La France appréhende les vacances scolaires avec le confinement

Un infirmier surveille les écrans dans l'unité de réanimation Covid-19 de l'hôpital Purpan de Toulouse le 4 février 2021 (Photo, AFP)
Un infirmier surveille les écrans dans l'unité de réanimation Covid-19 de l'hôpital Purpan de Toulouse le 4 février 2021 (Photo, AFP)
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La France appréhende les vacances scolaires avec le confinement

  • France Télévisions «reste mobilisée pour accompagner les plus jeunes et les familles pendant les vacances scolaires avec une programmation éducative renforcée sur ses antennes»
  • Le Premier ministre Jean Castex a rappelé jeudi que «nombre de nos hôpitaux» devaient encore «décaler des soins moins urgents pour libérer des lits»

PARIS: A la veille des vacances scolaires pour une partie de la France et de l'arrivée d'un nouveau vaccin contre la Covid-19, réservé aux soignants, la situation épidémique reste fragile et le gouvernement a demandé de renouveler les efforts, notamment sur le télétravail.  

Avec 143 325 nouveaux cas détectés la semaine dernière, contre 141 732 la semaine précédente, la circulation du coronavirus s'est stabilisée « à un niveau très élevé », a relevé Santé publique France (SpF) dans son bulletin hebdomadaire.  

Cette stabilité « ne permet pas d'écarter l'hypothèse d'une aggravation de la situation épidémiologique dans les prochaines semaines, liée à la poursuite de la circulation (des) variants », note l'agence sanitaire.  

« Il est probable que le R effectif », le taux de reproduction qui mesure la dynamique de l'épidémie, « dans un avenir proche va passer largement au-dessus de 1 et donc que des mesures plus strictes que celles qui sont aujourd'hui en place deviendront nécessaires », a expliqué Daniel Levy-Bruhl, responsable de l'unité infections respiratoires de SpF vendredi.  

Jeudi, le gouvernement a de nouveau écarté un confinement à ce stade mais cette mesure a été décidée pour le territoire de Mayotte, pour au moins trois semaines.  

La part des cas suspectés d'être des variants (anglais, sud-africain ou brésilien) s'élevait à 14% de tous les cas détectés en France au 27 janvier, avec un taux proche de 20% en Ile-de-France, selon des résultats encore préliminaires rendus publics jeudi. Au 7-8 janvier, la proportion du variant britannique avait été mesurée à 3,3% des cas positifs. 

FRANCE 4 ADAPTE SES PROGRAMMES POUR DES «VACANCES APPRENANTES»

La chaîne de télévision France 4, dont l'arrêt est prévu pour cet été, va se mettre en mode « vacances apprenantes » d'hiver du 8 février au 5 mars avec un renforcement des programmes éducatifs l'après-midi. 

Au vu du contexte sanitaire, France Télévisions « reste mobilisée pour accompagner les plus jeunes et les familles pendant les vacances scolaires avec une programmation éducative renforcée sur ses antennes », annonce le groupe audiovisuel public dans un communiqué. 

France 4, chaîne dédiée à la jeunesse, avait mis le paquet dès le premier confinement en mars 2020 sur son offre de programmes éducatifs, en créant notamment un magazine quotidien, « la Maison Lumni », du nom de la plateforme éducative de l'audiovisuel public, pour accompagner les révisions des 8/12 ans. 

Dès le début des vacances scolaires lundi, France 4 diffusera trois rendez-vous quotidiens à partir de 13h30: l'émission « C'est toujours pas sorcier », « Les cahiers de vacances Lumni » et « Le jeu Lumni ». 

Ces programmes sont également disponibles sur le site lumni.fr, qui compte plus de 10 000 contenus pour les 3-18 ans tels que séries, vidéos, fiches pédagogiques, quiz, en lien avec les programmes scolaires ainsi que des jeux pédagogiques.  

A partir de 18h45, les amateurs pourront suivre les dessins animés cultes « Les Mystérieuses Cités d'Or - nouvelle et dernière saison » et « Il était une fois la vie », aussi présents sur la plateforme Okoo (https://www.france.tv/enfants/). 

Plus lent  

« Une pénétration beaucoup plus lente » que dans d'autres pays, « probablement par la combinaison d'un certain nombre de mesures qui ont été prises et de freins » en France, a analysé sur RTL le virologue Bruno Lina, chargé de cette cartographie.   

« Ce qu'il faut, c'est essayer de maintenir cet état le plus longtemps possible », le temps que la vaccination permette de  « réduire le risque des formes graves », a-t-il poursuivi.  

Après avoir augmenté tout au long du mois de janvier, le nombre de malades hospitalisés avec un diagnostic Covid s'est stabilisé cette semaine juste sous les 28 000 personnes. Parmi elles, 3 240 malades étaient soignés en service de réanimation, soit environ 60% des capacités d'avant la crise sanitaire.  

Le Premier ministre Jean Castex a rappelé jeudi que « nombre de nos hôpitaux » devaient encore « décaler des soins moins urgents pour libérer des lits ».  

Cette semaine, près de 1 600 malades de la Covid-19 sont décédés à l'hôpital, portant le total des morts depuis le début de l'épidémie à quelque 78 000.  

L'exécutif a renouvelé ses appels à la prudence pour ceux qui partent en vacances, alors que la zone A ouvre vendredi cette période des congés scolaires d'hiver, étalée jusqu'au 8 mars. Des vacances mais avec des remontées mécaniques toujours fermées dans les stations de ski, ainsi qu'un couvre-feu maintenu à 18H00, et des rideaux baissés pour les bars, les restaurants et tous les lieux culturels. 

« Pour une heure, un jour, une semaine ou un mois, laissez-nous entrouvrir nos portes, même si nous devions les refermer en cas de nouveau confinement! », demandent une centaine de directeurs et présidents de centres d'art, emmenés par Emma Lavigne, du Palais de Tokyo, à Paris.   

Avec le président du Fonds de dotation ArtNova Frédéric Jousset et la journaliste Florence Belkacem, elle a adressé vendredi dix propositions au ministère de la Culture pour rouvrir les lieux d'exposition. 

EN BREF

« Lumni est devenue la plate-forme éducative référente dans notre pays; la crise sanitaire a renforcé son utilité publique depuis le premier confinement et je ne doute pas qu’elle continuera d'accompagner, d'apprendre, d'éveiller et développer la curiosité de tous », a commenté Delphine Ernotte Cunci, PDG de France Télévisions.

360 000 emplois détruits 
De son côté, l'exécutif appelle aussi les entreprises et les salariés à se remobiliser pour accroître le recours au télétravail, en recul depuis novembre. 
Marquée par la crise sanitaire, l'année 2020 a vu la destruction de 360 500 emplois dans le secteur privé en France, après cinq années de hausse consécutives, selon une estimation de l'Insee vendredi. 
La campagne de vaccination se poursuit sur fond d'approvisionnements toujours limités et de contraintes logistiques. Le gouvernement a annoncé que 1,7 million de nouveaux rendez-vous seraient proposés « dans les prochains jours », pour des piqûres en février et mars. 
Dès ce week-end, des doses du troisième vaccin disponible dans l'Union européenne, celui d'AstraZeneca, vont être injectées mais en priorité à des soignants de moins de 65 ans, suivant les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS).   
Avec 2,6% de sa population ayant reçu au moins une dose (1 766 000 personnes), la France est proche de la moyenne de l'Union européenne (2,7%). Mais seulement 0,3% de la population française a déjà reçu ses deux doses (près de 190 000), moins que la moyenne de l'UE (0,8%). L'écart est encore plus grand avec l'Italie (1,6%), l'Espagne (1,3%) ou l'Allemagne (1%), selon des données compilées à partir de sources officielles. 


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.