WASHINGTON: «Un long chemin avant une pleine reprise économique», «des perspectives hautement incertaines»: le président de la Banque centrale américaine a tempéré mercredi l'optimisme ambiant, martelant que la bonne santé de la première économie du monde restait suspendue aux développements de la pandémie et au rythme de la vaccination.
«La résurgence ces derniers mois de cas de la Covid-19, d'hospitalisations et de décès cause de grandes difficultés à des millions d'Américains et pèse sur l'activité économique et la création d'emplois», a résumé Jerome Powell lors d'une conférence de presse clôturant deux jours de réunion du Comité de politique monétaire.
Ces commentaires ont enfoncé Wall Street dans le rouge, l'indice financier vedette Dow Jones perdant plus de 2%.
La puissante institution financière a relevé dans un communiqué que «la trajectoire de l'économie» dépendra non seulement de l'évolution du virus alors que de nouveaux variants sont apparus, mais aussi des progrès de la campagne de vaccination.
Le nouveau président Joe Biden a l'objectif ambitieux de faire vacciner 100 millions de personnes au cours des 100 premiers jours de son mandat.
La rapidité de la vaccination apparaît d'autant plus cruciale que la résurgence de la pandémie depuis l'automne a ralenti le rythme de croissance et l'emploi.
Des millions de personnes sont toujours sans emploi, a déploré Jerome Powell, faisant même valoir que le «vrai taux» de chômage était proche de 10% en incluant les personnes qui ont quitté le marché du travail. Le taux officiel est de 6,7%.
Dans ces conditions, la Réserve fédérale a maintenu, comme attendu, ses taux d'intérêt dans une fourchette de 0 à 0,25%. Elle les avait abaissés à ce niveau en mars 2020, lorsque la pandémie avait brutalement mis à l'arrêt l'économie américaine.
Et ces taux resteront à ces niveaux historiquement bas jusqu'à ce que le pays retrouve le plein emploi et que l'inflation soit près de 2% ou «en voie de dépasser modérément les 2%», a souligné le président de la Fed.
L'inflation pourrait toutefois poser un dilemme pour la Fed, qui répète depuis des mois ne pas envisager une normalisation à court terme de sa politique monétaire.
Seule note positive: la Fed a annoncé mettre un terme à une facilité de financement d'urgence destinée aux banques -- dite «repo» -- afin d'éviter une crise des liquidités.
Cette décision suggère que le choc causé par la pandémie a été amorti par le système financier.
Cette première réunion de 2021 était la première depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche il y a tout juste une semaine, ce qui devrait marquer un retour à des relations plus classiques avec le pouvoir en place.
La puissante Réserve fédérale et Jerome Powell ont été dans le collimateur de l'ancien président Donald Trump, qui critiquait constamment, et publiquement à coup de tweets, leurs décisions.
Avec l'arrivée de l'administration Biden, dont Janet Yellen au Trésor, Jerome Powell, qui n'a pas encore rencontré le nouveau président, devrait désormais travailler dans un climat apaisé.
La nouvelle ministre des Finances était sa prédécesseure à la Fed et les deux dirigeants ont déjà travaillé ensemble.
Plans d'aide
La réunion de la Fed intervient alors que le Congrès a voté un plan d'aide de 900 milliards de dollars fin décembre.
Joe Biden a aussi dévoilé début janvier un gigantesque plan de 1 900 milliards de dollars qui est actuellement négocié.
Selon M. Powell, cela apportera l'aide nécessaire aux entreprises et aux hôpitaux pour faire face à la crise.
Le plan d'urgence de 1 900 milliards doit apporter une aide immédiate aux ménages et entreprises les plus fragilisés tout en permettant d'accélérer la vaccination.
Il doit être suivi d'un plan d'investissements dont les contours n'ont pas encore été dévoilés.
La réunion de la Fed s'est achevée à la veille de la publication du Produit intérieur brut des Etats-Unis pour le quatrième trimestre 2020.
La croissance, qui avait enregistré un plongeon historique au deuxième trimestre, puis un rebond tout autant historique au troisième, devrait marquer le pas, selon les attentes des économistes.