DAMAS: Le gouvernement syrien a annoncé une hausse de plus de 50% du prix de l'essence sur fond de fortes pénuries de carburants ayant provoqué d'interminables files d'attente devant les stations-services dans ce pays en proie à un effondrement économique.
Ce n'est pas la première fois que les autorités augmentent le prix de l'essence, au moment où la monnaie nationale continue de dépasser de nouveaux seuils, atteignant désormais 4 200 livres pour un dollar au marché noir, contre un taux officiel de 1 256 livre pour un dollar.
Le pays en guerre depuis une décennie, déjà embourbé dans une crise économique sévère imputée par le pouvoir aux sanctions occidentales, subit aussi les retombées de la pandémie et l'effondrement économique au Liban voisin, longtemps son poumon financier.
La hausse des prix des carburants a été annoncée lundi soir sur la page Facebook du ministère du Commerce.
Autrefois vendu à 475 livres, un litre d'essence subventionné sans plomb 90 octanes vaut désormais 750 livres syriennes, soit une augmentation d'environ 58%.
Quant au prix de l'essence non subventionné, il a bondi de 54%, passant de 1.300 livres à 2 000 livres le litre.
Le prix de la bombonne de gaz domestique passe à 3 850 livres syriennes, contre 2 700 livres (+43%).
Depuis le début de la guerre en 2011, le secteur pétrolier et gazier en Syrie a subi d'importantes pertes estimées à 91,5 milliards de dollars.
Citant les « retards en approvisionnement des dérivés pétroliers », provoqués par les « sanctions et le blocus américains », le ministère du Pétrole a récemment annoncé son intention de « réduire de 15% les quantités d'essence distribuées aux gouvernorats et de 20% les quantités de diesel ».
La hausse des prix des dérivés pétroliers risque d'aggraver une situation socio-économique déjà précaire.
La majorité des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU. Les prix ont doublé au cours de l'année écoulée et 12,4 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).
« Nous allons certainement devoir augmenter les prix de nos produits pour couvrir la hausse du prix de l'essence », explique Rani, un grossiste qui dit craindre un nouveau cycle d'inflation dans le pays.