Cinq mises en examen et quatre accusations dans une affaire de trafic d'armes en France

«Plusieurs tonnes d'armes et de munitions ont été saisies et une cache d'armes a été découverte lors des perquisitions» (Photo, AFP).
«Plusieurs tonnes d'armes et de munitions ont été saisies et une cache d'armes a été découverte lors des perquisitions» (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 16 janvier 2021

Cinq mises en examen et quatre accusations dans une affaire de trafic d'armes en France

  • Deux militaires sont mis en cause: l'un travaille au ministère de la Défense, le second est affecté sur une base de l'est de la France
  • Parmi les dix suspects, «l'un d'entre eux était connu pour être un sympathisant d'extrême droite tandis qu'un autre était "fiché S"»

PARIS: Cinq des dix suspects, placés en garde à vue mardi dans une enquête sur un vaste trafic d'armes en France, ont été mis en examen vendredi et quatre incarcérés, a-t-on appris de source judiciaire. 

Un militaire de 31 ans et un homme âgé de 57 ans ont été placés en détention provisoire. Deux autres suspects, un ancien militaire de 31 ans et un homme de 30 ans, ont sollicité un délai pour préparer leur défense devant le juge des libertés et de la détention et ont été incarcérés dans l'attente de ce débat. 

Une cinquième personne de 25 ans a été placé sous contrôle judiciaire, a précisé cette même source.

Tous les cinq ont été mis en examen pour «acquisition, détention, cession et transport en réunion d'armes de catégories A et B en réunion» et «association de malfaiteurs», a-t-elle précisé.

Quatre d'entre eux sont également poursuivis pour «détention d'armes de catégorie C», l'un pour «port et transport sans motif légitime d'armes de catégorie D» et l'un pour «modification d'arme».

Les cinq autres suspects étaient «toujours sous main de justice» vendredi soir, a précisé la source judiciaire.

Les dix hommes sont soupçonnés d'avoir fourni des armes à des trafiquants de drogue et sympathisants de l'ultradroite, avaient indiqué des sources proches du dossier. 

Parmi les dix suspects, «l'un d'entre eux était connu pour être un sympathisant d'extrême droite tandis qu'un autre était "fiché S" en raison de ses liens avec l'ultradroite», précise le quotidien Le Monde. 

Deux militaires sont mis en cause dans ce trafic d'armes: l'un travaille au ministère de la Défense, le second est affecté sur une base de l'est de la France. 

Selon TF1, qui avait révélé le coup de filet, certains suspects rachetaient auprès de collectionneurs privés des fusils d’assaut, des pistolets automatiques, des fusils mitrailleurs rendus inopérants. «Cet arsenal était ensuite rendu à nouveau actif, remilitarisé, avant d'être revendu au marché noir aux plus offrants», avait précisé la chaine.

Les dix hommes ont été interpellés mardi en Ile-de-France, dans l'est et le sud de la France par la brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire de Paris. 

«Plusieurs tonnes d'armes et de munitions ont été saisies et une cache d'armes a été découverte lors des perquisitions», précise Le Monde.

Une information judiciaire, confiée à des juges d'instruction de la juridiction interrégionale spécialisée de Paris (Jirs), avait été ouverte le 25 juin 2020. 


Un soutien mais pas inconditionnel, la délicate diplomatie de Paris vis-à-vis d'Israël

Un membre de l'armée israélienne se tient à côté d'un missile balistique iranien tombé en Israël le week-end dernier, lors d'une visite des médias à la base militaire de Julis, près de la ville de Kiryat Malachi, dans le sud d'Israël, le 16 avril 2024. (Photo Gil Cohen-Magen AFP)
Un membre de l'armée israélienne se tient à côté d'un missile balistique iranien tombé en Israël le week-end dernier, lors d'une visite des médias à la base militaire de Julis, près de la ville de Kiryat Malachi, dans le sud d'Israël, le 16 avril 2024. (Photo Gil Cohen-Magen AFP)
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  • Le président Emmanuel Macron a confirmé lundi que la France avait procédé à «des interceptions» de missiles et drones iraniens
  • Questionné dimanche sur le fait que les militaires français avaient bien défendu Israël, et sur un éventuel soutien de Paris à ce pays s'il ripostait contre l'Iran, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avait insisté sur la volonté françai

PARIS : En restant vague sur l'ampleur de son soutien à Israël contre l'Iran, la France a signalé sa volonté de ne pas apparaître comme un allié inconditionnel d'Israël, à la fois pour peser au Proche-Orient et ménager son opinion publique, décryptent des analystes.

C'est le porte-parole de l'armée israélienne qui, dès dimanche, a fait savoir que la France était parmi les alliés d'Israël ayant contribué à neutraliser l'attaque iranienne survenue dans la nuit de samedi à dimanche. Ce que Londres et Washington ont rapidement reconnu.

Le président Emmanuel Macron a, lui, confirmé lundi que la France avait procédé à «des interceptions» de missiles et drones iraniens, justifiant cette intervention par la présence d'une base aérienne française en Jordanie dont l'espace aérien a été violé par les tirs iraniens.

Questionné dimanche sur le fait que les militaires français avaient bien défendu Israël, et sur un éventuel soutien de Paris à ce pays s'il ripostait contre l'Iran, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avait, lui, botté en touche, insistant sur la volonté française de «désescalade».

Car la France, critiquée par moult pays arabes pour son soutien jugé trop appuyé à Israël après les attentats du 7 octobre - le président Macron avait notamment appelé à former une coalition internationale contre le Hamas -  s'efforce, depuis, d'apparaître équilibrée afin de maintenir ses aspirations à jouer un rôle de garant de la stabilité au Proche-Orient, affirment des analystes à l'AFP.

Paris fut ainsi le premier pays occidental à envoyer un bateau hôpital pour soigner des civils gazaouis au large de l'Egypte. La France procéda également très tôt, dès début janvier, à des largages d'aide sur Gaza.

- 'Gages' -

Elle n'a toutefois jamais condamné la frappe attribuée à Israël contre un consulat iranien en Syrie le 1er avril, qui a motivé l'attaque iranienne sur le sol israélien en réponse.

«Au fond, la position de la France est de soutenir Israël tout en donnant des gages aux pays arabes (...) pour essayer de maintenir ses liens avec la région», résume Agnès Levallois de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient.

Le 8 avril, Emmanuel Macron publiait une tribune commune avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi de Jordanie Abdallah II appelant à un cessez-le feu «immédiat» et une libération de «tous les otages» à Gaza, mettant aussi en garde Israël contre les «conséquences dangereuses» d'une offensive à Rafah.

Accusée «par les pays arabes et par certains politiques en France de soutenir Israël», «le souci du président Macron est de maintenir une position qu'il estime équilibrée», souligne Denis Bauchard, ancien directeur pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient au ministère français des Affaires étrangères.

- 'Nuance' -

Emmanuel Macron «ne possède pas une approche constante en matière de politique étrangère», estime de son côté Hasni Abidi, du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, à Genève, pour qui la position du chef de l'Etat français est «évolutive», «en fonction des circonstances».

Cette fois, le président a adopté une approche en deux temps.

Il a d'abord affirmé son soutien à Israël, se rangeant dans le camp occidental et mettant en avant une France disposée à défendre ses alliés avec en toile de fond «un message adressé aux États du Golfe, la Jordanie et l'Egypte, clients (en matière d'armements) traditionnels de la France», explique Hasni Abidi.

Puis il a fait montre de «nuance» et de «recul» pour aussi «se ménager une marge de manœuvre utile à la perception de son opinion interne et aux intérêts particuliers de la France», poursuit-il.

Car la diplomatie française au Proche-Orient est devenue particulièrement clivante depuis l'attaque sanglante du groupe islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre et la guerre d'Israël à Gaza qui a provoqué une situation humanitaire catastrophique.

Le 5 avril, une centaine de parlementaires de gauche avaient écrit à Emmanuel Macron pour lui demander «d'arrêter immédiatement toutes ventes d'armes (...) au gouvernement d'extrême droite de Netanyahu».

Lundi, des députés français de gauche radicale ont adressé un courrier au ministre des Armées Sébastien Lecornu pour lui demander des éclaircissements sur «le bien-fondé» de Paris à intercepter les missiles et drones iraniens.


Mayotte: nouvelle opération contre l'insécurité et l'immigration irrégulière

Un gendarme monte la garde lors d'une opération de sécurité dans le bidonville de Koungou, sur l'île de Mayotte, le 16 février 2024. (AFP)
Un gendarme monte la garde lors d'une opération de sécurité dans le bidonville de Koungou, sur l'île de Mayotte, le 16 février 2024. (AFP)
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  • Quelque 1 700 gendarmes, policiers et militaires doivent être engagés pour cette opération, baptisée «Mayotte place nette» et qui doit durer 11 semaines
  • Une enveloppe de cinq millions d'euros a été débloquée pour l'hébergement d’urgence des migrants interpellés dans le cadre de l'opération

PARIS: Une nouvelle opération contre l'insécurité, l'immigration irrégulière et l'habitat insalubre a été lancée mardi à Mayotte, archipel français de l'océan Indien, un an après le début d'une première intervention baptisée "Wuambushu", a annoncé le ministère français des Outre-mer.

Quelque 1.700 gendarmes, policiers et militaires doivent être engagés pour cette opération, baptisée "Mayotte place nette" et qui doit durer 11 semaines.

Dans le 101e département français -et le plus pauvre- une "centaine de renforts spécialisés (…), notamment des policiers aux frontières et des officiers de police judiciaire (...) vont nous aider à mener ce travail de précision", a souligné le ministère à l'AFP.

"On a 60 individus particulièrement recherchés et un objectif de 1.300 bangas (cases) à détruire, soit deux fois plus que ce qu’a permis de faire Wuambushu 1", a-t-il ajouté.

Une enveloppe de cinq millions d'euros a été débloquée pour l'hébergement d’urgence des migrants interpellés dans le cadre de l'opération.

En temps normal, 1.600 gendarmes et policiers sont déjà en poste sur ce territoire de 350.000 habitants, selon le ministère.

"Mayotte Place Nette" prend la suite de l’opération Wuambushu lancée au printemps 2023, qui visait déjà à lutter contre l'immigration illégale -largement venue des Comores voisines-, la délinquance et à détruire les cases insalubres organisées en bidonvilles, de plus en plus nombreux sur l’île.

Handicapée par des débuts chaotiques, Wuambushu n’avait pas eu les résultats escomptés.

Ces derniers jours ont été marqués par une recrudescence des violences à Mayotte, où les caillassages des automobilistes sont quotidiens, tout comme les affrontements entre bandes de jeunes de villages rivaux.

L'entreprise gestionnaire du réseau de transport scolaire a notamment évoqué un "record" de caillassages la semaine dernière.


« L'égale de l'homme »: il y a 80 ans, les femmes obtiennent le droit de vote

La France a attendu la moitié du XXe siècle pour garantir les mêmes droits politiques aux femmes qu'aux hommes, bien après d'autres pays: l'Australie en 1901, la Finlande en 1906, la Norvège en 1913. (AFP).
La France a attendu la moitié du XXe siècle pour garantir les mêmes droits politiques aux femmes qu'aux hommes, bien après d'autres pays: l'Australie en 1901, la Finlande en 1906, la Norvège en 1913. (AFP).
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  • "On est devenue l'égale de l'homme. A partir de ce jour-là, on a aussi été capables d'avoir des opinions politiques". Marcelle Abadie, 104 ans, se souvient de cet "événement", il y a 80 ans: le droit de vote accordé aux Françaises
  • Bien droite dans son fauteuil, à Paris, Jacqueline Didier, 101 ans, se plonge dans ses souvenirs: "J’étais étudiante en histoire à Toulouse mais j’étais inscrite sur les listes électorales de Gourdon, chez moi dans le Lot"

PARIS: "On est devenue l'égale de l'homme. A partir de ce jour-là, on a aussi été capables d'avoir des opinions politiques". Marcelle Abadie, 104 ans, se souvient de cet "événement", il y a 80 ans: le droit de vote accordé aux Françaises.

C’était le 21 avril 1944. Grâce à une ordonnance du Gouvernement provisoire du général de Gaulle à Alger, les femmes devenaient électrices et éligibles.

Un an plus tard, le 29 avril 1945, elles déposaient pour la première fois leur bulletin dans l’urne pour élire leur maire.

Bien droite dans son fauteuil, à Paris, Jacqueline Didier, 101 ans, se plonge dans ses souvenirs: "J’étais étudiante en histoire à Toulouse mais j’étais inscrite sur les listes électorales de Gourdon, chez moi dans le Lot". C'est accompagnée de son père que la jeune femme s'est rendue à la mairie. "Le jour du vote, il m’a expliqué comment ça fonctionnait: +tu prends le papier-là et ensuite tu le mets-là+".

Les chiffres de participation des femmes à ce premier scrutin, municipal, en 1945, ne sont pas disponibles. Un peu plus de 26 millions de Français étaient alors inscrits sur les listes électorales, mais au moment du vote, de nombreux hommes étaient encore prisonniers de guerre ou déportés.

"On sait que les femmes sont allées voter, même si beaucoup d'entre elles ne s'intéressaient pas forcément à la politique", rappelle Anne-Sarah Bouglé-Moalic, docteure en histoire à l'Université de Caen-Normandie et spécialiste de la question du vote des femmes en France. "Il faut comprendre qu'elles avaient grandi en entendant que, de toute façon, la politique, ce n'était pas pour elles: c'était l'affaire du mari ou du père".

« Il faut aller voter! »

Autre critère important: le milieu social et culturel. Les voisines de Marcelle Abadie, à Pantin, banlieue nord-est de Paris, étaient femmes au foyer pour la plupart et ne sont pas toutes allées voter. "Je leur ai dit: +vous avez tort! On l'a demandé ce droit, maintenant qu'on l'a, il faut aller voter!+".

La France a attendu la moitié du XXe siècle pour garantir les mêmes droits politiques aux femmes qu'aux hommes, bien après d'autres pays: l'Australie en 1901, la Finlande en 1906, la Norvège en 1913, le Danemark en 1915, l'Allemagne en 1918, les Etats-Unis en 1920, le Royaume Uni en 1928...

Chez Madeleine Charrière à Limoges, aujourd'hui décédée, la question d'aller ou non déposer son bulletin ne s'est pas posée. "Maman était très fière d'aller voter. Elle se sentait investie d'un pouvoir", raconte sa fille aînée, Brigitte, 10 ans en 1945, qui se souvient très bien des discussions politiques entre sa mère et son grand-père avocat, alors que son père était toujours prisonnier en Allemagne.

Un sentiment de fierté, c'est aussi ce qu'a ressenti Marcelle Abadie. Elle avait alors 25 ans, travaillait dans une compagnie d'assurance à Paris et n'entendait pas se faire dicter ses choix. "Je travaillais, je gagnais de l'argent et je faisais ce que je voulais", insiste-t-elle, précisant n'avoir jamais voté comme son mari, fonctionnaire de police.

Quelques mois après les élections municipales, les femmes ont à nouveau exercé leur devoir civique. Le 21 octobre 1945 ont eu lieu les premières élections législatives de l'après-guerre.

"Trente-trois femmes ont été élues à l'Assemblée, soit un peu plus de 5%", indique l'historienne Anne-Sarah Bouglé-Moalic, dont Madeleine Braun, ancienne résistante, devenue en 1946 la première femme vice-présidente de l'Assemblée nationale.

Depuis ce premier vote, Jacqueline Didier et Marcelle Abadie n'ont jamais manqué une élection. Et Marcelle en est persuadée: "un jour, il y aura une femme présidente en France".