LONDRES: Un anthropologue irano-britannique condamné à la prison à Téhéran, Kamil Ahmadi, a raconté mercredi à des médias britanniques son évasion rocambolesque d'Iran pour rejoindre le Royaume-Uni à travers les montagnes.
« Je suis juste parti. J'ai fait un sac avec un kit de rasage, quelques livres et un ordinateur », a raconté l'universitaire à la BBC. Il a expliqué avoir franchi la frontière clandestinement, en passant par les montagnes. C'était « très froid, très long, très sombre et très effrayant », a-t-il décrit.
Kamil Ahmadi avait été libéré en novembre après trois mois de détention provisoire. Il faisait l'objet d'une « enquête préliminaire » sur des soupçons de « liens avec des pays étrangers et des instituts affiliés à des services (de renseignement) étrangers ».
Il avait été condamné en décembre à neuf ans de prison pour avoir reçu des « fonds illégaux » pour des projets menés par des « institutions subversives ».
Libéré sous contrôle judiciaire en attentant l'examen de son appel, il a décidé de s'échapper. Il a emprunté des chemins enneigés utilisés pour la contrebande de produits de Turquie et d'Irak, qu'il connaissait car étant lui-même Kurde.
Auteur d'un livre publié en anglais et intitulé « Au nom de la tradition : mutilations génitales féminines en Iran », Ahmadi a travaillé sur des sujets comme le mariage temporaire spécifique à l'islam chiite, ou encore le mariage précoce des jeunes filles en Iran.
Ahmadi a déclaré à la BBC qu'en tant que détenteur de la double nationalité et « chercheur qui creusait des questions sensibles », il avait toujours su qu'il risquait d'être arrêté.
Dans un entretien au quotidien The Guardian, il a expliqué avoir décidé de fuir le pays pour voir grandir son fils.
« Une fois condamné, j'avais le choix entre rester et ne pas voir ma famille et mon enfant de quatre ans jusqu'à ses 14 ans, ou prendre le risque de fuir » a-t-il dit au journal.
Son retour au Royaume-Uni, c'est comme de « revenir dans mon autre maison » après avoir été « forcé de quitter un endroit où je pensais pouvoir faire une différence », a-t-il confié à la chaîne de télévision Channel 4.
Il a raconté avoir été détenu 100 jours à l'isolement à la prison d'Evine, au nord de Téhéran. Il a décrit avoir été détenu dans une « petite pièce » en arrivant même à attendre les interrogatoires pour avoir un contact humain, « la seule distraction » possible et sa « seule bouée de sauvetage ». Il vit désormais à Londres, selon The Guardian. En Iran, son appel a été rejeté en son absence lundi.
Une autre Irano-britannique, Nazanin Zaghari-Ratcliffe, est aux mains de la justice iranienne depuis 2016. Accusée d'avoir cherché à renverser le régime de Téhéran, ce qu'elle conteste, cette employée de la Fondation Thomson Reuters - la branche philanthropique de l'agence de presse canado-britannique du même nom -, se trouve actuellement placée sous bracelet électronique.