AL-MUKALLA: Le premier ministre du Yémen Maeen Abdel Malik Saeed a fustigé lundi un rapport de l’ONU qui accuse la Banque centrale du pays de corruption.
Saeed affirme que la méthodologie employée est erronée, et que le dépôt saoudien de 2 milliards de dollars à la Banque de Aden a «considérablement atténué la crise humanitaire» dans le pays.
Dans le document présenté la semaine dernière au Conseil de sécurité de l'ONU, le Groupe d'experts sur le Yémen révèle que la Banque centrale a aidé un nombre de commerçants yéménites à réaliser 423 millions de dollars de bénéfices. Le procédé a manipulé le marché des changes, et a fait passer «le dépôt saoudien par un système sophistiqué de blanchiment d'argent».
Dans une conférence de presse à Aden, Saeed a déclaré aux journalistes que son gouvernement reste circonspect quant aux accusations contenues dans le rapport. Il coopère, dit-il, avec les vérificateurs internationaux qui doivent examiner les opérations de la Banque, particulièrement au sujet du dépôt saoudien.
«Le principe du gouvernement est la transparence absolue», a-t-il ajouté. «Nous émettons des réserves quant aux résultats du rapport».
Le premier ministre a critiqué le rapport des Nations Unies que la gestion du dépôt par le gouvernement, ainsi que les mesures pour contrer les effets de la dépréciation du riyal yéménite sur les prix des produits de base sont inefficaces. «Les conclusions du rapport se basent sur une méthodologie erronée. Il qualifie (notre) politique de subvention des produits de base de stratégie destructrice, mais comment? sommes-nous censés laisser notre peuple mourir de faim?»
EN BREF
Saeed rappelle que la sécurité alimentaire était menacée en 2018, ce qui a incité l'Arabie saoudite à déposer la somme. «Le dépôt saoudien a considérablement atténué la crise humanitaire», ajoute-t-il.
Le Parlement du Yémen enquête au sujet des allégations de l'ONU, a rapporté dimanche l'agence de presse officielle Saba.
Sultan Al-Barkani, président du Parlement, a dépêché une commission d’enquête, composée d’experts financiers et de fonctionnaires, à la Banque. Elle doit vérifier les opérations, interroger les employés, et informer la présidence du Parlement de ses conclusions.
La Chambre s'est engagée à traduire en justice tout fonctionnaire corrompu, ajoute Saba.
Le conglomérat familial yéménite Hayel Saeed Anam Group, qui a reçu une portion considérable du dépôt saoudien, est nommé dans le rapport de l'ONU.
«L'analyse du Groupe montre que le groupe Hayel Saeed Anam a réalisé un bénéfice d'environ 194,2 millions de dollars entre la mi-2018 et août 2020, avec pour seule base une lettre de crédit. Ce chiffre ne tient pas en compte les bénéfices tirés de l'importation et de la vente de produits de base», a-t-il déclaré.
Le conglomérat a nié les accusations de l'ONU dimanche, et s'est engagé à recruter des vérificateurs professionnels pour réfuter les allégations.
«HSA a pris connaissance d'un rapport publié par le Groupe d'experts», indique un communiqué confirmé par Arab News. «Il contient des allégations non fondées au sujet d'actes répréhensibles concernant le dépôt de l’Arabie saoudite. Nous rejetons fermement toutes ces théories. HSA compte à présent débuter une vérification indépendante à ce sujet».
«HSA souligne que la société a reçu la plus grande portion du dépôt saoudien uniquement en raison de son statut comme plus grand importateur et fabricant de produits alimentaires au Yémen».
Des journalistes, des militants et des politiciens yéménites ont réclamé au gouvernement une enquête indépendante sur les accusations d corruption émises par l’ONU. Ils insistent que le public doit être informé des activités de la Banque.
«Nous exigeons une enquête auprès des responsables (corrompus) à la Banque centrale. Ceux qui sont impliqués doivent être poursuivis en justice», a tweeté Fatehi Ben Lazreq, rédacteur en chef du journal Aden Al-Ghad. «Les gens meurent de faim et ces (fonctionnaires) volent».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com