Les Etats-Unis ont prévenu mercredi que la balle était dans le camp de l'Iran pour débloquer l'impasse actuelle et sauver l'accord sur le nucléaire iranien, assurant clairement qu'ils n'entendaient faire aucun geste financier avant de trouver un compromis avec Téhéran.
« La balle est dans leur camp pour voir s'ils sont vraiment intéressés par un dialogue diplomatique. Nous le sommes », a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken lors d'une audition parlementaire.
Il a rappelé que le gouvernement américain avait accepté une invitation des Européens à une rencontre directe mais que l'Iran avait « dit non à ce stade».
L'ex-président américain Donald Trump a retiré les Etats-Unis de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique mais qu'il jugeait insuffisant, et a rétabli toutes les sanctions.
Joe Biden s'est dit prêt à y revenir « si » l'Iran revient également dans les clous des restrictions à son programme nucléaire, dont il a commencé à s'affranchir en réponse aux sanctions américaines.
Les dirigeants iraniens ont toutefois jusqu'ici résisté à une réunion avec leurs homologues américains, car ils exigent avant toute chose une levée au moins partielle des sanctions.
Prié par un député de dire s'il s'engageait à ne faire aucune concession juste pour obtenir une telle rencontre, Antony Blinken a dit « oui ». Il a aussi assuré qu'il n'y aurait aucune levée de sanctions américaines tant que la République islamique ne respecterait pas pleinement ses engagements nucléaires ou en tout cas tant qu'elle n'aura pas négocié son retour aux restrictions de 2015.
Le secrétaire d'Etat a aussi jugé « fausses » les informations faisant état d'un feu vert américain à certains pays, comme la Corée du Sud ou l'Irak, qui souhaitent débloquer des milliards de dollars d'argent du pétrole iranien gelés en raison des sanctions américaines. Cela dépendra de leur retour dans les clous de l'accord nucléaire, a-t-il répondu.
Le nouveau président démocrate est pris en étau entre les défenseurs et les détracteurs de l'accord. Les premiers le pressent d'accélérer, notamment pour éviter d'avoir affaire, après les élections iraniennes de juin, à des interlocuteurs encore plus hostiles à un dialogue avec Washington. Les seconds l'exhortent à ne rien céder avant d'avoir obtenu de réelles avancées de la part de Téhéran.
Dans une lettre adressée mardi au chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, 70 députés républicains mais aussi 70 députés démocrates réclament que l'administration Biden négocie d'emblée un accord plus large et plus draconien avec l'Iran.
Or, Joe Biden dit vouloir d'abord revenir dans l'accord de 2015, pour ensuite en faire un point de départ pour négocier des engagements plus « plus forts et plus durables ».
« Nous n'entendons pas caler le rythme de nos discussions sur les élections iraniennes. Le rythme dépendra de ce que nous pouvons obtenir tout en défendant les intérêts de la sécurité nationale américaine », a affirmé l'envoyé spécial pour l'Iran Rob Malley dans un court entretien au site Axios, ses premières déclarations publiques depuis sa nomination fin janvier.
« Autrement dit, nous n'allons pas nous précipiter, ni ralentir les choses en raison des élections iraniennes », a-t-il ajouté.
« Nous pensons que des pourparlers directs sont plus efficaces et permettent d'éviter les malentendus, mais pour nous, la substance est plus importante que le format », a ajouté Rob Malley, laissant entendre en creux que des discussions indirectes, peut-être par l'intermédiaire des Européens, pourraient finalement permettre d'amorcer les négociations.