden critique le président Recep Tayyip Erdogan et appelle à soutenir ses opposants.

Des propos qui datent

M. Biden a tenu ces propos lors d'un entretien filmé avec le New York Times en décembre, mais la vidéo le montrant en train de critiquer le gouvernement turc a refait surface samedi, embrasant les réseaux sociaux. Interrogé au sujet de la Turquie, le candidat démocrate qualifiait M. Erdogan d’« autocrate », dénonçait sa politique envers les Kurdes et préconisait de soutenir l'opposition.

« Nous devrions avoir une approche très différente avec lui, faire comprendre clairement que nous soutenons les leaders de l'opposition », déclarait notamment M. Biden. Il faut, expliquait-il, « enhardir » les rivaux du dirigeant turc « pour qu'ils puissent affronter et vaincre Erdogan. Pas par un coup d'Etat, pas par un coup d'Etat, mais par le processus électoral ».

Si l'interview de M. Biden au New York Times n'avait pas suscité de réaction notable après sa publication en janvier en format écrit, la vidéo a provoqué un tollé en Turquie, où le gouvernement a vivement réagi.  « L'analyse de la Turquie par Joe Biden est basée sur une ignorance pure, de l'arrogance et de l'hypocrisie », a ainsi dénoncé dimanche le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin. « Les jours où la Turquie était menée à la baguette sont révolus. Mais si vous pensez pouvoir y arriver, tentez votre chance. Vous en paierez le prix », a-t-il ajouté sur Twitter.

Un appel au respect de la souveraineté Turque

Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a par ailleurs estimé que les déclarations de M. Biden sonnaient comme un aveu de l'implication de Washington dans un putsch manqué contre M. Erdogan le 15 juillet 2016, date où M. Biden était vice-président.

Des responsables turcs accusent souvent, plus ou moins ouvertement, les Etats-Unis d'avoir soutenu le putsch manqué, ce que Washington dément catégoriquement.

Les déclarations de M. Biden ont par ailleurs plongé dans l'embarras l'opposition à M. Erdogan, qui accuse régulièrement ses rivaux d'être à la solde de puissances étrangères.

Plusieurs responsables du principal parti d'opposition, le CHP (social-démocrate), ont d'ailleurs rapidement pris leurs distances, appelant à « respecter la souveraineté de la Turquie ».

Les critiques de M. Biden présagent aussi une possible dégradation des relations entre Ankara et Washington, déjà difficiles, s'il parvient à défaire Donald Trump à la prochaine élection présidentielle américaine, en novembre.

M. Erdogan, qui s'est efforcé ces dernières années de cultiver une relation personnelle avec M. Trump, s'en prend souvent à son prédécesseur, Barack Obama. Les rapports entre Ankara et Washington s'étaient tendus sous le deuxième mandat de M. Obama (2012-2016), en raison notamment de désaccords sur la Syrie et des atteintes croissantes aux libertés en Turquie.

 

 


Trois civils tués dans des frappes israéliennes à Damas, selon un média d'État syrien

Dans le quartier de Mezzeh, où sont situés des bâtiments de la sécurité syrienne et des ambassades, un correspondant de l'AFP a vu deux minibus réduits en cendres. (AFP)
Dans le quartier de Mezzeh, où sont situés des bâtiments de la sécurité syrienne et des ambassades, un correspondant de l'AFP a vu deux minibus réduits en cendres. (AFP)
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  • «L'ennemi israélien a lancé une agression aérienne avec des avions de guerre et des drones depuis le Golan syrien occupé, visant plusieurs lieux de Damas», a déclaré l'agence de presse officielle Sana
  • «Trois civils ont été tués et neuf autres blessés», a ajouté l'agence qui a fait état d'importants dégâts matériels

DAMAS: Trois civils ont été tués et neuf autres ont été blessés dans des frappes israéliennes qui ont visé Damas mardi à l'aube, a indiqué un média officiel syrien.

"L'ennemi israélien a lancé une agression aérienne avec des avions de guerre et des drones depuis le Golan syrien occupé, visant plusieurs lieux de Damas", a déclaré l'agence de presse officielle Sana.

"Trois civils ont été tués et neuf autres blessés", a ajouté l'agence qui a fait état d'importants dégâts matériels.

Dans le quartier de Mezzeh, où sont situés des bâtiments de la sécurité syrienne et des ambassades, un correspondant de l'AFP a vu deux minibus réduits en cendres.

"Nous avons entendu une violente explosion, j'ai été projeté hors de mon lit sur le sol, et quelques secondes plus tard nous avons entendu des gens pleurer et crier", a raconté un habitant d'un immeuble touché, se présentant comme Abou Mohammad.

"Depuis notre balcon nous avons vu du feu partout", a ajouté cet homme de 57 ans.

"Nous avons trouvé une femme morte au premier étage avec ses enfants en pleurs à ses côtés mais nous ne pouvions plus rien faire pour elle", a-t-il dit.

Une journaliste figure parmi les tués, selon la télévision d'Etat qui a déclaré "pleurer la mort de la présentatrice Safaa Ahmad, martyre de l'agression israélienne contre la capitale Damas".

Des correspondants de l'AFP ont dit avoir entendu de lourdes explosions à quatre reprises.

Depuis que la guerre civile a éclaté en 2011 en Syrie, Israël a conduit des centaines de raids sur le pays, visant des positions de l'armée syrienne et du Hezbollah pro-iranien, allié du président syrien Bachar al-Assad.

Les autorités israéliennes commentent rarement ces frappes mais ont déclaré à plusieurs reprises qu'elles ne permettraient pas à l'Iran, son ennemi juré, d'étendre sa présence en Syrie.

Les frappes ont augmenté ces derniers jours, notamment à la frontière entre le Liban et la Syrie, où des dizaines de milliers de personnes fuyant les bombardements israéliens au Liban sont passées en Syrie.


Un navire touché par un drone au large du Yémen

Elle s'est produite à 64 miles nautiques au nord ouest de Hodeïda, une ville contrôlée par les rebelles Houthis et visée dimanche par des frappes israéliennes. (AFP)
Elle s'est produite à 64 miles nautiques au nord ouest de Hodeïda, une ville contrôlée par les rebelles Houthis et visée dimanche par des frappes israéliennes. (AFP)
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  • L'UKMTO avait signalé plus tôt quatre explosions à proximité de ce même navire
  • Elle s'est produite à 64 miles nautiques au nord ouest de Hodeïda, une ville contrôlée par les rebelles Houthis et visée dimanche par des frappes israéliennes

DUBAI: Un navire a été touché mardi par un drone au large du Yémen, où les rebelles houthis mènent depuis des mois des attaques contre la marine marchande, a indiqué l'agence de sécurité maritime britannique (UKMTO).

"Un navire a été touché par un drone. Le ballast bâbord numéro 6 a été perforé", a-t-elle rapporté.

L'UKMTO avait signalé plus tôt quatre explosions à proximité de ce même navire.

L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.

Elle s'est produite à 64 miles nautiques au nord ouest de Hodeïda, une ville contrôlée par les rebelles Houthis et visée dimanche par des frappes israéliennes.

Les bombardements, qui ont notamment touché le port de la ville et une centrale électrique, ont fait cinq morts et 57 blessés selon les Houthis.

Ces insurgés soutenus par l'Iran ont revendiqué plusieurs tirs de missiles contre Israël depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils s'en prennent également aux navires qu'ils estiment liés à Israël en mer Rouge et dans le Golfe d'Aden.

Ces attaques de missiles et de drones ont perturbé le trafic dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial, ce qui a conduit les Etats-Unis à mettre en place une coalition maritime internationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l'aide du Royaume-Uni.


L'OMS se prépare au « scénario du pire» au Liban, affirme sa directrice régionale à Arab News

L'agence a organisé des «centaines» de sessions de formation – y compris des formations sur les pertes massives, la formation du personnel de santé et la formation EMT – au Liban et dans d'autres États membres de l'OMS dans la région. (AFP)
L'agence a organisé des «centaines» de sessions de formation – y compris des formations sur les pertes massives, la formation du personnel de santé et la formation EMT – au Liban et dans d'autres États membres de l'OMS dans la région. (AFP)
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  • La Dr Balkhy se dit préoccupée par les récentes explosions de bipeurs et de talkies-walkies survenues au Liban
  • Les explosions des engins ont provoqué «des blessures très graves au visage et aux mains», a déclaré la Dr Balkhy

 

NEW YORK: L'escalade du conflit entre Israël et le Hezbollah est une «grave préoccupation» pour l'Organisation mondiale de la santé et l'agence déploie des efforts considérables pour s'assurer que les pays de la région sont «prêts à faire face au pire scénario en matière de préparation sanitaire», a déclaré la directrice régionale de l'OMS, dans un entretien accordé à Arab News.

La Dr Hanan Balkhy, médecin saoudienne nommée directrice pour la Méditerranée orientale en janvier de cette année après une brillante carrière médicale, a tenu ces propos alors qu'elle se trouvait à New York la semaine dernière pour rallier des soutiens en faveur d'initiatives essentielles de santé publique.

«En ce qui concerne la préparation sanitaire, nous avons pu, au cours des derniers mois, mettre en place des kits d'urgence au Liban et dans quelques autres pays voisins afin d'assurer au moins la disponibilité de certains produits qui seraient nécessaires au cas où l'escalade atteindrait un niveau très élevé», a-t-elle déclaré à Arab News.

«Nous travaillons en étroite collaboration avec les ministres de la Santé, au sein des ministères eux-mêmes, et nous nous assurons que nous pouvons former les gens à certaines compétences que nous savons indispensables.»

L'agence a organisé des «centaines» de sessions de formation – y compris des formations sur les pertes massives, la formation du personnel de santé et la formation EMT – au Liban et dans d'autres États membres de l'OMS dans la région.

Certains de ces pays ont déjà été confrontés à une pression importante sur leurs systèmes de santé en raison de la guerre d'Israël à Gaza, a déclaré la Dr Balkhy.

«Les États membres qui entourent les territoires palestiniens occupés subissent une forte pression pour recevoir les patients (palestiniens) et les soigner, mais il y a maintenant une véritable escalade de la guerre dans le sud du Liban.»

«C'est pourquoi nous essayons de rassembler au moins les éléments de base nécessaires pour faire face au pire des scénarios.»

La Dr Balkhy se dit préoccupée par les récentes explosions de bipeurs et de talkies-walkies survenues au Liban.

Les 17 et 18 septembre 2024, des milliers de bipeurs et des centaines de talkies-walkies destinés aux agents du Hezbollah ont explosé simultanément au Liban et en Syrie lors d'une attaque israélienne, tuant des dizaines de personnes, dont deux enfants, et en blessant des milliers d'autres.

La plupart des morts seraient des combattants, d'après les avis de décès publiés en ligne par le Hezbollah, un mouvement chiite soutenu par l'Iran.

Le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Turk, a demandé une «enquête indépendante, approfondie et transparente» sur l'explosion massive, ajoutant que «le fait de viser simultanément des milliers de personnes, qu'il s'agisse de civils ou de membres de groupes armés, sans savoir qui était en possession des appareils visés, ni où ils se trouvaient et dans quel environnement au moment de l'attaque, constitue une violation du droit international relatif aux droits de l'homme et, dans la mesure où il est applicable, du droit international humanitaire».

Les explosions des engins ont provoqué «des blessures très graves au visage et aux mains», a déclaré la Dr Balkhy.

Les médecins libanais affirment qu'ils n'ont jamais vu ce genre de mutilations causées par les explosions de bipeurs. Décrivant certaines des blessures comme «horribles», ils ont déclaré que les blessures allaient de la perforation du visage à l'amputation des mains, en passant par la rupture du globe oculaire, les blessures abdominales, la rupture des os et les fractures de la mâchoire.

«Nous cherchons à trouver des experts qui pourraient nous aider à identifier les meilleures méthodes de traitement et à soutenir le ministère libanais de la Santé», a déclaré la Dr Balkhy, mettant en avant «l'empathie» entre les États membres et «un fort sentiment de solidarité».

La Dr Balkhy supervise également les opérations de l'OMS à Gaza, où le système de santé est «complètement paralysé» selon les Nations unies.

«Aucun des établissements de santé ne fonctionne pleinement», a déclaré la Dr Balkhy, qui a pu constater la dure réalité de la situation lors d'une visite à Gaza et en Cisjordanie en juillet.

Plus de 500 professionnels de la santé ont été tués par les frappes aériennes israéliennes depuis le début de la guerre en octobre de l'année dernière, et sur les 36 hôpitaux, 17 ne fonctionnent que partiellement. Les soins de santé primaires et les services de proximité sont fréquemment suspendus dans l'enclave meurtrie, en raison de l'insécurité, des attaques et des ordres d'évacuation répétés.

Plus de 22 500 Palestiniens ont été blessés depuis qu'Israël a lancé sa campagne militaire en représailles à une attaque menée par le Hamas contre le sud d'Israël le 7 octobre, au cours de laquelle des militants ont abattu des civils et enlevé des personnes dans des villes, le long d'autoroutes et lors d'un festival de musique techno.

Le personnel médical opérant à Gaza subit «une pression et un stress considérables», a déclaré la Dr Balkhy, les chirurgiens étant contraints d'opérer dans des installations de plus en plus improvisées, souvent sans accès à l'équipement médical de base.

«Les établissements de santé ne sont pas de simples bâtiments. Il y a des bâtiments, des médicaments, des instruments et des produits de base, mais aussi le personnel de santé.»

«Il n'y a pas une seule personne (à Gaza) qui n'ait pas été confrontée à la nécessité de se déplacer d'un endroit à un autre.»

«Beaucoup d'entre eux ont déménagé plusieurs fois, mais aussi à cause des décès et des pertes au sein de leur famille.»

Pourtant, le personnel de santé «continue à fonctionner et à fournir des soins lorsque c'est nécessaire», a ajouté la Dr Balkhy.