Conseil franco-allemand: Macron s'entretient avec Merkel et Söder

Angela Merkel et Emmanuel Macron ont défendu vendredi la stratégie européenne controversée sur les vaccins anti-Covid (Photo, AFP)
Angela Merkel et Emmanuel Macron ont défendu vendredi la stratégie européenne controversée sur les vaccins anti-Covid (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 05 février 2021

Conseil franco-allemand: Macron s'entretient avec Merkel et Söder

  • Les deux hommes ont notamment parlé de la situation sanitaire, et plaidé pour un développement accéléré des nouvelles technologies en Europe
  • Les deux hommes avaient déjà discuté brièvement il y a un an en marge de la conférence annuelle sur la sécurité, grand-messe annuelle des questions de défense

PARIS/ BERLIN: Angela Merkel et Emmanuel Macron ont défendu vendredi la stratégie européenne controversée sur les vaccins anti-Covid et ont affiché leur unité pour condamner l'attitude de Moscou dans l'affaire de l'opposant Alexeï Navalny.  

A l'issue d'un conseil de défense franco-allemand en visioconférence, les deux dirigeants sont venus au secours de la Commission européenne, sous le feu des critiques pour l'insuffisance de doses de vaccin disponibles.  

« Je soutiens totalement l'approche européenne que nous avons eue », a déclaré Emmanuel Macron. En s'interrogeant: »Que dirions-nous si la France et l'Allemagne étaient aujourd'hui en compétition sur les vaccins?. »Nous ne sortirons de cette épidémie qu'en Européens », a-t-il insisté.  

Angela Merkel a réaffirmé que la décision de commander ensemble des doses était et restait »la bonne ». Même si les capacités de production « n'ont pas été aussi grandes que nous l'imaginions ».  

Emmanuel Macron a ainsi reconnu que les Européens n'avaient « pas anticipé » le « succès si rapide sur les vaccins à ARN messager », ceux de Pfizer/BioNTech et de Moderna ayant été les premiers disponibles, dont « une bonne partie de la production se faisait aux États-Unis ». Mais, a-t-il assuré, « on a pu accélérer les choses » et la campagne de vaccination ira »beaucoup mieux » en avril.  

Le président français a tenu à « saluer l'engagement d'Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission, qui a négocié les contrats avec les fabricants de vaccins au nom des 27 Etats membres et sécurisé plus de 2,2 milliards de doses - pour 450 millions d'Européens. « La santé n'est pas normalement une compétence communautaire et nous avons donc, en marchant, inventé une politique qui n'existait pas », a-t-il souligné.  

« injustifiée »  

Sur la Russie, les deux dirigeants ont vivement dénoncé l'expulsion, annoncée par Moscou durant leur réunion, de trois diplomates d'Allemagne, de Pologne et Suède accusés d'avoir participé à une manifestation en faveur de l'opposant incarcéré Alexeï Navalny.   

Cette décision est « injustifiée », a dénoncé Angela Merkel, tandis qu'Emmanuel Macron affichait sa solidarité en condamnant »avec la plus grande fermeté » l'expulsion mais aussi l'attitude du pouvoir russe sur l'affaire Navalny »du début à la fin », c'est à dire »de l'empoisonnement (...) à la condamnation » de l'opposant.  

Malgré ces critiques, Mme Merkel a toutefois redit son attachement au projet controversé Nord Stream 2, un gazoduc qui reliera la Russie et l'Allemagne, même s'il convient d'éviter toute « dépendance énergétique » à l'égard de Moscou.   

« Ce projet est quasiment terminé » et « rien ne saurait être annoncé sans une étroite coordination franco-allemande », a précisé Emmanuel Macron, alors que le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune avait suggéré lundi à Berlin de geler ce projet pour protester contre le sort fait à Alexeï Navalny.  

Pour Mme Merkel, « il est nécessaire de parler avec la Russie », une position également défendue par Emmanuel Macron qui y voit une condition à « la paix et la stabilité de l'Europe ».    

Une visioconférence entre Emmanuel Macron et Markus Söder, le favori des sondages pour succéder à Angela Merkel en Allemagne (Photo, AFP)
Une visioconférence entre Emmanuel Macron et Markus Söder, le favori des sondages pour succéder à Angela Merkel en Allemagne (Photo, AFP)

 

ENTRETIENS «HARMONIEUX» ENTRE MACRON ET UN FAVORI POUR SUCCÉDER À MERKEL

Markus Söder, le favori des sondages pour succéder à Angela Merkel en Allemagne, a qualifié vendredi de « très harmonieux » un entretien avec le président Emmanuel Macron dont il a dit notamment partager l'avis que l'Europe est trop lente dans ses prises de décision. 

« Ce fut un entretien passionnant et aussi très harmonieux avec de grands points d'accord », a assuré le chef du gouvernement bavarois à l'issue de cette discussion « en anglais » d'une durée d'environ trois quarts d'heure. 

Lors de cette visioconférence, les deux hommes ont notamment parlé de la situation sanitaire, et plaidé pour un développement accéléré des nouvelles technologies en Europe afin d'atténuer la dépendance vis à vis des Etats-Unis ou de la Chine. 

« Nous avons parlé du fait que nous devons prendre des décisions plus rapidement en Europe », a-t-il déclaré, disant être complètement au diapason sur cette question avec M. Macron. 

« Nous avons vu récemment avec les vaccinations qu'il y a beaucoup de questions sur l'efficacité européenne. Les débats ne vont pas disparaître », a-t-il prévenu, dans une critique à peine voilée en direction de la cheffe de la Commission européenne Ursula von der Leyen. 

La Commission, qui a négocié les précommandes de vaccins anti-Covid au nom des Vingt-Sept, est visée par un feu nourri de critiques suite aux retards de la campagne de vaccinations. 

Les deux hommes avaient déjà discuté brièvement il y a un an en marge de la conférence annuelle sur la sécurité, grand-messe annuelle des questions de défense. 

« main dans la main »  

Au cours de la réunion, Mme Merkel et M. Macron ont fait le point sur l'accord industriel devant mener en 2026 à la réalisation d'un démonstrateur en vol du Système de combat aérien du futur (SCAF), programme-phare de la coopération de défense entre les deux pays.   

Ils comptent le valider « d'ici au printemps », selon le président français, ce qui permettrait de garantir l'avenir de ce projet qui progresse laborieusement et illustre la complexité de la coopération militaire entre les deux pays. Le quotidien allemand Handelsblatt a ainsi estimé vendredi que « le projet d'armement européen le plus important était en crise ».  

Mais Berlin et Paris, associés à Madrid, espèrent valider avant les élections allemandes en septembre et la présidentielle en France au printemps 2022 les contrats industriels d'étude (phase 1B) devant mener à un démonstrateur en vol du SCAF, qui doit remplacer à l'horizon 2040 les Rafale français et Eurofighter allemands et espagnols.  


Mandat d'arrêt contre Netanyahu: Barrot évoque des «questions d'immunité» pour «certains dirigeants»

Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, interrogé mercredi sur la possibilité d'une arrestation en France du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visé par un mandat d'arrêt de la Cour Pénale internationale (CPI), a évoqué de possibles "questions d'immunité" pour "certains dirigeants" prévues par le traité de Rome. (AFP)
Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, interrogé mercredi sur la possibilité d'une arrestation en France du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visé par un mandat d'arrêt de la Cour Pénale internationale (CPI), a évoqué de possibles "questions d'immunité" pour "certains dirigeants" prévues par le traité de Rome. (AFP)
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  • "La France est très attachée à la justice internationale et appliquera le droit international, qui repose sur ses obligations à coopérer avec la CPI"
  • Tout en soulignant que le statut de la cour "traite des questions d'immunité sur certains dirigeants"

PARIS: Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, interrogé mercredi sur la possibilité d'une arrestation en France du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, visé par un mandat d'arrêt de la Cour Pénale internationale (CPI), a évoqué de possibles "questions d'immunité" pour "certains dirigeants" prévues par le traité de Rome.

"La France est très attachée à la justice internationale et appliquera le droit international, qui repose sur ses obligations à coopérer avec la CPI", a déclaré M. Barrot sur franceinfoTV, tout en soulignant que le statut de la cour "traite des questions d'immunité sur certains dirigeants". "C'est en dernier ressort à l'autorité judiciaire qu'il appartiendra de se prononcer", a-t-il ajouté.


Macron empoche une victoire diplomatique avec le cessez-le-feu au Liban

Il œuvrait depuis des semaines avec Washington à une trêve. L'annonce du cessez-le-feu au Liban offre à Emmanuel Macron une rare victoire diplomatique au Proche-Orient. (AFP)
Il œuvrait depuis des semaines avec Washington à une trêve. L'annonce du cessez-le-feu au Liban offre à Emmanuel Macron une rare victoire diplomatique au Proche-Orient. (AFP)
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  • "Pour la France, c'est un succès", abonde Agnès Levallois, vice-présidente de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, en rappelant la douche froide de septembre où la même initiative avait été torpillée
  • Emmanuel Macron, qui s'était alors beaucoup impliqué au côté des Etats-Unis durant l'Assemblée générale des Nations unies, "avait vraiment pris ça comme une gifle", ajoute-t-elle

PARIS: Il œuvrait depuis des semaines avec Washington à une trêve. L'annonce du cessez-le-feu au Liban offre à Emmanuel Macron une rare victoire diplomatique au Proche-Orient, à quelques jours d'une visite d'Etat en Arabie saoudite.

"C'est un retour inespéré de la diplomatie française. Le Liban réhabilite le rôle de la France au Proche-Orient", résume à l'AFP Hasni Abidi, directeur du Centre d'études sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.

"Pour la France, c'est un succès", abonde Agnès Levallois, vice-présidente de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, en rappelant la douche froide de septembre où la même initiative avait été torpillée au dernier moment par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Emmanuel Macron, qui s'était alors beaucoup impliqué au côté des Etats-Unis durant l'Assemblée générale des Nations unies, "avait vraiment pris ça comme une gifle", ajoute-t-elle.

Les Français sont restés depuis activement engagés dans les négociations, de concert avec les Américains, même si les Israéliens ont "voulu les en faire sortir", souligne une source française proche du dossier.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dont les relations avec le président français sont notoirement tendues, a d'ailleurs, mardi soir, avant tout remercié l'américain Joe Biden "pour son implication" dans la trêve.

Le locataire sortant de la Maison Blanche a en revanche salué son homologue français pour "son partenariat" dans la négociation, entre Israël et le Hezbollah.

"Besoin de nous" 

Selon plusieurs sources sollicitées par l'AFP, Américains et Libanais ont insisté pour que la France reste dans le jeu en raison notamment de ses contacts avec le mouvement chiite libanais et l'Iran, qui le soutient.

"Les Américains avaient besoin de nous pour le Hezbollah", affirme un diplomate français. "Ils ont essayé de jouer (tout seuls) mais ça n'a pas marché donc les Français ont apporté leur plus-value traditionnelle", dit-il.

La France, en perte de vitesse ces dernières années au Moyen-Orient, retrouve ainsi sa "place traditionnelle" entre les différents acteurs de la région, relève-t-il. "De ce point de vue là, c'est une victoire".

Selon Hasni Abidi, les Libanais ont de leur côté "insisté sur la présence de la France car ils ne font pas confiance aux Américains, qui ont montré leur alignement total sur la position israélienne".

L'annonce tombe en tout cas à pic pour Emmanuel Macron, en mauvaise posture en France depuis la dissolution ratée de l'Assemblée nationale en juin et qui espère retrouver du souffle sur la scène internationale.

Le chef de l'Etat a jusqu'ici rarement été récompensé de ses efforts diplomatiques, de la Libye à l'Ukraine, où il a même essuyé de vives critiques pour avoir continué à dialoguer avec Vladimir Poutine après le début de l'offensive russe en février 2022.

Sans oublier le Liban, ancien protectorat français, où Emmanuel Macron a tenté en vain depuis 2020 de résoudre la crise institutionnelle qui paralyse le pays en mettant la pression sur ses responsables politiques.

"Mission délicate" 

Une telle annonce à quelques jours de sa visite d'Etat en Arabie saoudite, du 2 au 4 décembre, constitue aussi un atout potentiel pour le président français.

Il peut "essayer d'embarquer les Saoudiens" en faveur d'une stabilisation du Liban, notamment financière, même si le prince héritier Mohammed ben Salmane n'a peut-être "pas (forcément) cet objectif", esquisse Agnès Levallois.

Au-delà de l'annonce, le chemin s'annonce encore long pour la mise en œuvre effective du cessez-le-feu sur le terrain même si Paris et Washington vont "veiller" à ce que ce soit le cas.

Benjamin Netanyahu a d'ores et déjà annoncé qu'Israël conserverait une "totale liberté d'action militaire" au Liban, "en accord" avec les Etats-Unis, et "répondra" si le Hezbollah viole la trêve.

"Concrètement, comment les choses vont-elle se passer s'il y a un problème ?", s'interroge Agnès Levallois en notant que l'armée libanaise n'aura "pas beaucoup de moyens" pour faire tampon entre le mouvement chiite et l'armée israélienne.

Face à tous ces enjeux, "la France est face à une mission délicate: conserver son indépendance et sa ligne d'influence tout en gardant la confiance de tous les acteurs", avertit Hasni Abidi.


Mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu: la France «doit appliquer les règles», estime Braun-Pivet

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.  L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire. L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
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  • La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif
  • "A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio

PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a estimé mardi qu'en tant que signataire du statut de la Cour pénale internationale, la France "doit appliquer les règles" et arrêter le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s'il venait sur le territoire hexagonal.

"A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio.

La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"C'est toute la difficulté de la justice internationale (...), c'est quand même compliqué d'avoir une justice qui n'est pas reconnue par tous", a estimé la présidente de l'Assemblée française, défendant néanmoins "la stricte application du droit".

"En vertu de la séparation des pouvoirs, je n'ai pas d'injonction à faire au gouvernement et au pouvoir exécutif", a-t-elle précisé, "mais, en tout état de cause, il nous faut tirer les conséquences de cette adhésion à la CPI, évidemment".

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.

L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI.

A l'inverse, la Hongrie a invité le chef du gouvernement israélien en signe de défiance.