Bras de fer entre la Turquie et l'Iran sur le sol irakien

La Turquie a déployé un nombre d’avant-postes militaires au plus profond des territoires irakiens pendant des décennies (Photo, Reuters).
La Turquie a déployé un nombre d’avant-postes militaires au plus profond des territoires irakiens pendant des décennies (Photo, Reuters).
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Publié le Lundi 01 mars 2021

Bras de fer entre la Turquie et l'Iran sur le sol irakien

  • La Turquie a déployé un nombre d’avant-postes militaires au plus profond des territoires irakiens pendant des décennies afin d’éradiquer le Parti des travailleurs du Kurdistan
  • «Les relations turco-iraniennes vont devenir plus tumultueuses»

ANKARA: La crise diplomatique entre Ankara et Téhéran s'est aggravée à la suite des dernières déclarations de l'ambassadeur d'Iran à Bagdad Iraj Masjedi, et qui a réitéré son opposition à l'intervention militaire turque en Irak, un pas de plus dans la direction d’une trajectoire de rivalité régionale.

«Les forces turques ne devraient pas menacer ou violer sol irakien», a déclaré dimanche Masjedi.

«Nous n'acceptons absolument pas, de la part de Turquie comme de la part de tout autre pays, une intervention militaire en Irak, une incursion, ou une présence militaire en Irak», a-t-il dit, appelant Ankara à retirer ses troupes d'Irak et à respecter les frontières internationales.

«La sécurité de la région irakienne doit être maintenue par les forces irakiennes, ou par les forces de la région (du Kurdistan) sous leur juridiction», a-t-il déclaré.

La Turquie a déployé un nombre d’avant-postes militaires au plus profond des territoires irakiens pendant des décennies afin d’éradiquer le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit. Ses forces mènent des opérations transfrontalières aériennes et terrestres, dont la cadence s’est multipliée ces dernières années.

Ces violations territoriales commises par les forces terrestres et aériennes turques ont récemment suscité la colère de Bagdad. Mais Ankara poursuit quand même les frappes aériennes dans la région du Kurdistan en Irak, dans le but d’assassiner des membres haut-placés au sein du PKK.

La dernière opération turque dans les montagnes de Gara, dans le nord de l'Irak le 19 février, et qui avait pour objectif de libérer treize ressortissants détenus par le PKK depuis des années, a échoué.

Alors qu'Ankara accuse le PKK d'avoir tué les prisonniers au cours de l'opération, ce dernier affirme que la Turquie a accidentellement bombardé la grotte où ils étaient détenus.

La milice irakienne des Unités de mobilisation populaire, un groupe soutenu par l'Iran aussi connu sous le nom de Hashd Al-Shabi, a déployé trois brigades à Sinjar le long de la frontière syrienne pour contrer les mouvements turcs dans la région.

La Turquie a convoqué dimanche le diplomate iranien à la suite de ses remarques sur les opérations en Irak. «Ankara attend de l’Iran qu’il soutienne la lutte de la Turquie contre le terrorisme, non pas qu’il l’oppose», aurait signifié le ministère turc des Affaires étrangères à l’ambassadeur.

«L'ambassadeur d'Iran devrait être la dernière personne à faire la morale à la Turquie au sujet du respect des frontières de l'Irak», a déclaré l'ambassadeur de Turquie en Irak Fatih Yildiz.

La Turquie a récemment procédé à l’arrestation d’un dirigeant iranien, Mohammad Reza Naserzadeh, pour le meurtre de son concitoyen, le dissident Masoud Molavi Vardanjani, à Istanbul en novembre 2019. Cette décision a ajouté aux tensions entre la Turquie et l'Iran.

«Les relations turco-iraniennes vont devenir plus tumultueuses», a déclaré à Arab News Galip Dalay, chercheur associé à Chatham House à Londres.

«Pour l’Iran, l'Irak reste le pays le plus important du Moyen-Orient. La présence militaire accrue et l'influence politique de la Turquie dans le nord de l'Irak dérangent de plus en plus l'Iran, et le gouvernement central irakien ne va jamais accepter la moindre opération turque à Sinjar», a ajouté Dalay.

Selon Samuel Ramani, universitaire et analyste à l'Université d'Oxford, les relations entre la Turquie et l'Iran sont instables car les phases de concurrence et de coopération croissantes se succèdent rapidement.

Ramani a déclaré à Arab News: «En ce moment, nous entrons dans une phase de concurrence aiguë. La Turquie perçoit une menace de sécurité croissante de la part du PKK en Irak, alors que les relations de l'Iran avec le Kurdistan irakien connaissent en parallèle une forte cohésion depuis la mort du plus haut commandant iranien Qassem Soleimani l'année dernière».

Il a ajouté que l’engagement bilatéral élargi de la Turquie auprès de l’Irak menace les aspirations d’hégémonie iranienne. Téhéran tente en effet de profiter du mécontentement qui gronde sourdement à Bagdad à cause des vastes opérations militaires turques qui portent atteinte à la souveraineté irakienne.

«Les tensions entre la Turquie et l'Iran découlent d’un contexte plus large. Les relations russo-iraniennes se développent dans la région caspienne pour contrer la Turquie, Ankara a arrêté des espions iraniens présumés, et les deux pays sont en désaccord sur la situation dans le nord de la Syrie, particulièrement à Aïn Issa», a-t-il déclaré.

Compte tenu du contexte élargi des tensions, Ramani s’attend à ce que la Turquie et l’Iran continuent de mener une guerre des mots au sujet de la légitimité des opérations anti-PKK d’Ankara et de l’ingérence de l’Iran en Irak. Mais un conflit direct entre les forces iraniennes et turques ou leurs alliés locaux est peu probable.

Dalay s'attend cependant à une opération turque soutenue par les États-Unis à Sinjar, un scénarion selon lui très probable. Il explique que si la crise actuelle entre Hashd Al-Shabi et Ankara s'intensifie, l'Iran graviterait vers cette équation régionale.

«Hashd Al-Shabi fournit une couverture au PKK dans la région. La présence des unités de résistance Shingal, une milice yézidie qui collabore avec Hashd Al-Shabi, pourrait déclencher une prise de conscience internationale envers la minorité religieuse yézidie», déclare-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Rafah sous les bombardements, après la présentation d'un plan israélien de cessez-le-feu

De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 31 mai 2024. L'offensive de représailles d'Israël a tué au moins 36 284 personnes à Gaza, pour la plupart des civils. (AP)
De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 31 mai 2024. L'offensive de représailles d'Israël a tué au moins 36 284 personnes à Gaza, pour la plupart des civils. (AP)
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  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a averti que les «conditions» pour arriver à un «cessez-le-feu permanent» n'avaient pas changé et comprenaient la «destruction» du mouvement islamiste
  • Le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a de son côté répété vendredi que les «exigences» du mouvement, à commencer par un cessez-le-feu permanent et un retrait total d'Israël de la bande de Gaza, n'étaient «pas négociables»

RAFAH, Territoires Palestiniens : Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie intenses ont visé samedi la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, au lendemain de la présentation par le président américain Joe Biden d'une feuille de route israélienne en vue d'un cessez-le-feu avec le Hamas.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a cependant averti que les «conditions» pour arriver à un «cessez-le-feu permanent» n'avaient pas changé et comprenaient la «destruction» du mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, ainsi que la «libération de tous les otages» retenus dans le territoire palestinien.

Le Hamas avait jugé «positive» la feuille de route dévoilée vendredi par Joe Biden et qui vise à parvenir, par étapes et sous conditions, à un cessez-le-feu «permanent» presque huit mois après le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre par l'attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël.

L'armée israélienne, dont les chars sont entrés ces derniers jours dans le centre de Rafah, a poursuivi samedi son offensive dans cette ville frontalière avec l'Egypte, lancée le 7 mai afin, selon elle, d'y détruire les derniers bataillons du mouvement islamiste palestinien.

En 24 heures, la guerre a fait au moins 95 morts à travers le territoire, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

A Rafah, les opérations se concentrent en particulier dans l'ouest de la ville, dans le quartier de Tal al-Sultan, où des habitants ont signalé des bombardements, des tirs de chars et des mouvements de véhicules militaires.

«Toute la nuit et jusqu'au matin, les bombardements aériens et à l'artillerie n'ont pas cessé un instant dans les secteurs de l'ouest de Rafah, empêchant tout déplacement de civils», a témoigné à l'AFP un habitant de la ville qui n'a pas dévoilé son nom.

Il a ajouté que des tireurs israéliens avaient pris position «sur des immeubles surplombant tout le quartier de Tal al-Sultan, rendant la situation très dangereuse».

Des témoins ont également signalé des tirs d'artillerie intenses dans l'est et le centre de Rafah.

Dans le centre de la bande de Gaza, le camp palestinien de Nousseirat a été touché par des frappes aériennes. Dans le nord, des tirs d'artillerie ont visé le quartier de Zeytoun, dans la ville de Gaza, selon un correspondant de l'AFP.

- «Apocalyptique» -

Depuis le début de l'offensive sur Rafah, à l'extrémité sud du territoire assiégé, un million de personnes ont fui vers la zone côtière surpeuplée d'al-Mawasi, désignée par Israël «zone humanitaire» pour accueillir les déplacés.

La vie est devenue «apocalyptique» dans certaines zones du sud de la bande de Gaza, s'est alarmée vendredi l'ONU.

«Il est temps que cette guerre se termine», a lancé vendredi Joe Biden depuis la Maison Blanche, en appelant le Hamas à accepter le plan israélien qui lui a été soumis par l'intermédiaire du Qatar. «Nous ne pouvons pas laisser passer» cette occasion, a-t-il ajouté.

La première phase, a dit M. Biden, serait un cessez-le-feu avec un retrait des troupes israéliennes des «zones habitées de Gaza» pour une durée de six semaines.

L'arrêt des combats, toujours selon lui, serait accompagné de la libération de certains otages israéliens enlevés le 7 octobre en Israël, notamment les femmes et les malades, et de la remise en liberté de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Ce cessez-le-feu temporaire pourrait devenir «permanent» si le Hamas «respecte ses engagements», a ajouté le président américain. La phase suivante comprendrait notamment la libération de tous les otages encore détenus.

«Le Hamas considère positivement ce qui a été inclus aujourd'hui dans le discours du président américain Joe Biden quant à un cessez-le-feu permanent, le retrait des forces israéliennes de Gaza, la reconstruction et l'échange de prisonniers», a indiqué le mouvement.

- «Lueur d'espoir» -

«Les conditions d'Israël pour stopper la guerre n'ont pas changé», a cependant affirmé samedi le bureau de M. Netanyahu, en citant «la destruction des capacités militaires et gouvernementales du Hamas, la libération de tous les otages et l'assurance que Gaza ne posera plus de menace à Israël».

Le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a de son côté répété vendredi que les «exigences» du mouvement, à commencer par un cessez-le-feu permanent et un retrait total d'Israël de la bande de Gaza, n'étaient «pas négociables».

La guerre a éclaté le 7 octobre après l'attaque sans précédent lancée par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.189 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 36.379 morts dans la bande de Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, et provoqué une catastrophe humanitaire majeure.

L'annonce de la nouvelle feuille de route israélienne a suscité des réactions d'espoir à travers le monde. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé Israël et le Hamas à «saisir l'occasion» afin d'en arriver à une «paix durable au Moyen-Orient».

La proposition «offre une lueur d'espoir et éventuellement une issue pour débloquer le conflit», selon la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

«Nous ne pouvons laisser cette occasion filer», a commenté en Israël le Forum des familles d'otages, en appelant la société civile à se mobiliser pour pousser les dirigeants politiques à accepter et mettre en oeuvre la proposition.


L'initiative Route de la Mecque continue de fournir des services aux pèlerins du Maroc et du Pakistan

Cette initiative vise à fournir des services aux pèlerins en facilitant leurs procédures d'entrée dans le Royaume depuis les aéroports de leurs pays respectifs. (SPA)
Cette initiative vise à fournir des services aux pèlerins en facilitant leurs procédures d'entrée dans le Royaume depuis les aéroports de leurs pays respectifs. (SPA)
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  • Les stations sont situées à l'aéroport international Mohammed V de Casablanca au Maroc et à l'aéroport international Jinnah de Karachi au Pakistan
  • En 2019, l'Arabie saoudite a lancé l'initiative de la route de La Mecque afin d’aider les pèlerins du Hajj, originaires de sept pays (Maroc, Indonésie, Malaisie, Pakistan, Bangladesh, Turquie et Côte d'Ivoire) à remplir les exigences en matière de visas

RIYAD: L'initiative de la Route de la Mecque, mise en place dans les aéroports du Maroc et du Pakistan, a bénéficié à de nombreux pèlerins se préparant pour le Hajj cette année, a rapporté l'agence de presse saoudienne SPA.

Les stations sont situées à l'aéroport international Mohammed V de Casablanca au Maroc et à l'aéroport international Jinnah de Karachi au Pakistan.

Cette initiative vise à fournir des services aux pèlerins en facilitant leurs procédures d'entrée dans le Royaume depuis les aéroports de leurs pays respectifs.

En 2019, l'Arabie saoudite a lancé l'initiative de la route de La Mecque afin d’aider les pèlerins du Hajj, originaires de sept pays (Maroc, Indonésie, Malaisie, Pakistan, Bangladesh, Turquie et Côte d'Ivoire) à remplir les exigences en matière de visas, de douanes et de passeports.

Ce programme gouvernemental délivre des visas électroniquement et recueille les données biométriques, effectuant ainsi toutes les procédures de voyage dans les aéroports des pays de départ, notamment en s'assurant que les pèlerins sont en bonne santé. Les bagages sont codés et triés en fonction des dispositions prises en matière de transport et d'hébergement pendant le séjour des pèlerins dans le Royaume.


Nouveaux tirs de drones et de missiles antinavires par les Houthis

Des drones sont exposés à l'arrière d'un véhicule lors d'un défilé militaire officiel marquant le neuvième anniversaire de la prise de contrôle de la capitale, Sanaa, par les Huthis, le 21 septembre 2023. (Photo Mohammed Huwais AFP)
Des drones sont exposés à l'arrière d'un véhicule lors d'un défilé militaire officiel marquant le neuvième anniversaire de la prise de contrôle de la capitale, Sanaa, par les Huthis, le 21 septembre 2023. (Photo Mohammed Huwais AFP)
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  • Le Centcom a dit avoir intercepté vendredi quatre drones lancés par les Houthis - trois en mer Rouge et un dans le Golfe d'Aden - et qu'un cinquième drone s'était quant à lui abîmé en mer
  • Les Houthis avaient plus tôt vendredi menacé d'intensifier leurs attaques contre les navires au large du Yémen, après des frappes américano-britanniques contre leurs positions ayant fait 16 morts, selon eux

DUBAÏ, Emirats Arabes Unis : Les rebelles houthis ont lancé vendredi des drones et des missiles antinavires après des frappes américano-britanniques contre leurs positions dans différents secteurs du Yémen, a indiqué l'armée américaine.

Dans un message sur X, le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a dit avoir intercepté vendredi quatre drones lancés par les Houthis - trois en mer Rouge et un dans le Golfe d'Aden - et qu'un cinquième drone s'était quant à lui abîmé en mer.

Les rebelles ont aussi tiré deux missiles balistiques antinavires depuis le Yémen vers le golfe d'Aden «sans faire de blessés ou de dommages», a précisé le Centcom.

Les Houthis avaient plus tôt vendredi menacé d'intensifier leurs attaques contre les navires au large du Yémen, après des frappes américano-britanniques contre leurs positions ayant fait 16 morts, selon eux.

Ce bilan, qui n'a pas pu être vérifié de source indépendante, est l'un des plus lourds subis par ces insurgés pro-iraniens depuis que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont commencé à viser leurs installations, pour protéger la navigation en mer Rouge et dans le golfe d'Aden.

Les frappes conjointes ont été menées contre 13 sites des rebelles, afin de prévenir de futures attaques, avait indiqué (Centcom).

Depuis novembre, les Houthis ont mené des dizaines d'attaques contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden en disant agir en solidarité avec les Palestiniens dans la bande de Gaza, où Israël est en guerre depuis près de huit mois contre le mouvement islamiste palestiniens Hamas.

Le Hamas, les rebelles yéménites houthis et le mouvement islamiste libanais Hezbollah font partie de «l'axe de la résistance», un regroupement de mouvements armés hostiles à Israël et aux Etats-Unis, soutenu par l'Iran.

Les Etats-Unis, proche allié d'Israël, ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation dans cette zone stratégique et lancé en janvier, avec l'aide du Royaume-Uni, des premières frappes au Yémen.