Au Liban, la rue se déchaîne face à un président imperturbable

Les forces de sécurité libanaises utilisent des canons à eau pour disperser des manifestants devant le Sérail, siège du gouvernorat du Liban-Nord, lors des manifestations en cours dans la ville portuaire de Tripoli, dans le nord du Liban, le 27 janvier 2021 (Photo, AFP).
Les forces de sécurité libanaises utilisent des canons à eau pour disperser des manifestants devant le Sérail, siège du gouvernorat du Liban-Nord, lors des manifestations en cours dans la ville portuaire de Tripoli, dans le nord du Liban, le 27 janvier 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 28 janvier 2021

Au Liban, la rue se déchaîne face à un président imperturbable

  • Aucun progrès n’a été réalisé car Aoun s’oppose au cabinet de 18 ministres proposé par Hariri
  • Mercredi matin, les chauffeurs de taxi-fourgonnettes, empêchés de travailler par le couvre-feu en cours, ont bloqué la route stratégique de Dahr el-Baïdar qui relie Beyrouth et la Bekaa

BEYROUTH: Le commandement de l'armée libanaise a déclaré que 31 soldats ont été blessés lors d'affrontements violents avec des manifestants dans la ville de Tripoli, au nord du pays.

La rue s’est mobilisée à Tripoli, dans la banlieue sud de Dahieh à Beyrouth, et à la Bekaa pour protester contre les conditions de vie, après qu’un couvre-feu décrété pour contrer la propagation de la Covid-19 au Liban ait été prolongé jusqu'au 8 février.

Le commandement de l'armée a déclaré: «Des soldats ont été blessés après avoir été attaqués par des manifestants avec des pierres, des cocktails Molotov et des pétards. Des véhicules et du matériel militaires ont également été endommagés. Cinq personnes ont été arrêtées pour dommages aux propriétés publiques et privées, pour incitations aux émeutes, ainsi que pour agressions contre les forces de sécurité».

Mercredi matin, les chauffeurs de taxi-fourgonnettes, empêchés de travailler par le couvre-feu    en cours, ont bloqué la route stratégique de Dahr el-Baïdar qui relie Beyrouth et la Bekaa.

Les manifestations se sont poursuivies à Tripoli avec la participation de militants à Akkar dans l'extrême nord.

Ces manifestations seraient, d’après les médias locaux, «politiquement motivés».

Les émeutes coïncident avec une campagne menée par les partisans du président du Parlement Nabih Berri contre le président Michel Aoun sur les réseaux sociaux en réponse à un tweet d’un dirigeant du Mouvement patriotique libre, l’ancien ministre Mario Aoun: «Personne ne peut exclure le phénomène de Michel Aoun et nous ferons tout notre possible afin de prolonger son mandat présidentiel».

Son tweet était une réaction à un appel à des élections législatives anticipées de divers partis politiques, notamment les Forces libanaises et les Kataëb.

La formation d’un gouvernement est un casse-tête politique car la confiance du libanais en leurs leaders est perdue. Ils sont accusés de faire passer leurs intérêts personnels avant ceux du pays.

Le premier ministre désigné Saad Hariri a été chargé de former un nouveau gouvernement le 22 octobre. Aucun progrès n’a été réalisé car Aoun s’oppose au cabinet de 18 ministres proposé par Hariri.

Aoun a précédemment déclaré dans un communiqué que «nommer et répartir les ministres dans des portefeuilles ministériels n'est pas du tout un droit exclusif pour le premier ministre désigné, conformément à deux articles de la constitution», en ajoutant que le président «a le plein droit constitutionnel d’approuver l'ensemble du gouvernement avant de signer l’arrêté de la nomination du cabinet».

Dans un tweet mercredi, Hariri s'est dit préoccupé par le fait que «certaines personnes utilisent les souffrances et les conditions de vie difficiles du peuple libanais dans le but de transmettre des messages politiques à travers les manifestations».

Le député Anwar Al-Khalil s'est adressé à Aoun directement dans un tweet, le tenant «responsable d'avoir propulsé 60% des Libanais en dessous du seuil de la pauvreté, tandis que la seule chose qui vous importe est de conserver le siège de la présidence pour ensuite le léguer à votre gendre».

Al-Khalil a accusé le président de «pousser le premier ministre désigné à démissionner afin de l’empêcher de s’acquitter de sa tâche».

La chaîne de télévision arabe Al-Mayadeen, installée à Beyrouth, a cité des sources proches de la présidence affirmant que ni «la politique du «Je suis le plus fort» ne fonctionnera pas, ni le chantage affectif pratiqué sur le peuple dans une affaire constitutionnelle ne fonctionnera. Ce qui aiderait réellement le Liban ces jours-ci, c'est que Hariri revienne à la constitution et forme un gouvernement de sauvetage en coordination avec le président Aoun».

Face aux divisions politiques et à l'obstination croissantes, les chefs religieux libanais ont mis en garde contre «l'accélération de l'effondrement au milieu des divisions persistantes entre les décideurs et de l'obstruction aux tentatives nationales et étrangères de rapprocher les deux parties (le président et le premier ministre désigné Hariri) pour sauver le pays de la catastrophe qui n’est que le résultat des erreurs de calcul et des différences personnelles qui ont conduit le Liban à une impasse inévitable».

Les chefs religieux ont également appelé à «une action immédiate pour former un gouvernement au-dessus de tous les intérêts personnels et factionnels».

Ils ont ainsi délivré un message clair pour cesser de jouer avec le sort du pays. «Le peuple ne pardonnera pas et l'histoire n'oubliera pas», ont-ils affirmé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".