ANKARA: Alors que la Turquie et la Grèce se sont réunies pour reprendre les pourparlers sur leurs différends maritimes, la tension de plusieurs décennies entre les deux pays a refait surface.
Ankara a affirmé que quatre chasseurs F-16 grecs avaient harcelé mardi un navire de recherche turc dans la mer Égée en larguant une fusée éclairante à deux miles du navire, près de l'île grecque de Lemnos - accusation qui a été rapidement démentie par Athènes.
L’armée de l’air grecque effectuait à ce moment un exercice dans la mer Égée, mais aurait été loin du navire turc.
Lors d'une conférence de presse, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a déclaré que son pays avait répondu par «la riposte adéquate, conformément aux règles. Pendant que nous effectuons des travaux scientifiques, le harcèlement n'est pas admis. Cela ne cadre pas avec nos liens de bon voisinage.»
Le ministère grec de la Défense a insisté sur le fait que ses jets n'avaient jamais harcelé le navire turc.
Le nouveau navire de recherche turc, le TCG Cesme, a mené la semaine dernière des travaux de relevés hydrographiques annuels dans les eaux internationales entre les deux pays, suscitant la colère d’Athènes.
Le ministère grec des Affaires étrangères a critiqué la présence du navire turc dans la région, la décrivant comme «un geste inutile qui ne contribue pas à un sentiment positif.»
Comme mesure de rétorsion, Ankara a accusé la Grèce de mener des exercices militaires similaires dans la mer Égée, à côté d'îles censées être non militarisées, conformément à des accords internationaux et bilatéraux.
L'incident a déclenché, une fois de plus, le différend bilatéral non résolu sur les zones maritimes alors que les deux pays continuent de rechercher des ressources énergétiques dans l'est de la mer Méditerranée.
La deuxième série de pourparlers exploratoires devait se tenir à Athènes au début du mois de mars. Elle était prévue avant le sommet de l'UE, les 25 et 26 mars, au cours duquel Bruxelles décidera d'éventuelles sanctions contre Ankara pour ses missions d'exploration énergétique en Méditerranée orientale.
«Il est important de noter que la reprise des pourparlers exploratoires entre la Grèce et la Turquie ne suscite pas l'espoir d'un déblocage», a déclaré à Arab News George Tzogopoulos, chercheur principal à l’International Center of European Formation.
«Les deux pays interprètent le dialogue en des termes différents et utilisent les stratégies de communication politique correspondantes. Les nouvelles tensions concernant le navire de recherche Cesme n'ont rien de nouveau dans l'histoire contemporaine de leurs relations bilatérales, mais elles aggravent encore une conjoncture déjà malsaine.»
Les relations turco-grecques ont déjà été éprouvées avec le conflit chypriote, Ankara ayant exclu de discuter d'un système fédéral pour réunifier l'île divisée.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré le 10 février que le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis «apprendrait également à connaître les Turcs fous.»
Ce discours hostile illustre la colère de la Turquie à l’égard de la proposition de fédération bizonale et bicommunautaire avancée par la Grèce, et il ne s’est pas arrêté là.
«Des pourparlers exploratoires devaient avoir lieu à Athènes, mais Mitsotakis m'a défié», a déclaré Erdogan au Parlement. «Comment pouvons-nous nous asseoir avec vous maintenant? Sachez d’abord connaître votre place.»
Selon Tzogopoulos, sans programme positif, les solutions à long terme seront peu probables.
«Pour l'instant, le mieux que nous puissions espérer est d'éviter un accident militaire, tandis que des diplomates grecs et turcs expérimentés poursuivent leur travail», a-t-il déclaré.
Tzogopoulos a déclaré que d'un point de vue européen, un modèle d'engagement sélectif avec la Turquie est à l'étude à Bruxelles.
«Cela continuera malgré de nouvelles tensions», a-t-il dit. «Du point de vue de l'OTAN, la désescalade du conflit reste une priorité, et cet objectif a été atteint jusqu'à présent.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com