BEYROUTH: Les députés du Parlement libanais ont accusé le président Michel Aoun d'agir «en tant que parti et non en tant que président chargé de veiller sur la constitution».
Samedi, le député Anwar Al-Khalil a déclaré que le communiqué de vendredi du bureau des médias d’Aoun « sape l’état d’esprit du peuple libanais et anéantit l’espoir de former un gouvernement important. C'est aussi une digression de l'obstination et de l'entêtement. »
La déclaration de vendredi énonce qu’Aoun est « partenaire du choix des ministres et de la distribution des portefeuilles ministériels ».
Al-Khalil a rappelé à Aoun que «la constitution l’a nommé président, symbole de l'unité nationale et protecteur de la constitution ».
« Vos conseillers font de vous une équipe. Assez de chamailleries ! Soutenez le pays tout entier et sauvez-le de l'effondrement », s’écrie Al-Khalil.
Aoun s'est défendu ainsi que le chef du CPL, le député Gebran Bassil, d'entraver la formation d'un gouvernement ; ce qui a soulevé des tensions entre lui et le Premier ministre désigné, Saad Hariri.
Le député Hadi Abu Al-Hassan a déclaré : « Hariri est confronté à un processus paralysant pour le forcer à démissionner. » Il a ajouté que le président et le CPL «ne veulent pas le retour de Hariri en tant que Premier ministre sans Bassil au gouvernement ».
Dans une critique adressée à Aoun il évoque une « alliance inconsciente » et lui reproche de vouloir tout monopoliser.
« Le problème dans le pays est l’absence d'une autorité centrale consciente de ce qui se passe, et aujourd'hui, nous récoltons ce qui a été semé », ajoute-t-il.
L’ancien député Mustafa Alloush, également le vice-président du Mouvement du futur, déclare que l’objectif du président est de « remettre Bassil à flot et de confier la présidence à son gendre. Ce n’est pas le sauvetage de la république. »
Alloush souligne que le nouveau gouvernement devrait « donner un coup de main aux institutions et pays. Le Liban pourrait être en mesure de convaincre le Fonds monétaire international (FMI) de lui octroyer un prêt, mais si cela n'est pas suivi par la CEDRE (Conférence pour le développement économique et la réforme par les entreprises) et l'aide du Golfe et des États-Unis, nous aurions juste augmenté notre dette envers le FMI. »
Il précise que l'autre équipe, en particulier le Hezbollah, n'est pas intéressée par l'opération de sauvetage. « Aoun et le CPL comptent sur le Hezbollah pour justifier leur obstination à faire obstacle à la formation du gouvernement, dans le but de faire de Bassil le président.» Il affirme que Bassil est soumis à des sanctions américaines et personnelles qui n'ont été ni acceptées par le Golfe ni au niveau international et « ils essaient d'imposer un gouvernement de facto ».
Concernant les appels à former une opposition contre Aoun et son équipe politique, Alloush pense qu’« Il y a beaucoup de discussions, mais si ces partis sont d'accord sur le projet, ils ne sont pas d'accord sur les détails. »
Abdel-Sattar Al-Laz, conseiller de l’ancien Premier ministre, Tammam Salam, déclare à Arab News : «Une réunion a eu lieu il y a quelque temps au domicile de Salam avec d'anciens chefs du gouvernement, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, et elle a porté sur les scénarios possibles pour résoudre l'impasse dans le pays. »
Former une opposition était difficile à ce moment-là, ajoute Al-Laz. « Toute nouvelle opposition a besoin de la participation chrétienne et chiite et ne peut se limiter aux forces sunnites et à un parti druze. Il y a besoin d'une équipe chrétienne telle que les Forces libanaises et Kataeb, et celles-ci ont leurs programmes propres. L'opposition ne peut pas être formée de personnes indépendantes. Il faut des forces motrices avec une représentation réelle. »
« La balle est dans le camp du partenaire chrétien. Peuvent-ils former une opposition contre le président pour exiger sa destitution ou faire pression sur lui pour qu'il démissionne ? Une telle opposition devrait être dirigée par le patriarche maronite Bechara Al-Rai, et j'écarte sa formation car elle affectera la position de la présidence maronite. Dans cette optique, il n’y a d’espoir que dans un changement dans la région, sinon nous nous trouvons face à une impasse. »
Ce texte est une traduction d'un article d'Arab News.