Comme Trump, Biden veut favoriser le «made in USA»

Le président des Etats-Unis Joe Biden a fait du «Buy American»  l’un de ses dossiers phares (Photo, AFP).
Le président des Etats-Unis Joe Biden a fait du «Buy American» l’un de ses dossiers phares (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 26 janvier 2021

Comme Trump, Biden veut favoriser le «made in USA»

  • «Je n'accepte pas l'idée que la vitalité du secteur manufacturier américain appartienne au passé» a assuré Joe Biden en conférence de presse
  • La loi existante, le «Buy American Act» de 1933, oblige déjà le gouvernement à passer des contrats avec des entreprises américaines lorsque cela est possible, mais il existe de nombreuses exceptions

WASHINGTON: Joe Biden a signé un décret lundi pour inciter le gouvernement fédéral à acheter davantage de biens et services auprès d'entreprises américaines, au risque de crisper certains partenaires commerciaux comme le Canada.

« Nous pouvons créer plus d'emplois » dans l'industrie manufacturière, a assuré Joe Biden lors d'une conférence de presse. « Je n'accepte pas l'idée que la vitalité du secteur manufacturier américain appartienne au passé », a-t-il ajouté.

La loi existante, le « Buy American Act » de 1933, oblige déjà le gouvernement à passer des contrats avec des entreprises américaines lorsque cela est possible, mais il existe de nombreuses exceptions et opportunités de dérogation, ce que dénoncent depuis longtemps nombre de petites et moyennes entreprises.

Certains produits sont ainsi estampillés « Fabriqué aux Etats-Unis » bien qu'une majeure partie de leurs composants proviennent de pays étrangers.

Le gouvernement fédéral dépense chaque année environ 600 milliards de dollars pour la sécurité du pays. « Nous devons nous assurer que cet argent aille bien aux entreprises américaines », a fait valoir Joe Biden.

Le nouvel hôte de la Maison Blanche reprend ainsi une thématique chère à son prédécesseur Donald Trump.  

Cependant, les nouvelles dispositions pourraient irriter des alliés et partenaires stratégiques des Etats-Unis, tels que le Canada et les pays européens, qui estimaient déjà que les dispositions du « Buy American » empêchaient leurs entreprises d'avoir accès à certains appels d'offre du gouvernement américain.

Joe Biden signale en outre qu'après quatre années d'une politique commerciale protectionniste de Donald Trump, l'heure n'est pas à la libéralisation tous azimuts.

Le ministre des Affaires étrangères canadien a déjà mis en garde Washington contre le « Buy American », selon des médias locaux.

« Il est évident que si nous constatons que la politique ‘Buy American’ porte préjudice à notre commerce, nous le ferons savoir », a ainsi déclaré Marc Garneau sur CBC tout en soulignant que « le président Biden a indiqué qu'il était disposé à nous entendre chaque fois que nous aurions des inquiétudes ».

La vice-Première ministre canadienne, Chrystia Freeland, a reconnu que « le diable se cachait souvent dans les détails » tout en soulignant que le travail du gouvernement canadien serait de travailler à une relation commerciale bilatérale équilibrée, de « gagnant gagnant ».

De son côté, Joe Biden a expliqué que les Etats-Unis s'engageaient à travailler avec leurs partenaires commerciaux « pour moderniser les règles du commerce international, y compris celles liées aux marchés publics » pour que l'argent des contribuables stimule les investissements qui favorisent la croissance et « des chaînes d'approvisionnement résilientes ».

Soutenir l'industrie américaine n'est pas une surprise, c'était même une promesse électorale de Joe Biden qui doit séduire l'électorat de base de son prédécesseur.

Moins d'une semaine après son investiture, Joe Biden déroule ainsi ses priorités avant même que son équipe gouvernementale ne soit en place.

Si Lloyd Austin, le ministre de la Défense, a été confirmé vendredi par le Sénat, les ministères-clés, comme celui des Affaires étrangères, attendent toujours leurs responsables. 

Janet Yellen, a, elle, été confirmée lundi au poste de Secrétaire au Trésor, à une très large majorité. Elle aura pour mission de piloter notamment le plan de sauvetage de 1 900 milliards de dollars pour sortir le pays de la crise.

Éviter une guerre commerciale ?

Le décret fait écho à des mesures que Donald Trump avait lui-même prises pour pousser l'Etat fédéral à acheter davantage de produits américains. Il avait alors fait des droits de douane une arme contre les importations, avec des résultats inégaux.

Au lieu d'une guerre commerciale, Joe Biden privilégie, lui, un durcissement des règles du « Buy American » et utilisera la force de frappe d'achat du gouvernement fédéral.

Des entreprises ont toutefois déjà averti que des règles trop contraignantes risquaient de provoquer une envolée des coûts, ce qui compliquerait l'achat de pièces fabriquées hors des Etats-Unis.

Mais le gouvernement met en avant les pénuries provoquées par la Covid-19, qui ont montré les faiblesses du système, et explique vouloir éviter d'être « mis dans une position où nous dépendons de pays qui ne partagent pas nos intérêts pour livrer des matériaux essentiels ».

Une manière voilée de s'attaquer à la Chine dont les produits inondent le monde.


Droits de douane: une «pause fragile», l'UE doit continuer à «mobiliser tous les leviers disponibles» affirme Macron 

Emmanuel Macron a donc rappelé que l'objectif de la Commission européenne était "simple: négocier pour faire retirer ces tarifs injustes et obtenir un accord équilibré, sans asymétrie", car cette pause de trois mois représente "90 jours d'incertitude pour toutes nos entreprises, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique et au delà". (AFP)
Emmanuel Macron a donc rappelé que l'objectif de la Commission européenne était "simple: négocier pour faire retirer ces tarifs injustes et obtenir un accord équilibré, sans asymétrie", car cette pause de trois mois représente "90 jours d'incertitude pour toutes nos entreprises, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique et au delà". (AFP)
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  • "Avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l'Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires", a-t-il déclaré après l'annonce de Donald Trump mercredi d'une pause dans la hausse de droits de douanes
  • Il a notamment alerté sur la nécessité pour l'Union européenne de se protéger "des flux de pays tiers", en particulier la Chine, qui reste taxée au maximum, et dont l'afflux de produits pourrait "déséquilibrer notre marché"

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a prévenu vendredi que le rabaissement des droits de douane américains à 10% étaient "une pause fragile" et estimé que l'Europe devait continuer de "mobiliser tous les leviers disponibles pour se protéger", dans un message posté sur X.

"Avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l'Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires", a-t-il déclaré après l'annonce surprise de Donald Trump mercredi d'une pause dans la hausse de droits de douane, limitée à 25% pour l'acier, l'aluminium, les automobiles, et 10% pour les autres produits.

Il a notamment alerté sur la nécessité pour l'Union européenne de se protéger "des flux de pays tiers", en particulier la Chine, qui reste taxée au maximum, et dont l'afflux de produits pourrait "déséquilibrer notre marché".

Emmanuel Macron a donc rappelé que l'objectif de la Commission européenne était "simple: négocier pour faire retirer ces tarifs injustes et obtenir un accord équilibré, sans asymétrie", car cette pause de trois mois représente "90 jours d'incertitude pour toutes nos entreprises, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique et au delà".

"Nous avons raison de nous battre, ce sont des emplois et la vie de nos territoires qui sont ici en jeu", a encore insisté le président français.

Son Premier ministre François Bayrou devait se rendre vendredi matin à la foire aux fromages et aux vins de Coulommiers (Seine-et-Marne) pour précisément apporter son soutien à des filières susceptibles d'être impactées par des droits de douane.


La Bourse de Paris célèbre la suspension des droits de douane de Trump

a Bourse de Paris s'envolait de concert avec les autres principaux indices européens, euphoriques après la suspension annoncée par Donald Trump de ses droits de douane colossaux contre le reste du monde, à l’exception de la Chine. (AFP)
a Bourse de Paris s'envolait de concert avec les autres principaux indices européens, euphoriques après la suspension annoncée par Donald Trump de ses droits de douane colossaux contre le reste du monde, à l’exception de la Chine. (AFP)
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  • Vers 10H30 heure de Paris (08H30 GMT), l'indice vedette CAC 40, s'envolait (+5,36%), s'établissant à 7.230,69 points, soit un bond de 367,67 points. Depuis le 1er avril, il cède toutefois plus de 2%
  • A Francfort, le Dax décollait de 6,28%, Londres de 4,55%, Milan de 6,96% et la Bourse suisse de 5,27%

PARIS: La Bourse de Paris s'envolait de concert avec les autres principaux indices européens, euphoriques après la suspension annoncée par Donald Trump de ses droits de douane colossaux contre le reste du monde, à l’exception de la Chine.

Vers 10H30 heure de Paris (08H30 GMT), l'indice vedette CAC 40, s'envolait (+5,36%), s'établissant à 7.230,69 points, soit un bond de 367,67 points. Depuis le 1er avril, il cède toutefois plus de 2%.

A Francfort, le Dax décollait de 6,28%, Londres de 4,55%, Milan de 6,96% et la Bourse suisse de 5,27%.

Donald Trump a annoncé mercredi dans une spectaculaire volte-face qu'il allait ramener provisoirement à 10% les droits de douane imposés à la plupart des pays, si ces derniers n'ont pas riposté, à l'exception notable de la Chine.

"Les investisseurs espèrent que cette trêve de 90 jours donnera aux pays le temps de renégocier, de réorganiser les chaînes d'approvisionnement et d'atténuer le choc" des droits de douane, commente Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.

"C’est fondamentalement positif - que les droits de douane soient finalement appliqués ou non", poursuit-elle, "mais il ne faut pas encore sabrer le champagne".

Face à la Chine, les Etats-Unis s'enfoncent dans une guerre commerciale qui enfle de plus en plus. Donald Trump a annoncé mercredi durcir les surtaxes visant Pékin en raison d'un supposé "manque de respect", les portant à un niveau vertigineux de 125%, contre 104% auparavant.

Les incertitudes devraient ainsi "persister", même si le rebond actuel "repose sur des bases solides", affirme Mme Ozkardeskaya.

Les bancaires au beau fixe

Très attaquées lors de la débâcle boursière des derniers jours, les valeurs bancaires caracolent désormais en tête avec le retour de l'appétit des investisseurs pour le risque.

Elles sont aussi portées par la stabilisation des taux d'emprunts longs des Etats après une flambée massive, un phénomène favorable à leurs marges.

Société Générale s'envolait de 9,14% à 37,50 euros, BNP Paribas décollait de 9,60% à 69,90 euros et Crédit agricole de 5,18% à 15,75 euros vers 10H30 heure de Paris.

L'industrie surfe sur la vague

La suspension des droits de douane de Donald Trump a aussi apporté un soulagement immédiat aux valeurs industrielles, l'aéronautique en tête, un cinquième des exportations de la France vers les Etats-Unis étant lié au secteur.

Airbus flambait ainsi de 7,57% à 143,58 euros, Dassault Aviation gagnait 3,69% à 292,60 euros.

Les entreprises de matériaux de constructions profitent aussi de la dynamique, avec ArcelorMittal qui s'envolait de 7,99% à 23,65 euros, et Saint-Gobain de 9,48% à 83,82 euros.

 


Arabie saoudite: croissance de 89% des installations touristiques autorisées

Le palais de Salwa à Turaif, site du patrimoine mondial de l'Unesco, illuminé la nuit, à Diriyah, en Arabie saoudite. (Shutterstock)
Le palais de Salwa à Turaif, site du patrimoine mondial de l'Unesco, illuminé la nuit, à Diriyah, en Arabie saoudite. (Shutterstock)
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  • Le porte-parole officiel du ministère du Tourisme, Mohammed Al-Rasasimah, a qualifié cette augmentation de «remarquable»
  •  Il ajoute que cette expansion s'inscrit dans le cadre d'un essor significatif du secteur touristique du Royaume

RIYAD: Le secteur du tourisme en Arabie saoudite a connu une croissance significative en 2024, le nombre d'établissements d'accueil autorisés ayant augmenté de 89% pour atteindre 4 425 dans les différentes régions du Royaume.

Dans un message publié sur X, le porte-parole officiel du ministère du Tourisme, Mohammed Al-Rasasimah, a qualifié cette augmentation de «remarquable», ajoutant qu'elle reflétait les efforts déployés «pour soutenir la croissance du secteur et renforcer son attractivité en matière d'investissement».

Il ajoute que cette expansion s'inscrit dans le cadre d'un essor significatif du secteur touristique du Royaume, stimulé par un afflux de voyageurs et par l'engagement du ministère à favoriser un environnement d'accueil de classe mondiale.

Le ministère a indiqué en mars que le nombre d'établissements hôteliers agréés à La Mecque atteindrait 1 030 à la fin de 2024, soit une augmentation de 80% par rapport à l'année précédente.

Cette augmentation place la province en tête du Royaume pour le plus grand nombre d'installations et de chambres autorisées, soulignant l'engagement de la région à améliorer l'expérience des visiteurs, a rapporté l'Agence de presse saoudienne (SPA).

Cette mesure renforce également l'engagement du ministère à protéger les droits des visiteurs et des pèlerins de la Omra qui utilisent les services d'accueil à La Mecque, dans le cadre de ses efforts continus pour améliorer la qualité des services.

«Les équipes d'inspection du ministère effectuent des visites de contrôle et d'inspection régulières tout au long de l'année pour s'assurer que tous les établissements respectent les exigences en matière de licence, détecter les violations et imposer des amendes en vertu de la loi sur le tourisme et de la réglementation des établissements d'hébergement touristique», a déclaré SPA.

Le secteur de l'hôtellerie en Arabie saoudite se développe au-delà de La Mecque. À la fin du troisième trimestre 2024, le nombre total d'établissements d'accueil autorisés dans le Royaume dépassait 3 950, soit une augmentation de 99% par rapport au troisième trimestre 2023. Le nombre de chambres autorisées a atteint 443 000, soit un bond de 107% par rapport aux 214 000 chambres enregistrées un an plus tôt.

Selon CoStar, un fournisseur mondial de données immobilières, La Mecque et Médine auront respectivement 17 646 et 20 079 chambres à divers stades de développement en 2025.

Cela intervient alors que l'Arabie saoudite a enregistré 30 millions de touristes entrants en 2024, contre 27,4 millions en 2023, selon les données du gouvernement. Le Royaume vise à attirer 150 millions de visiteurs par an d'ici à 2030 et prévoit d'augmenter la contribution du secteur du tourisme au produit intérieur brut de 6 à 10%.

L'expansion dynamique de l'Arabie saoudite dans le domaine de l'hôtellerie et du tourisme souligne son ambition de se positionner en tant que plaque tournante mondiale du voyage, en s'adressant aux visiteurs religieux et aux touristes de loisir.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com