Le «négociateur»: comment le neveu de Sadate fait libérer les détenus d'Egypte

Depuis son poste d'observateur dans des cercles autorisés, M. Sadate écarte la possibilité que les rares avancées sur les droits humains dans son pays résultent de pressions extérieures. (AFP)
Depuis son poste d'observateur dans des cercles autorisés, M. Sadate écarte la possibilité que les rares avancées sur les droits humains dans son pays résultent de pressions extérieures. (AFP)
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Publié le Dimanche 17 octobre 2021

Le «négociateur»: comment le neveu de Sadate fait libérer les détenus d'Egypte

  • M. Sadate, lui, ne s'intéresse pas au passé de ceux qu'il défend: l'essentiel est qu'ils sortent, dit-il, défendant son pragmatisme
  • Ces libérations ont fait espérer une nouvelle ère pour la présidence d'Abdel Fattah al-Sissi, ancien maréchal plaidant pour davantage de droits économiques et sociaux plutôt que politiques

LE CAIRE: Pour les défenseurs des droits humains, les prisonniers politiques d'Egypte sont des "otages". Un homme s'est juré de les sortir de leurs cellules: le neveu du président assassiné Sadate, le seul à arracher des libérations à un Etat qui s'est raidi sur les libertés.


Mohamed el-Sadate, fringant député de 66 ans aux yeux noisette, n'est pas un opposant. Il se décrit plutôt comme un "négociateur de bonne foi", un "messager" faisant le pont entre une société civile fragmentée à force d'arrestations et d'exil et un régime établi à la faveur de la répression. Des islamistes d'abord, avec le renversement du président Mohamed Morsi en 2013, puis des libéraux.


"Je ne suis pas seul à dialoguer avec l'Etat, beaucoup de gens sont en lien étroit avec les institutions, mais récemment nous sommes parvenus à trouver les mots pour être entendus", affirme-t-il à l'AFP dans son bureau d'un faubourg cossu du Caire.


Entendus au point que "les cas de certains ont été réexaminés", assure modestement le parlementaire. Durant le seul mois de juillet, 46 militants -- dont certains très en vue comme l'avocate Mahienour el-Masry -- ont été relâchés.

«Travail en coulisses»
Ces libérations ont fait espérer une nouvelle ère pour la présidence d'Abdel Fattah al-Sissi, ancien maréchal plaidant pour davantage de droits économiques et sociaux plutôt que politiques. 


Mais, s'empressent d'ajouter les militants des droits humains, le pays compte toujours 60.000 prisonniers d'opinion parmi lesquels des chercheurs, des journalistes, des avocats, des militants, des comédiens et même d'ex-candidats à la présidence.


M. Sadate, lui, ne s'intéresse pas au passé de ceux qu'il défend: l'essentiel est qu'ils sortent, dit-il, défendant son pragmatisme. 


"Il y a énormément de travail en coulisses avec les agences de sécurité qui réexaminent les cas que nous présentons pour des raisons humanitaires ou juridiques", explique l'homme devant un cliché de son oncle Anouar el-Sadate, Prix Nobel de la paix pour avoir été le premier dirigeant arabe à reconnaître Israël en 1979.


Depuis son poste d'observateur dans des cercles autorisés, M. Sadate écarte la possibilité que les rares avancées sur les droits humains dans son pays résultent de pressions extérieures. 


M. Sissi a longtemps eu les mains libres, l'ex-président américain Donald Trump ne cessant de répéter qu'il faisait "un job formidable" dans un Moyen-Orient déchiré par les conflits. Mais en campagne, le successeur à la Maison Blanche Joe Biden avait promis de ne plus lui donner de "blanc-seing" sur les droits humains.


Depuis, Le Caire a retrouvé un rôle clé dans la région en contribuant à mettre fin en mai à la guerre à Gaza, et M. Biden a adopté un ton plus conciliant. 


Seuls 10% de l'aide militaire de Washington à l'Egypte (environ 1,1 milliard d'euros au total) sont conditionnés à l'adoption de mesures en faveur des libertés.

La fin, pas les moyens 
Début octobre, M. Sadate emmenait à Washington une délégation de députés et de personnalités médiatiques égyptiennes. Une "opération de charme", assure un participant parmi les diplomates américains, chercheurs et politiciens ou militants égyptiens.


"Sadate n'est pas le vrai patron, il est un sage, une autorité morale de l'Etat", résume à l'AFP ce participant qui requiert qu'on taise son identité. "Peut-être que Sissi veut venir à Washington et que c'est un des moyens d'obtenir son carton d'invitation", suggère-t-il.


Mais pour M. Sadate, qui a un temps pensé à se présenter contre M. Sissi à la présidentielle de 2018, peu importe la méthode, seul compte l'objectif: sortir de prison ces jeunes et moins jeunes qui subissent la détention préventive sans fin, les procès à rallonge, l'isolement ou encore des semaines sans voir leur famille.


Le processus est toujours le même. Il présente un dossier puis "des responsables de la justice nous disent que des détenus vont être libérés après révision de leur cas et ensuite nous prévenons leurs familles", explique-t-il à l'AFP: "Voilà en résumé, ce qu'on fait".


C'est un homme "foncièrement sympathique", affirme un ex-détenu à propos de M. Sadate. Il "est votre homme si vous avez une affaire de droits humains", poursuit celui qui est désormais libre mais interdit de quitter le territoire. Mais "entre les services de sécurité et les militants de la société civile, il avance sur un fil ténu".


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".