Les rescapés de 2020 ont accueilli avec soulagement les campagnes de vaccination contre la Covid-19, et qui ont fait miroiter au bout du tunnel de cette annus horribilis un peu de lumière, fruit d'une collaboration mondiale inégalée entre scientifiques, microbiologistes, virologues et compagnies pharmaceutiques.
Puis, coup de théâtre. Ou deux. Un nouveau variant du virus fait irruption, alors même que les populations baissent la garde à travers le monde, ce qui provoque de nouveaux pics d’infections, et donc de décès.
Si la bataille contre le coronavirus à l’origine de la Covid-19 touche à sa fin, elle est hélas loin d'être terminée. Comme nous l’apprennent les matches de football, les quatre-vingt-dix minutes peuvent bien s’écouler, c’est la mort subite qui fait la loi dans les prolongations.
Il faut donc faire preuve de davantage de prudence.
Et de conscience.
Et de vigilance.
Chaque matin dévoile les visages endeuillés de nos collègues et de nos amis, sombre rappel quotidien de l’importance des campagnes de vaccination et des mesures préventives.
Chaque matin brosse un tableau funeste des erreurs et décline leurs conséquences coûteuses, que ce soit dans les sociétés développées telles que le Royaume-Uni ou l'Union européenne, ou dans celles, moins développées, comme le Liban.
Le monde a bénéficié de dix mois pour se préparer à l’arrivée des vaccins, un sursis accordé par les stades de développement et d’essais cliniques. Mais certains pays ont lamentablement échoué dans leur évaluation de la situation, ou ont succombé aux discours de polarisation politique.
Le général américain de la Seconde Guerre mondiale Omar Bradley le dit: «Les amateurs étudient la stratégie, les professionnels étudient la logistique». Nulle personne saine d’esprit ne remettrait en question la stratégie de vaccination. En revanche, la question de taille est celle de savoir comment rendre les doses accessibles au plus grand nombre de personnes.
Le moment ne se prête guère aux querelles et au blâme, nous sommes tous logés à la même enseigne. L'Arabie saoudite, consciente des enjeux, va donc fournir le vaccin au Yémen et à d'autres pays moins nantis. «Nous négocions avec de nombreuses compagnies pharmaceutiques pour fournir davantage de vaccins, en particulier aux pays à faible revenu», a affirmé le ministre saoudien des Finances, Mohammed al-Jadaan, lors du Forum économique mondial virtuel de Davos.
Ce virus ne reconnaît pas les frontières géopolitiques, ni les lignes de démarcations tracées par les hommes. Un virus n’a pas de religion, il ne vous épargnera donc pas en vertu de la vôtre.
Il est par conséquent tragique de voir certains pays pratiquer une discrimination entre les populations en attente d’inoculation.
Faisal J. Abbas
Rien ne peut excuser Israël qui se vante du succès de sa campagne, et qui refuse le vaccin aux Palestiniens, dans une des illustrations les plus grossières et inimaginables du racisme.
C’est ensemble que nous gagnerons le combat contre la Covid-19, sinon nous perdrons tous la bataille. Pour que le vaccin soit efficace, nous devons être à la hauteur de nos responsabilités sociales. Nous devons veiller à ce que tout le monde soit protégé, nos voisins surtout, malgré les conflits, aussi considérables soient-ils.
Combattre un virus biologique mortel est déjà assez difficile, mais la haine et la discrimination sont tout aussi virales, ne les répandons pas.
Faisal J. Abbas est le rédacteur en chef de Arab News.
Twitter: @FaisalJAbbas.
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com