ALGER: L'armée algérienne a procédé à d'importantes et spectaculaires manœuvres aéroterrestres à Tindouf (sud), province frontalière du Sahara occidental et du Maroc, selon des images de la télévision publique algérienne diffusées lundi soir.
Cet exercice, baptisé Al-Hazm 2021 (« Résolution » 2021) s'est déroulé dimanche et lundi sous la supervision du chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), le général Saïd Chanegriha.
Il survient au moment où l'Algérie s'inquiète des risques potentiels de conflit à ses frontières, en particulier depuis la reprise des hostilités au Sahara occidental.
Pendant près d'un quart d'heure, la télévision a montré un exercice tactique à tirs réels de missiles, dont la dernière version du missile antichar russe Kornet.
« Résolution 2021 » a mobilisé des chars, des véhicules tout terrain, des hélicoptères Mi28, des avions de combat Soukhoï SU-30 MKA et des appareils ravitailleurs Illiouchine IL-78 Midas.
Seul armement non russe en démonstration, l'armée algérienne a pour la première fois exhibé un avion américain de reconnaissance électronique Beechcraft 1900 MMSA-Hissar.
Ces exercices « s’inscrivent dans le cadre de l’évaluation de la première phase du programme de préparation au combat au titre de l’année 2020-2021 », selon un communiqué du ministère de la Défense.
Ils ont « pour objectif de développer l’expérience au combat », a déclaré le général Chanegriha dans un discours.
Evoquant l’instabilité régionale, le chef d'état-major a souligné que l’Algérie « mérite que son armée soit constamment à la hauteur des enjeux auxquels elle fait face aujourd’hui, et qu’elle demeure éternellement libre, souveraine et tenace face aux ennemis d’hier et d’aujourd’hui », sans citer ces ennemis.
Tensions régionales
Equipée de matériel russe, l'armée algérienne est de loin la première puissance militaire du Maghreb.
Dans son numéro de décembre, l'influente revue de l'ANP, El-Djeïch, avait appelé les Algériens à se « tenir prêts à faire face à des menaces imminentes ».
Son éditorial faisait état de « la détérioration de la situation régionale le long de notre bande frontalière et (de) la menace que font peser certaines parties ennemies sur la sécurité de la région ces derniers temps ».
Plus grand pays d'Afrique, l'Algérie partage plus de 6 500 km de frontières avec sept pays, dont certains sont en proie à des conflits.
Alger a récemment dénoncé des « manœuvres étrangères » visant à la déstabiliser et pointé du doigt Israël, après la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en contrepartie d'une normalisation des relations de Rabat avec l'Etat hébreu.
Le Maroc contrôle une grande partie du Sahara occidental qu'il considère comme partie intégrante de son territoire.
Les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger, réclament un référendum d'autodétermination prévu par l'ONU.
Par ailleurs, un groupe de navires de guerre russes -- composé d'une frégate, un remorqueur et un pétrolier ravitailleur -- a accosté lundi au port d'Alger dans le cadre d'une « escale technique » de trois jours, selon un communiqué du ministère algérien de la Défense.
Cette escale s'inscrit dans le cadre des « activités de coopération militaire » entre les deux pays, alliés de longue date, précise le communiqué.