MONTAUBAN: Le président Emmanuel Macron a retrouvé lundi à Montauban Pedro Sanchez pour un sommet franco-espagnol consacré à la signature d'un accord sur la reconnaissance de la double-nationalité, mais aussi à la crise de la Covid.
Ce 26e sommet entre les deux voisins pyrénéens, qui a débuté en fin de matinée, est le premier depuis février 2017 et du quinquennat d'Emmanuel Macron, qui s'entretient cependant très régulièrement avec le chef du gouvernement espagnol, arrivé au pouvoir en juin 2018.
« Forts de notre identité européenne et de notre histoire, nous allons faire de ce sommet une étape importante de la relation entre nos pays. Nous le devons aux 150 000 Français qui vivent en Espagne et aux 190 000 Espagnols en France », a déclaré le chef de l'Etat dans un tweet publié au début du sommet.
Si MM. Macron et Sanchez se voient en face à face, ce n'est pas le cas des 26 ministres qui, crise sanitaire oblige, participent au sommet à distance et échangent donc avec leurs homologues en visioconférence depuis Paris et Madrid.
Les deux dirigeants devaient s'entretenir des grands dossiers bilatéraux et d'actualité à l'approche du sommet européen des 25 et 26 mars. En particulier de la crise de la Covid-19, alors qu'Emmanuel Macron doit faire face à des décisions difficiles, notamment sur un éventuel reconfinement en Ile-de-France.
Pedro Sanchez devrait aborder la question du passeport vaccinal européen, sur lequel compte Madrid pour relancer le tourisme dès que possible, a indiqué le gouvernement espagnol.
Les échanges portent également sur la lutte contre l'immigration clandestine et le terrorisme, en particulier par la réforme de l'espace Schengen, que soutiennent Madrid comme Paris.
C'est d'ailleurs à la frontière espagnole, au col de Perthus, qu'Emmanuel Macron avait appelé le 5 novembre 2020 à une refondation « en profondeur » des règles régissant l'espace Schengen et à « un plus grand contrôle » des frontières.
Madrid veut aussi aborder le problème des nombreuses routes secondaires entre les deux pays fermées par les autorités françaises dans les Pyrénées.
Binalitionalité reconnue
L'« initiative majeure » du sommet doit être la signature d'un accord sur la reconnaissance de la double-nationalité, susceptible de concerner plusieurs dizaines de milliers de personnes au regard des liens historiques étroits entre les deux pays.
Soumise à des critères, l'obtention du statut de binational présente plusieurs avantages: démarches administratives simplifiées, possession de deux passeports, ouverture à des examens d'entrée dans la fonction publique, voire possibilité de voter lors d'élections nationales.
Le sommet doit être l'occasion de signer plusieurs accords bilatéraux, notamment sur l'enseignement secondaire, et de discuter de l'interconnexion des réseaux électriques et ferroviaires. Mais aussi des dossiers internationaux, comme l'engagement de l'Espagne aux côtés de la France dans la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel.
Malgré la crise du Covid-19, qui limite fortement les déplacements à l'étranger, Emmanuel Macron entend rester très actif sur la scène européenne jusqu'à la fin du quinquennat, notamment en profitant de la présidence française de l'Union européenne à partir du 1er janvier 2022, selon l'Elysée.
Les deux dirigeants termineront leur rencontre en se recueillant sur la tombe du dernier président de la République espagnole Manuel Azana, enterré à Montauban. Une première pour un chef de l'Etat français, « un geste fort », selon Madrid.
Grande figure du républicanisme en Espagne, il y a vécu en exil après avoir présidé la Seconde République de 1936 à 1939 en pleine guerre civile.
A l'issue du sommet, Emmanuel Macron se recueillera devant la stèle d'hommage aux victimes de l'attentat perpétré le 15 mars 2012 par Mohammed Merah, en présence des familles des victimes et d’une section du 17e régiment du génie parachutiste de Montauban.