DUBAÏ/LONDRES: Les chaînes de télévision d’Ankara affiliées aux Frères musulmans ont reçu l'ordre de cesser de diffuser des émissions critiques à l’égard de l'Égypte. Des sanctions seront appliquées à l'encontre de celles qui contreviendraient à cet ordre, a rapporté la chaîne Al-Arabiya TV, citant des sources bien informées.
Cette décision est intervenue à la suite de déclarations faites par la Turquie, visant à apaiser les tensions avec l'Égypte après huit ans de différends entre les deux pays.
Le ministre égyptien de l’Information, Osama Heikal, s’est félicité de cette décision, la qualifiant de «bonne initiative». Il a déclaré que cela «créait une atmosphère appropriée pour discuter des questions controversées».
Il a également rappelé que la position de l’Égypte était constante et qu’elle s’efforçait de «développer des relations avec tout le monde en fonction d’intérêts communs».
Le conflit entre Ankara et Le Caire a commencé après que l'armée égyptienne a évincé le président des Frères musulmans, Mohammed Morsi, qui était un allié du président turc, Recep Tayyip Erdogan.
L'Égypte avait qualifié l’organisation d’«extrémiste», poussant de nombreux membres des Frères musulmans et leurs partisans à fuir en Turquie, après que leurs activités ont été interdites dans le pays.
Les relations d’Ankara avec le pays se sont détériorées à la suite de l’élection du président Abdel Fattah al-Sissi à la présidence de la République en 2013.
Des sources bien informées ont assuré à Al Arabiya qu'Ankara avait ordonné à El-Sharq TV – une chaîne favorable aux Frères musulmans – basée en Turquie (à ne pas confondre avec Asharq News Channel qui fait partie de SRMG, basée à Dubaï) ainsi qu’aux chaînes Watan TV et Mekameleen, d’arrêter immédiatement la diffusion d'émissions politiques critiques à l'égard de l'Égypte.
El-Sharq TV a posté le tweet suivant: «À nos chers abonnés, veuillez nous excuser de ne pas avoir diffusé l'épisode Les rues d'Égypte ce soir.»
Middle East Eye, site web basé à Londres, proche des Frères musulmans et soutenu par le Qatar, s’est également fait l’écho de la nouvelle, confirmant l’information.
Au début du mois de mars, la Turquie s’était déclarée prête à normaliser ses relations avec l’Égypte et les pays du Golfe, à la suite de différends concernant le soutien d’Ankara à des gouvernements extrémistes.
«Un nouveau chapitre peut être ouvert, et une nouvelle page peut être tournée dans nos relations avec l'Égypte ainsi qu'avec d'autres pays du Golfe pour aider à la paix et à la stabilité régionales», a déclaré à Bloomberg le porte-parole du président turc, Ibrahim Kalin.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a par ailleurs nié les allégations du gouvernement turc selon lesquelles il y aurait eu une reprise et un rétablissement des relations avec Le Caire et les États du Golfe. «Il n’y a pas eu de reprise des contacts diplomatiques», ont affirmé plusieurs médias égyptiens et arabes, citant un responsable anonyme.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com