DUBAÏ : Le monde de la mode a été affecté par la pandémie du coronavirus (COVID-19), mais les stylistes au Liban doivent aussi faire face à la crise économique sévère que traverse le pays.
Jessica Khoueiri-Achkar, créatrice de la marque Jessica K, affirme à Arab News qu’elle paye aux six membres de son équipe la moitié de leurs salaires afin d'assurer la perennité de son commerce et pour surmonter les problèmes causés, simultanément, par le virus et par la crise financière.
« C’est vraiment grave. Maintenant, le plus important est de survivre. Si vous pouvez résister jusqu’à la fin de l’année, vous êtes un roi ou une reine », affirme la styliste de son domicile à Beyrouth où elle jongle entre prendre soin de son nourrisson et garder son commerce à flot.
Ces créations, qui comptent également des accessoires attrayants, sont particulièrement populaires chez les jeunes femmes d’une trentaine d’années à la recherche de vêtements élégants pour le travail et la les loisirs sans pour autant coûter les yeux de la tête. Ses célèbres vestons colorés et superbement taillés sont parfaits pour tous types de corps et ses imprimés apportent une touche fraîche et artistique.
Malgré la chute libre de la livre libanaise, il existe une lueur d’espoir pour les stylistes. En effet, certaines femmes, qui achetaient habituellement des marques de haute-couture, sont désormais à la recherche d’alternatives de qualité.
« Une robe Gucci qui coûtait 2000 dollars en ligne vaut actuellement le double du prix au Liban. Personne n’est en train d’acheter comme avant et certains se tourneront probablement vers les stylistes libanais locaux. Ceci serait une bonne opportunité pour nous », dit-elle.
Ayant étudié à l’Istituto Marangoni à Londres et travaillé pour le styliste libanais Elie Saab, Khoueiri-Achkar comprend ce qu’offre la haute-couture et a créé son propre style en se basant sur ce qu’elle a appris des plus grands de l’industrie.
« Mon travail chez Elie Saab était très enrichissant. J’ai appris comment fonctionne chaque département et j’ai découvert comment est construite l’entreprise. Évidemment, Jessica K n’est pas une marque de haute-couture, elle est destinée à la vie de tous les jours – mes robes de soirée sont très chics et peu coûteuses », a-t-elle raconté.
L’amour de Jessica pour la mode a commencé très tôt et pour elle, sa mère, très élégante est sa muse. Quant à son sens aiguisé des affaires, elle pense l’avoir hérité de son père qui dirige la chaîne de restaurants Kababji. Elle croyait qu’elle allait rejoindre l’entreprise familiale, mais son père a remarqué sa passion pour l’art et le stylisme et l’a encouragée à écouter son cœur. « Je le remercie maintenant pour son conseil », dit-elle.
Jessica a profité du succès et est déterminée à affronter les défis actuels.
« Toute ma production se trouve à Beyrouth et je désire aider notre industrie locale autant que possible cette fois-ci. Notre travail nous coûte quatre à cinq fois plus qu’auparavant à cause de la crise dans le pays », ajoute-t-elle.
Elle avoue que son programme a été bouleversé : « Nous sommes très en retard dans le calendrier de la mode, mais je ne suis pas inquiète pour cela car tout le monde a ajourné ses activités en raison de la pandémie mondiale. Ceci veut dire que nous voyons actuellement des vêtements d’été dans les magasins en été ».