WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants vote vendredi soir sur le plan de relance de 1 900 milliards de dollars voulu par Joe Biden, mais après un revers de procédure au Sénat, la hausse du salaire minimum réclamée par les démocrates ne figurera certainement pas dans la version finale.
C'est une figure méconnue du Congrès qui a bousculé jeudi soir l'avancée de ce plan titanesque, que le nouveau président américain voulait au départ voir adopté dès début février.
La gardienne des procédures, complexes, du Sénat, Elizabeth MacDonough, a jugé que le texte ne pouvait pas inclure la hausse du salaire minimum horaire à 15 dollars, inscrite dans le projet de loi.
Si certains progressistes s'en sont indignés, appelant à outrepasser le jugement de cette « parliamentarian », une responsable non élue, Joe Biden a fait savoir dès jeudi soir qu'il le « respectait ».
Tout en exhortant le Congrès à « avancer rapidement pour adopter le Plan de sauvetage américain ». Et en annonçant qu'il tenterait de faire avancer séparément l'augmentation du salaire fédéral minimum, actuellement à 7,25 dollars.
Le message aux démocrates, qui contrôlent la majorité au Congrès, est clair: le temps presse pour relancer une économie américaine durement frappée par la pandémie de Covid-19.
Agissez « rapidement afin d'adopter cette loi pour donner aux Américains le soutien et l'aide urgents dont ils ont besoin », a écrit le Bureau de la gestion et du budget à la Maison Blanche (OMB) aux parlementaires, vendredi matin.
Dans la soirée, la Chambre votera sur le projet de loi d'origine, qui comprend la hausse du salaire minimum jusqu'à 15 dollars par heure, d'ici 2025.
Une mesure « nécessaire », a justifié jeudi soir la présidente démocrate de la Chambre Nancy Pelosi. « Cette disposition restera donc dans le Plan de sauvetage américain qui sera soumis au vote », dont l'heure n'a pas encore été annoncée, a-t-elle martelé.
Dans les faits, cette décision implique une plus longue navette parlementaire.
Compte tenu de leur majorité à la chambre basse, le plan de 1 900 milliards de dollars a de fortes chances d'y être facilement adopté. Il sera ensuite envoyé, la semaine prochaine, au Sénat, où la hausse du salaire devrait être retirée.
S'il y est à son tour adopté, ce texte repartira à la Chambre pour un vote sur une version finale harmonisée.
Chèques de 1 400 dollars
Le retrait de la hausse du salaire minimum pourrait, dans les faits, faciliter l'adoption du plan de soutien. Car certains démocrates modérés étaient opposés à cette mesure.
Or avec son infime majorité au Sénat, et l'opposition annoncée des républicains au plan Biden, le parti a impérativement besoin d'unité pour faire adopter ce projet.
Le sénateur Bernie Sanders et d'autres démocrates progressistes étudiaient toutefois vendredi une alternative pour encourager la hausse des revenus minimum: introduire dans le vaste plan de soutien un amendement créant des pénalités fiscales pour les grandes entreprises qui payent moins qu'un « minimum vital ».
Mais les démocrates modérés pourraient aussi s'y opposer.
Face à l'incertitude, les grands patrons américains appellent à agir vite.
Dans le détail, le plan Biden vise à soutenir l'économie et la lutte contre la Covid-19.
Il prévoit plusieurs dizaines de milliards de dollars pour l'accélération du rythme des vaccinations et le déploiement de tests mais aussi 130 milliards de dollars pour aider les écoles et lycées à rouvrir malgré la pandémie.
De nouveaux chèques d'aide d'un montant de 1.400 dollars devraient être envoyés aux Américains, selon leur niveau de revenus, et la durée de versement des allocations chômage prolongée jusqu'au 30 septembre 2021.
Les démocrates ont promis d'adopter ces mesures avant le 14 mars, lorsque le versement d'allocations chômage prolongé dans un précédent plan d'aide cessera.