L'anthropologie pour tous, une initiative de l'Égyptienne Farah Hallaba

L'anthropologue Farah Hallaba (Photo, fournie).
L'anthropologue Farah Hallaba (Photo, fournie).
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Publié le Mercredi 03 février 2021

L'anthropologie pour tous, une initiative de l'Égyptienne Farah Hallaba

  • Populariser l'anthropologie dans les pays arabes est l'objectif de Farah Hallaba
  • Plaidant en faveur d'une anthropologie indigène, la jeune Égyptienne met en lumière les spécificités de la classe moyenne égyptienne

BEYROUTH: L'anthropologie est peu connue du grand public. Son importance est toutefois vitale et fondamentale à bien des égards. Claude Lévi-Strauss explique, en ce sens, que le but premier de cette discipline est d'analyser et d'interpréter les différences.

De manière novatrice et ingénieuse, Farah Hallaba s'attelle à démocratiser cette discipline par le biais de vidéos en langue arabe, publiées sur les réseaux sociaux.

Anthropology bel 3araby: une série de vidéos instructive

Farah Hallaba n'était pas destinée à étudier l'anthropologie. Elle a découvert cette discipline par hasard, grâce à la scène culturelle underground en Égypte. Passionnée de cinéma et de tout ce qui a trait au visuel, elle a été acceptée en master d'anthropologie sociale et visuelle à l'université de Kent en Grande-Bretagne. «Mon entourage et mes amis ont commencé naturellement à me demander ce qu'était l'anthropologie. Je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas de contenu accessible, pédagogique et instructif en arabe concernant l'anthropologie.»

Elle a ainsi eu l'idée de fonder une page dédiée à l'archéologie sur You Tube puis sur Instagram en novembre 2019. «J'ai commencé à contempler le monde par le biais de l'anthropologie. J'ai voulu rendre cette discipline accessible au grand public. L'idée est de faire naître des vocations ou tout simplement d'éveiller la curiosité de mes auditeurs.»

Les épisodes de Farah Hallaba sont d'une grande richesse. Pédagogue, elle a le don d'expliquer des notions et des concepts, qu'elle adapte à son audience arabe.

Anthropology bel 3araby, c'est enfin, et surtout, une démarche qui accorde de l'importance aux différences. Les épisodes permettent aux auditeurs de ne pas tomber dans le piège des certitudes et des idées reçues, et de ne pas considérer leurs pratiques sociales et culturelles comme universelles. «Prenons la question du rapport à la mort; on pense initialement que c'est quelque chose d'universel. Or, il y a des cultures qui célèbrent la mort.»

Farah Hallaba appelle à la prise en compte de l'anthropologie dans les politiques publiques. «L'architecture informelle produit des relations culturelles et sociales. Cet apport est négligé lors des décisions conduisant à implanter une population donnée dans de nouvelles zones résidentielles. D'où l'échec de ce type de projet à moyen terme. L'anthropologie permet d'y remédier.»

Un regard anthropologique sur la classe moyenne égyptienne

Son mémoire porte sur l'étude de la notion de moralité au sein de la classe moyenne. «L'anthropologie indigène est nécessaire car elle permet de ne pas tomber dans le travers orientaliste de certains anthropologues étrangers. J'ai découvert qu'il y a des Égyptiens très riches qui se considèrent comme faisant partie de la classe moyenne. Le critère déterminant est pour eux la moralité. Ils estiment qu'il s'agit de la classe sociale la plus intègre et pure.»

Elle a souhaité développer cette thématique en fondant un site collaboratif, MiddleClassEgypt, en partenariat avec le photographe Ali Zaraay. «En Égypte, la société est surtout divisée en classes sociales. Nos études portent sur les raisons pour lesquelles les Égyptiens s'identifient à une classe donnée. Ali Zaraay faisait de l'anthropologie visuelle sans le savoir! Il s'intéresse depuis cinq ans au mode de vie des nomades en Égypte. Je ne savais pas qu'il y avait des nomades dans mon propre pays !»

Cette identité est bien ancrée dans la société égyptienne. «Mohammad Homsi avait un programme populaire – Yawmiyat Wanis – avec lequel il avait pour but d'éduquer la population selon les critères de la moralité de la classe moyenne.»

Farah Hallaba a pour ambition de continuer le travail collaboratif. Elle organise en février deux ateliers de travail consacrés à l'anthropologie visuelle et à l'identité de classe.


Cannes: la flamme olympique, star des marches

Cette photo montre la vasque de la flamme olympique lors d'une cérémonie dans le cadre des relais de la flamme olympique, à Pau, dans le sud-ouest de la France, le 20 mai 2024, avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. (AFP).
Cette photo montre la vasque de la flamme olympique lors d'une cérémonie dans le cadre des relais de la flamme olympique, à Pau, dans le sud-ouest de la France, le 20 mai 2024, avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. (AFP).
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  • La flamme olympique des JO de Paris fera une apparition remarquée mardi sur le tapis rouge du 77e Festival de Cannes, aux côtés notamment de Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni pour "Marcello Mio" du Français Christophe Honoré
  • Sa "montée des marches" débutera autour de 18h00 (16H00 GMT). A 99 jours des Jeux paralympiques (28 août-8 septembre), ce sont quatre athlètes s'étant illustrés dans des disciplines paralympiques qui auront l'honneur de porter la torche

CANNES: La flamme olympique des JO de Paris fera une apparition remarquée mardi sur le tapis rouge du 77e Festival de Cannes, aux côtés notamment de Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni pour "Marcello Mio" du Français Christophe Honoré.

Sa "montée des marches" débutera autour de 18h00 (16H00 GMT). A 99 jours des Jeux paralympiques (28 août-8 septembre), ce sont quatre athlètes s'étant illustrés dans des disciplines paralympiques qui auront l'honneur de porter la torche.

Arnaud Assoumani, champion paralympique de saut en longueur en 2008 à Pékin, entamera la montée. Il sera relayé par Alexis Hanquinquant, en or en para triathlon à Tokyo en 2021, Nélia Barbosa, vice-championne paralympique de kayak au Japon, et Marie Patouillet, double médaillée de bronze en paracyclisme en 2021.

Seront également présents Tony Estanguet, président du comité d'organisation des JO de Paris 2024, et les sportifs et anciens sportifs Marie-José Perec (athlétisme), Thierry Rey (judo) et Iliana Rupert (basket).

Evénement cinématographique oblige, cette montée des marches sera l'occasion de révéler qui réalise le film officiel des Jeux, dont le coup d'envoi sera donné le 26 juillet (jusqu'au 11 août).

Dans la foulée, à 19h30, sera diffusé le documentaire "Olympiques! La France des Jeux" de Mickaël Gamrasni, qui revient sur plus d'un siècle de participation française aux JO, depuis leur création en 1896.

Brahim Asloum, Félicia Ballanger, David Douillet, Guy Drut, Laura Flessel, Jean Galfione, Laure Manaudou... Vingt-sept championnes et champions olympiques et paralympiques français témoignent dans ce long-métrage narré par l'actrice Marion Cotillard.

Sorrentino sur Naples

En compétition, trois films seront présentés mardi.

Dans "Marcello Mio", également en salles à partir de mardi soir, Chiara Mastroianni entre dans la peau de son père, Marcello Mastroianni, troublant ceux qui ont connu l'acteur de "La Dolce vita", à commencer par son ancienne compagne et mère de Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve.

Sont également au casting Nicole Garcia, Benjamin Biolay, Melvil Poupaud et Fabrice Luchini.

On attend également l'Italien Paolo Sorrentino pour son nouveau film sur Naples, "Parthénope", héroïne suivie de sa naissance dans les années 1950 à nos jours, et "Anora", jeune strip-teaseuse de Brooklyn mariée au fils d'un oligarque russe, de l'Américain Sean Baker.

Après sept jours de projections, "Emilia Perez" fait partie des favoris pour succéder à "Anatomie d'une chute" de la Française Justine Triet, et offrir une deuxième Palme d'or à son réalisateur français également, Jacques Audiard, après "Dheepan" (2015).

Parmi les autres long-métrages loués par la critique, "The Substance", film d'horreur féministe de la Française Coralie Fargeat avec une Demi Moore à contre-emploi. Mais aussi le très cinéphile "Caught by the Tides" du Chinois Jia Zhang-Ke, qui agrège 25 ans d'images, et "Kinds of Kindness", film à sketches avec Emma Stone signé Yorgos Lanthimos, cinéaste grec devenu chouchou d'Hollywood avec "La favorite " et "Pauvres créatures".

A l'inverse, "Megalopolis", le projet pharaonique et testamentaire de l'Américain Francis Ford Coppola, a profondément déçu, même si certains critiques américains veulent le sauver.

L'idée d'une troisième Palme d'or, du jamais vu, semble hypothétique. A moins que: en 1979, il avait obtenu sa deuxième Palme pour "Apocalypse Now", descendu en flèche par la critique.

"L'amour ouf" du Français Gilles Lellouche, avec le couple tricolore Adèle Exarchopoulos/François Civil, et "Les graines du figuier sauvage" de l'Iranien Mohammad Rasoulof sont par ailleurs très attendus jeudi et vendredi.

Le palmarès sera rendu le 25 mai.


Le tramway centenaire d'Istanbul fait peau neuve

Héritiers de cette période, les vénérables tramways d'Istiklal, mis en service en 1914, ont régulièrement subi des retouches, sans jamais trahir leur plastique. (AFP).
Héritiers de cette période, les vénérables tramways d'Istiklal, mis en service en 1914, ont régulièrement subi des retouches, sans jamais trahir leur plastique. (AFP).
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  • Au terminus de la ligne, une cinquantaine de personnes se pressent à l'avant du tramway, prêt à se lancer à petite vitesse sur la célèbre artère piétonne, longue de 1,4 km
  • Remis en service en 1990 lorsque l'avenue Istiklal a été fermée aux voitures, le "tramway nostalgique", tel qu'il est baptisé, est devenu l'emblème de la plus longue artère commerçante de la rive européenne d'Istanbul

ISTANBUL: Une cure de jouvence: l'emblématique tramway rouge et blanc de la longue avenue Istiklal d'Istanbul, chouchou des touristes, s'apprête à céder sa place à une version modernisée mais fidèle à son esthétique originelle. Perdra-t-il son cachet?

Au terminus de la ligne, une cinquantaine de personnes se pressent à l'avant du tramway, prêt à se lancer à petite vitesse sur la célèbre artère piétonne, longue de 1,4 km.

Assise au dernier rang, une touriste anglaise s'enthousiasme, téléphone en mode selfie, pour cette balade à bord du tramway de nouvelle génération, qui cohabitera une année avec son aïeul centenaire, le temps des essais.

Remis en service en 1990 lorsque l'avenue Istiklal a été fermée aux voitures, le "tramway nostalgique", tel qu'il est baptisé, est devenu l'emblème de la plus longue artère commerçante de la rive européenne d'Istanbul, arpentée chaque jour par un flot ininterrompu de touristes et de Stambouliotes.

Jusqu'à l'effondrement de l'Empire ottoman dans les années 1920, la Grande Rue de Péra, comme elle était nommée, était aussi le coeur de ce qui était alors le quartier cosmopolite de la ville, habité par de nombreux chrétiens et juifs.

Nostalgie et technologie

Héritiers de cette période, les vénérables tramways d'Istiklal, mis en service en 1914, ont régulièrement subi des retouches, sans jamais trahir leur plastique.

Le nouveau tramway, du plancher en bois aux sièges à dossier réversible, reste fidèle à l'allure de son ancêtre, auquel la mairie d'Istanbul dit vouloir offrir une retraite dans un musée des transports encore au stade de projet.

"C'est une très bonne chose qu'ils modernisent le tram, le nouveau n'a pas modifié le côté nostalgique de l'ancien", se réjouit Gönul Mürtekin, une habitante du quartier qui voyage avec son petit-fils.

"Avec le système à batteries, nous faisons beaucoup d'économies d'énergie", affirme de son côté Ali Tugrul Küçükalioglu, directeur des transports électriques d'Istanbul, qui précise qu'un tramway pourra "rouler deux jours avec une seule batterie".

Cette économie d'énergie fait partie des engagements écologiques du maire d'opposition de la ville, Ekrem Imamoglu, dont les équipes souhaitent démanteler les lignes d'alimentation qui flottent au-dessus de l'avenue.

« Ruine le côté traditionnel »

Le remplacement des lignes aériennes par des batteries intégrées présente un autre avantage, selon M. Küçükalioglu: "Pendant les fêtes nationales, le tram avait des difficultés à circuler à cause des drapeaux accrochés", affirme-t-il.

Autre innovation de la réplique: deux caméras miroirs filment de part et d'autre du véhicule en remplacement des anciens rétroviseurs, offrant aux conducteurs une meilleure visibilité et leur permettant de conduire assis.

Sans ses rétroviseurs latéraux, le tramway a aussi pu être élargi.

Mais surtout, il a été dépouillé de ses barres extérieures latérales qui offraient une accroche aux plus téméraires.

"Cela présentait un risque pour eux et pour nos conducteurs", justifie M. Küçükalioglu.

"Lorsque les touristes veulent s'accrocher au tram, ils n'y arrivent pas comme les Turcs. J'en ai vu plusieurs tomber et se blesser au visage: le nouveau tram est donc meilleur", abonde Yusuf Deniz, jeune vendeur de marrons grillés de la grande place Taksim, au terminus de la ligne.

Ahmet Hüseyin, 16 ans, regrette lui de ne plus pouvoir faire le voyage à l'air libre, agrippé au flanc du tramway.

"Ça ruine le côté traditionnel du Taksim d'avant", estime le lycéen.


Goodbye Julia, grand gagnant des Prix de la critique pour les films arabes à Cannes

La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
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  • Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, a remporté trois prix
  • Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama

DUBAÏ: Goodbye Julia, du réalisateur soudanais Mohamed Kordofani, a remporté les prix du meilleur long métrage et du meilleur scénario lors de la 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes, qui s’est déroulée samedi en marge du festival du Festival de Cannes.

Le compositeur franco-tunisien Amin Bouhafa, qui a travaillé sur Hajjan, a remporté le prix de la meilleure musique pour ce film qui se déroule en Arabie saoudite.

Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, qui n’a pas remporté le prix du meilleur documentaire aux Oscars cette année, a remporté trois récompenses: meilleure réalisatrice pour Ben Hania, meilleur documentaire et meilleur montage.

Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama.

L’acteur palestinien Saleh Bakri a décroché le prix du meilleur acteur pour son rôle dans The Teacher, tandis que I Promise You Paradise, du cinéaste égyptien Morad Mostafa, est arrivé premier dans la catégorie du meilleur court métrage.

La cérémonie de remise des prix est organisée par le Centre du cinéma arabe (Arab Cinema Center, ACC), situé au Caire. Les vainqueurs sont élus par un jury de 225 critiques venus de plus de 70 pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com