Sahara occidental: Alger dénonce des «manoeuvres» de déstabilisation

Le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad (Photo, AFP)
Le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 12 décembre 2020

Sahara occidental: Alger dénonce des «manoeuvres» de déstabilisation

  • «Il y a des manœuvres étrangères qui visent à déstabiliser l'Algérie. Il y a maintenant une volonté de +l'entité sioniste+ (ndlr: Israël) de se rapprocher de nos frontières»
  • «Il est désormais évident que l’armée israélienne est à nos frontières»

ALGER: L’Algérie a dénoncé samedi des « manœuvres étrangères » visant à la déstabiliser et pointé du doigt Israël, après la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, en contrepartie d'une normalisation des relations du Maroc avec l'Etat hébreu. 

« Il y a des manœuvres étrangères qui visent à déstabiliser l'Algérie. Il y a maintenant une volonté de +l'entité sioniste+ (ndlr: Israël) de se rapprocher de nos frontières », a accusé le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, dans la première réaction de son pays à la décision américaine. 

L'annonce surprise jeudi du président sortant, Donald Trump, de reconnaître la souveraineté marocaine sur l'ancienne colonie espagnole disputée, en échange de l'engagement de Rabat à normaliser ses relations avec Israël, a été aussitôt rejetée par les indépendantistes du Front Polisario soutenus par l'Algérie. 

« Le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu’à travers l'application du droit international », a réaffirmé samedi, dans un communiqué, le ministère algérien des Affaires étrangères, soulignant que la décision américaine était « sans effet juridique ». 

Le Polisario se dit « en état de guerre de légitime défense » depuis que le Maroc a envoyé le 13 novembre des troupes à l'extrême sud du territoire pour chasser un groupe de militants indépendantistes sahraouis qui bloquait la seule route vers la Mauritanie. 

La question du statut du Sahara occidental, toujours considéré comme un « territoire non autonome » par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif, oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis. 

Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination, prévu par l'ONU, tandis que le Maroc, qui contrôle plus des deux tiers de ce vaste territoire désertique, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté. 

Les négociations menées par l'ONU et impliquant le Maroc et le Polisario avec l'Algérie et la Mauritanie en tant qu’observateurs sont suspendues depuis mars 2019. 

« Le rapprochement entre le Maroc et Israël ouvre la voie, si ce n’est déjà fait, à une aide israélienne au profit de l’armée marocaine dans de nombreux domaines, dont certains particulièrement dangereux: surveillance électronique, surveillance du ciel, drones, espionnage, manipulation de l'internet », estime le journaliste et analyste algérien Abed Charef. 

« Il est désormais évident que l’armée israélienne est à nos frontières », observe M. Charef sur son compte Facebook.  

Pour le politologue Mansour Kedidir, une telle présence, sous quelque forme que ce soit, s'apparenterait à « une provocation » et à « une manifestation belliciste du voisin marocain ».  

« Menaces imminentes » 

Dans son numéro de décembre, l'influente revue de l'Armée nationale populaire (ANP), El-Djeïch, appelle les Algériens à se tenir prêts à faire face à des « menaces imminentes ». 

Son éditorial prémonitoire fait état de « la détérioration de la situation régionale le long de notre bande frontalière et (de) la menace que font peser certaines parties ennemies sur la sécurité de la région ces derniers temps ». 

Selon la revue de l'ANP, l’Algérie est « contrainte » d’assumer ses « obligations régionales imposées par son rôle pivot, outre ses positions de principe immuables de soutien à toutes les causes justes ». 

Depuis son indépendance, l'Algérie a pris fait et cause pour « le droit des peuples à l'autodétermination », en particulier celui des Sahraouis et des Palestiniens, dont elle est un des soutiens les plus vocaux. 

Pour répondre à ses « obligations régionales », l'Algérie a adopté par référendum le 1er novembre un amendement constitutionnel qui révise la doctrine de son armée, la plus puissante du Maghreb. 

Pour la première fois, l'ANP pourra désormais être autorisée à effectuer des missions de maintien de la paix hors des frontières de l'Algérie, pays limitrophe de zones de conflits: la Libye à l'Est et le Sahel au Sud. 

Pour autant, rien n'est joué, souligne Mansour Kedidir car « l'administration (du président élu) Jo Biden ne peut pas violer les résolutions pertinentes des Nations unies dans cette affaire ». 

Réagissant à la décision de Donald Trump, l'ONU -- qui maintient une opération de paix au Sahara occidental (Minurso) -- a assuré que sa position était « inchangée ». 

Selon le secrétaire général Antonio Guterres, « la solution à cette question peut toujours être trouvée sur la base des résolutions du Conseil de sécurité ». 


Liban: un mort dans une frappe israélienne dans le sud

Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban
  • Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban

GHAZIYEH: Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant viser combattants et infrastructures du mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran.

"Le raid mené par l'ennemi israélien contre une voiture sur la route Saïda-Ghaziyeh a fait un mort", a indiqué le ministère de la Santé.

Après la frappe, le véhicule tout-terrain a pris feu, provoquant un nuage de fumée noire dans le ciel, selon un journaliste de l'AFP sur place. L'armée libanaise a bouclé la zone et les pompiers sont intervenus pour maîtriser les flammes.

La frappe n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais l'armée israélienne a affirmé avoir tué plusieurs combattants du Hezbollah parmi lesquels des "commandants" cette semaine dans le sud du pays.

Après le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur le territoire israélien, disant agir ainsi en soutien aux Palestiniens.

En septembre 2024, le conflit a dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens intenses au Liban qui ont décimé la direction du Hezbollah et fait plus de 4.000 morts, selon les autorités.


Explosion au port de Beyrouth: première comparution d'un ex-ministre

Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
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  • Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020
  • En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques

BEYROUTH: Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques.

Une série d'actions en justice avaient en outre été intentées contre lui par des responsables politiques et fonctionnaires cités dans l'enquête, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad al-Machnouk, soupçonné de "négligence et manquements".

Le juge a repris en février ses investigations, après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination d'un Premier ministre réformateur, Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Selon la source judiciaire qui a requis l'anonymat, l'interrogatoire a porté sur un rapport que M. Machnouk avait reçu le 5 avril 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, concernant la "détention d’un navire dans les eaux territoriales libanaises, dont l’équipage avait demandé à être autorisé à reprendre la mer".

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale libanaise.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium acheminées par navire, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises, qui étaient au courant des dangers encourus, ont rejeté toute enquête internationale.

L'enquête avait notamment été suspendue après les accusations de partialité du juge proférées par le Hezbollah, désormais très affaibli par sa dernière guerre contre Israël fin 2024. Le parti qui dominait la vie politique libanaise avait demandé le renvoi de M. Bitar.

Deux juges de la direction des enquêtes de Paris sont attendus à Beyrouth à la fin du mois, pour présenter à M. Bitar les éléments recueillis par la justice française, trois ressortissants français figurant parmi les victimes, selon une source judiciaire.

Le 11 avril, deux anciens hauts responsables de la sécurité avaient également comparu pour la première fois devant M. Bitar.


Cellule terroriste: Amman partage les détails de l’enquête avec Beyrouth

Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
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  • Beyrouth ne sait pas si des citoyens libanais sont impliqués dans un groupe de fabrication de missiles
  • Les services de renseignement de l'armée arrêtent deux Palestiniens pour contrebande d'armes à la frontière libano-syrienne

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a été informé, mercredi, par le roi Abdallah de Jordanie des résultats de l'enquête sur une cellule de fabrication de missiles découverte en Jordanie. Deux membres de cette cellule avaient été envoyés au Liban pour y suivre une formation.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a exprimé la «pleine disposition du Liban à la coordination et à la coopération» entre les deux pays et a chargé le ministre de la Justice Adel Nassar de travailler avec son homologue jordanien, en coopération avec les agences de sécurité et judiciaires, sur les enquêtes et l'échange d'informations.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les services de renseignement de l'armée libanaise «suivaient de près l'affaire de la cellule terroriste et nous ne savons pas encore si des Libanais sont impliqués».

«Cette agence a demandé à la Jordanie de lui fournir des informations concernant les enquêtes, de s'appuyer sur les enquêtes libanaises et, dans le cas où une implication libanaise serait prouvée, l'affaire serait alors renvoyée à la justice libanaise», a déclaré cette personne.

Parallèlement, les services de renseignement de l'armée libanaise ont déclaré avoir arrêté deux Palestiniens dans la ville de Sidon, dans le sud du pays, pour «commerce et contrebande d'armes militaires à travers la frontière libano-syrienne, et ont saisi plusieurs armes et munitions militaires en leur possession».

Le commandement de l'armée a déclaré que les détenus faisaient l'objet d'une enquête sous la supervision du pouvoir judiciaire.

Les médias ont rapporté que les deux hommes étaient des membres de l'appareil de sécurité du mouvement Hamas à Sidon.

Aucune agence de sécurité officielle n'a confirmé l'existence d'un lien entre les arrestations et la cellule jordanienne.

Mardi, l'agence de presse jordanienne a cité des responsables des services de renseignement qui ont déclaré qu'«une série de complots visant la sécurité nationale du pays ont été déjoués et 16 personnes soupçonnées de préparer des actes de chaos et de sabotage ont été arrêtées».

Les plans prévoyaient la production de missiles à l'aide de matériaux locaux et de composants importés. Des explosifs et des armes à feu ont été découverts, ainsi qu'un missile dissimulé prêt à être utilisé.

Les 16 suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la mise au point de drones, d'avoir recruté et formé des individus au niveau national et d'en avoir envoyé d'autres à l'étranger pour qu'ils y poursuivent leur formation.

Selon les déclarations des suspects, deux membres de la cellule – Abdallah Hicham et Muath al-Ghanem – ont été envoyés au Liban pour coordonner leurs activités avec une figure importante de l'organisation et recevoir une formation.

En décembre, l'armée libanaise a lancé un processus de désarmement des factions palestiniennes situées à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens. Ces factions, fidèles à l'ancien régime syrien, étaient principalement basées dans la région de la Békaa, le long de la frontière avec la Syrie, et dans la région méridionale.

Le Premier ministre Nawaf Salam a exprimé «l'entière solidarité du Liban avec la Jordanie dans la lutte contre les complots qui menacent sa sécurité et sa stabilité» et sa «volonté de coopérer avec les autorités jordaniennes en cas de besoin concernant les informations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans ces complots ont reçu une formation au Liban», selon son bureau de presse.

Lors du lancement du projet de réhabilitation de la route de l'aéroport de Beyrouth, M. Salam a déclaré que les questions de sécurité sur la route de l'aéroport étaient «en cours d'examen avec le ministre de la Défense Michel Menassa et le ministre de l'Intérieur Ahmed Hajjar».

Au cours des dernières 48 heures, la municipalité de Beyrouth a entrepris des efforts pour retirer des rues de la capitale les drapeaux des partis et les images des politiciens et des chefs de partis, en particulier ceux qui sont associés au Hezbollah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com