Les attaques de missiles russes en Syrie défient le cessez-le-feu avec la Turquie

Un camion-citerne détruit qui a explosé à proximité d'un convoi militaire turc près de la ville d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, tenue par les rebelles, le 15 mars 2021 (Photo, AFP)
Un camion-citerne détruit qui a explosé à proximité d'un convoi militaire turc près de la ville d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, tenue par les rebelles, le 15 mars 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 17 mars 2021

Les attaques de missiles russes en Syrie défient le cessez-le-feu avec la Turquie

  •  Certains experts estiment que la Russie cherche à consolider ses intérêts géopolitiques dans la région, tout en mettant en garde Ankara contre tout rapprochement potentiel avec les États-Unis
  • «La Russie souhaite constamment tester la position de la Turquie en termes de force, mais pas pendant cette période»

ANKARA: Les frappes de missiles balistiques russes dans le nord de la Syrie lundi au mépris du cessez-le-feu avec la Turquie en mars 2020 pourraient avoir des répercussions plus larges, selon les experts. 

L'attaque russe depuis la base de Kweyris à Alep, contrôlée par le régime, visait des raffineries de pétrole sous contrôle turc dans le nord-ouest de la Syrie. C’est la deuxième attaque de ce genre en neuf jours. 

Alors que la Syrie est plongée dans une guerre civile depuis bientôt une décennie, cette région est considérée comme vitale pour l'approvisionnement en pétrole des ménages, des agriculteurs, des boulangeries et d'autres entreprises. 

Les raffineries assurent le raffinage près de 40 % du pétrole brut provenant de la région contrôlée par les forces kurdes syriennes des Unités de protection du peuple (YPG). Ce dernier est principalement utilisé pour les générateurs, le chauffage ou le fonctionnement des machines.  

Ankara a immédiatement envoyé une notification à la Fédération de Russie pour qu'elle cesse ses tirs et a mis en alerte ses troupes dans la région. 

Certains experts estiment que la Russie cherche à consolider ses intérêts géopolitiques dans la région, tout en mettant en garde Ankara contre tout rapprochement potentiel avec les États-Unis.  

Les attaques pourraient cependant inciter Ankara à rechercher des alliés en cas d’impasse avec la Russie. 

«L'administration Biden doit tenir ses promesses et travailler avec nous pour mettre fin à la tragédie en Syrie et protéger la démocratie», a déclaré hier le président turc, Recep Tayyip Erdogan. 

Emre Ersen, un expert des relations russo-turques à l'université de Marmara d’Istanbul, déclare que ce dernier incident montre une fois de plus la fragilité de l'équilibre géopolitique en Syrie, car il n'est intervenu que quelques jours après la réunion tenue entre les ministres des Affaires étrangères de la Turquie, de la Russie et du Qatar concernant la solution de la crise syrienne. 

Le 11 mars, les trois pays ont initié un nouveau processus de consultation trilatérale pour contribuer à une solution politique durable en Syrie. 

«Cela a également rappelé à tout le monde que malgré le développement d'une relation privilégiée entre Ankara et Moscou au cours des dernières années, leurs divergences concernant la solution des conflits régionaux pourraient facilement déclencher une nouvelle crise dans les relations bilatérales», poursuit Emre Ersen. 

Selon cet expert, de telles tensions pourraient également affecter l’issue des négociations sur les avions russes Su-35, même si la Turquie a jusqu'à présent cherché à compartimenter ces questions dans ses relations avec la Russie. 

«Les deux pays ont encore besoin l'un de l'autre pour réaliser leurs objectifs en Syrie. C'est pourquoi le prétendu «mariage de complaisance» turco-russe en Syrie va être maintenu au moins à court terme», déclare-t-il. 

Navvar Saban, du Centre d'études stratégiques d’Omran basé à Istanbul, déclare que la Russie et la Turquie ont toujours des fronts communs à Idlib, dans le Bouclier de l'Euphrate et dans l'est de la Syrie, et que chaque front a ses propres caractéristiques et objectifs. 

Il pense que la dernière attaque russe vise à tester la volonté de la partie turque d’avancer en ciblant ces raffineries. 

«C'est un message direct pour démontrer sa capacité à viser des cibles stratégiques et pour évaluer la réponse turque», affirme-t-il. «C'est un accord fragile sur différents fronts. Les Russes ont le dessus pour le moment et la Turquie doit envoyer un message clair et direct pour maintenir l'équilibre des forces.» 

«La Russie veut que la Turquie assure la sécurité de l'autoroute M4 et élimine les groupes extrémistes dans cette région. Sur le front oriental, la Russie veut un accord de cessez-le-feu pour empêcher la Turquie d'avancer davantage dans ce secteur», ajoute Navvar Saban. 

Les experts ne s’accordent toutefois pas sur le fait que Damas puisse entreprendre une action militaire contre la Turquie indépendamment de la Russie. 

Anton Mardasov, chercheur non résident au programme Syrie du Middle East Institute, ne pense pas que la nouvelle attaque de missiles soit liée à un quelconque avertissement de la part de la Russie. 

«Les dernières frappes de missiles étaient une initiative indépendante de Damas», affirme-t-il. «Les observateurs extérieurs exagèrent grossièrement l’influence de la Russie sur l’armée syrienne.» 

Selon Anton Mardasov, Moscou n’a pas d’intérêt à un nouveau scandale sur la Syrie. 

«L'essentiel pour Moscou est de se débarrasser de son fardeau économique, elle préfère donc agir discrètement», déclare-t-il. «Damas a un intérêt dans les relations publiques avant les élections et à un nouveau scandale pour entraîner la Russie dans la reconstruction.» 

«La Russie souhaite constamment tester la position de la Turquie en termes de force, mais pas pendant cette période.» 

 Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
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  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).