TUNIS: Des ONG ont dénoncé jeudi un "laxisme" de Tunis et de Rome, qui n'ont toujours pas assuré le retour en Italie des centaines de conteneurs de déchets importés illégalement de ce pays par une entreprise tunisienne, en dépit de l'expiration de délais légaux.
Ces déchets ménagers, dont l'exportation est interdite par la législation tunisienne et par les conventions internationales, sont toujours au port de Sousse (est) depuis l'été de 2020, ont indiqué des sources concordantes à l'AFP.
Pourtant, les autorités de la province italienne de Campanie ont sommé la société italienne exportatrice de récupérer ses conteneurs dans un délai de 90 jours à compter du 9 décembre 2020, a indiqué Jabeur Ghnimi, porte-parole du tribunal de première instance de Sousse, chargé de l'affaire.
Selon cette source, vingt-six personnes sont désormais poursuivies dans cette affaire de corruption, y compris des cadres de la douane ou l'ancien ministre de l'Environnement Mustapha Aroui. Huit sont en prison, et un en fuite: le gérant de la société importatrice.
"Il n'y a pas de détermination des autorités tunisiennes ni italiennes pour le retour de ces déchets, a déclaré à l'AFP, Hamdi Chebâane, expert en valorisation des déchets et membre d'une coalition d'associations, "Tunisie Verte", déplorant un "laxisme inadmissible".
Plusieurs autres ONG dont Greenpeace ont réclamé ce mois-ci un retour des déchets, et selon M. Chebâane un rassemblement est prévu dimanche devant le port de Sousse.
De son côté, Tunis a assuré faire de son mieux pour régler l'affaire à l'"amiable".
"Les autorités tunisiennes déploient beaucoup d'efforts diplomatiques pour trouver une solution à l'aimable avec les autorités italiennes pour la récupération de ces déchets dans les plus brefs délais", a indiqué à l'AFP Ali Abbes, chargé de contentieux de l'Etat tunisien.
Selon lui, "c'est la société exportatrice italienne qui traine par des recours" en justice, mais "les autorités italiennes doivent assumer" leurs responsabilités, a-t-il ajouté.
Cette affaire qui a fait scandale en Tunisie, illustre les ramifications du commerce illégal des déchets, qui augmente face au durcissement des normes européennes.
Un phénomène d'autant plus préoccupant que les infrastructures tunisiennes ne permettent pas au pays de traiter ses propres déchets.