Covid-19: La France marche sur des oeufs

«La question d'un confinement se pose légitimement», avait déclaré vendredi soir le premier ministre Jean Castex (Photo, AFP).
«La question d'un confinement se pose légitimement», avait déclaré vendredi soir le premier ministre Jean Castex (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 31 janvier 2021

Covid-19: La France marche sur des oeufs

  • De nombreux experts sanitaires plaidaient pour une décision plus radicale face à la propagation du variant anglais plus contagieux
  • «Actuellement, l'hôpital se remplit petit à petit mais ce n'est pas une augmentation exponentielle»

PARIS: Pas (encore?) de troisième confinement mais des mesures de restriction renforcées: la France entre dimanche dans une nouvelle phase de la lutte contre l'épidémie de Covid-19, en se demandant combien de temps cette situation va durer.
La nouvelle mesure la plus visible pour les Français est la fermeture des centres commerciaux non-alimentaires de plus de 20 000 m2, annoncée par surprise vendredi soir par le Premier ministre Jean Castex, alors que le pays s'attendait à un reconfinement.
«Près de 400 centres commerciaux ou magasins sont concernés», a annoncé le ministère de l'Économie samedi, après une réunion avec les représentants du secteur.
Dans les centres commerciaux, les enseignes alimentaires pourront rester ouvertes, de même que les pharmacies, mais leur surface sera quand même prix en compte pour déterminer le seuil fatidique de fermeture: «Les 20 000 mètres carrés se calculent en additionnant l'ensemble des surfaces des commerces, alimentaires ou non », selon Bercy.
Des lieux emblématiques sont concernés, comme Le Forum des Halles à Paris, la Part-Dieu à Lyon ou Euralille à Lille.
Si une forte affluence a été enregistrée dans les centres commerciaux concernés, des vendeurs ont jugé difficile de dire si elle était motivée par la fermeture prochaine ou par le fait qu'on était un samedi de soldes.

«Annonces mineures»

«J'ai confiance en nous. Les heures que nous vivons sont cruciales. Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble», a de son côté tweeté le Président de la République, Emmanuel Macron, en fin de journée.

COVID: Plus de 24 000 cas en 24h... Hospitalisations à un niveau élevé

La France a enregistré plus de 24 000 nouveaux cas de Covid-19 dans les dernières 24 heures, selon la Santé publique France, avec un nombre d'hospitalisations à un niveau toujours élevé, comme celui des patients en réanimation.

Un total de plus de 75 862 morts a été enregistré depuis le début de l'épidémie.

Quatre semaines après le début de la vaccination en France, près de 1,48 million de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin. Parmi elles, environ 41000 avaient reçu les deux doses

Malgré une situation épidémique jugée «préoccupante», le gouvernement a décidé un vendredi soir de jouer une dernière carte pour éviter un troisième confinement, en renforçant plusieurs mesures de restriction.

«La question d'un confinement se pose légitimement», avait déclaré vendredi soir Jean Castex lors d'une prise de parole inattendue, à l'issue d'un Conseil de défense autour d'Emmanuel Macron.
Mais «nous en connaissons l'impact très lourd sur tous les plans» et «nous pouvons encore nous donner une chance d'éviter le confinement», avait-il assuré.
Parmi les nouvelles mesures, le gouvernement a décidé de fermer les frontières aux pays extérieurs à l'UE à partir de dimanche 00H00, «sauf motif impérieux».
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a envoyé un télégramme aux préfets pour leur demander de «prendre sans délai toutes dispositions de nature à faire respecter très strictement ces nouvelles règles»
Mais toutes ces annonces ont été jugées trop faibles par certains élus de l'opposition.
«Je trouve particulièrement dangereux de jouer sur la corde psychologique des Français en faisant monter la menace du confinement ces derniers jours pour finalement envoyer à la volée un Premier ministre embarrassé faire des annonces mineures», a tweeté le chef de file des députés LR, Damien Un mauvais.
Le choix de ne pas reconfiner, en tout cas pas encore, interroge également la communauté médicale. De nombreux experts sanitaires plaidaient pour une décision plus radicale face à la propagation du variant anglais plus contagieux, qui était désormais 10% des cas en France.

L'Agence italienne du médicament: Prudente sur le vaccin AstraZeneca

ROME: L'Agence italienne du médicament (AIFA) a autorisé samedi le vaccin d'AstraZeneca contre la Covid-19 pour tous les adultes, mais recommandé des alternatives pour les plus de 55 ans.

«L'AIFA autorise le vaccin AstraZeneca pour la prévention de la maladie Covid-19 chez les plus de 18 ans, conformément à la recommandation de l'EMA», l'Agence européenne des médicaments, at-elle indiqué, notant cependant «un degré d'incertitude» concernant l'efficacité pour les plus de 55 ans, car ce groupe d'âge est« mal représenté» dans les essais.

En conséquence, l'Agence recommande «un usage préférentiel du vaccin AstraZeneca, en attendant plus de données, pour les sujets âgés de 18 à 55 ans», et conseille «l'usage préférentiel des vaccins à ARN messager pour des sujets plus âgés et / ou plus fragiles ».

La décision de l'AIFA intervient au lendemain du feu vert donné par l'Agence européenne des médicaments à utiliser dans l'Union européenne du vaccin AstraZeneca / Oxford pour toutes les personnes âgées de 18 ans et plus.

Mais l'autorité vaccinale allemande n'a recommandé ce vaccin que pour les personnes âgées de moins de 65 ans, en raison d'un manque de données pour les plus âgés.

«Reculer pour moins bien sauter»

«Ce n'est pas reculer pour mieux sauter, c'est reculer pour moins bien sauter: plus vous reculez, plus ça monte --et ça va monter--, et plus ça va être dur», a déploré samedi sur BFMTV le Pr Gilbert Deray, chef du service de néphrologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
«C'est une stratégie équilibrée», a tempéré sur la même chaîne Frédéric Adnet, chef des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny. «Actuellement, l'hôpital se remplit petit à petit mais ce n'est pas une augmentation exponentielle».
Pour certains médecins, un reconfinement est cependant inexorable.
«On voit bien qu'il y a une volonté d'attendre, probablement pour faire concorder une décision de restrictions supplémentaires avec les vacances de février», qui commence le 6 février pour la zone A, a commenté sur LCI Bruno Megarbane, chef du service de réanimation médicale et toxicologique de l'hôpital Lariboisière à Paris.
«Ça va être un confinement d'au moins un mois, donc il faut peser la nécessité», a-t-il ajouté.
Les annonces du gouvernement ont cependant fait des heureux, notamment chez les petits commerçants qui ne vont pas rejoindre pour l'instant les débits de boissons, restaurants et lieux culturels fermés depuis fin octobre.
Le gouvernement, «en conciliant exigences sanitaires et économiques, tire les leçons des premiers confinements. Des mesures de freinage plutôt qu'un confinement trop dur qui aurait provoqué un effondrement de l'économie», a réagi sur Twitter le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.
Des conséquences économiques auxquelles certains ont voulu échapper en contournant les règles: 24 restaurants clandestins ont été découverts jeudi et vendredi à Paris et vont faire l'objet d'une fermeture administrative de 15 jours, a indiqué samedi la préfecture de police (PP).


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.