LONDRES: Le Royaume-Uni et les pays du Moyen-Orient ne devraient pas laisser la pandémie de coronavirus et ses restrictions faire oublier l'importance de la lutte contre l'extrémisme, a déclaré lundi un groupe d'experts.
Lors d'un événement organisé par l'Emirates Society du Royaume-Uni, auquel a participé Arab News, Sir John Jenkins, ancien ambassadeur britannique en Arabie saoudite, a déclaré: «Le danger de la pandémie est qu'elle détourne notre attention [de l'extrémisme] et affaiblit la capacité des gouvernements et des sociétés à y faire face de manière honnête et intelligente.»
Il a ajouté que l’attrait des idéologies extrémistes «n’a pas disparu» et que tous les gouvernements doivent rester concentrés sur cette question.
«L’une des principales menaces qui pèsent sur le Moyen-Orient est la propagation de milices islamistes chiites qui ont un certain degré de loyauté non seulement envers l’Iran, mais aussi envers le Guide suprême lui-même – ce sont fondamentalement des pro-Khamenei», a-t-il expliqué.
«Nous le voyons avec le Hezbollah au Liban, nous le voyons en Syrie et nous le voyons de manière saisissante en Irak. Le fait de vider, dans de grandes parties du Moyen-Orient, la capacité de l'État en faveur de ces milices prédatrices est une menace majeure à long terme. Il est fondamental pour les gouvernements de ne pas perdre de vue tout cela.»
Devant cette menace persistante, John Woodcock, l’envoyé spécial britannique pour la lutte contre l'extrémisme violent, fait écho à ces préoccupations. «Les efforts nationaux ont couru le risque, ces douze derniers mois, de n’être pas axés sur la question de l’extrémisme. Je pense que c'est potentiellement un problème bien plus grave pour les années à venir en raison de l'énorme pression sur les ressources que les pays subiront lors de la reprise économique post-pandémique.»
Cette pression financière, avertit Woodcock, pourrait se répercuter sur les agences multilatérales qui travaillent dans les zones de conflit et d'après-conflit, ce qui pourrait entraver leur capacité à effectuer un travail qui agit comme prévention contre les attraits de l'extrémisme.
Ses inquiétudes semblent déjà se manifester au Royaume-Uni. On a appris lundi que la Grande-Bretagne réduirait son budget d'aide au Yémen, qui est en proie à une guerre civile impliquant des milices houthies pro-iraniennes.
Omar Ghobash, l’ambassadeur des Émirats arabes unis (EAU) en France, rappelle que son pays a reconnu très tôt que l’extrémisme religieux représente un véritable défi, exigeant de l’attention, et qu’il a réussi à le relever.
Aux EAU, «nous avons constaté qu'il existait un récit très puissant au sein de notre propre communauté islamique qui entraînait les enfants dans des zones de guerre et dans des actes de violence. Cette prise de conscience s'est produite il y a quelque temps. Après les attentats du 11-Septembre, c’est devenu beaucoup plus clair pour nous», explique-t-il.
Pour contrer ce phénomène, les EAU «se sont particulièrement concentrés sur les jeunes et sur leurs attentes, en se demandant comment, en tant que gouvernement, nous pouvions leur fournir les moyens de réaliser ces attentes. [Les EAU] ont continué à porter une grande attention à ce que les jeunes veulent faire et à ce qu'ils peuvent faire», ajoute-t-il.
«L’approche des dirigeants a consisté à investir dans l’infrastructure intellectuelle, juridique et physique afin d’offrir des visions inspirantes d’endroits où les habitants du pays peuvent se rendre», affirme Ghobash.
L’ambassadeur des Émirats arabes unis en France précise en outre que le lancement de la sonde Mars Hope n’est pour les jeunes qu’un exemple parmi d’autres dans le pays de la façon dont les Émiratis peuvent procéder au niveau international, en dépassant les différences culturelles ou religieuses.
Des initiatives de ce genre, conclut-il, encouragent les jeunes du pays à se concentrer sur «l’amélioration du sort de l’humanité, pas seulement de son propre quartier».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com