LONDRES: Le monde hippique a rendu hommage au propriétaire saoudien, le prince Khaled ben Abdallah Al-Saoud, qui s’est éteint mardi à l’âge de 83 ans.
Propriétaire de Juddmonte Farms, la célèbre ferme d’élevage, il est devenu l’un des propriétaires-éleveurs les plus prolifiques que le sport ait jamais connus. Des chevaux légendaires tels que Frankel, Enable and Dancing Brave font partie de son palmarès impressionnant.
Son décès a été annoncé, «avec une immense tristesse», par son établissement à Newmarket. Le PDG Douglas Erskine Crum a déclaré que «Juddmonte est en deuil. On se souviendra toujours du prince Khaled comme un père de famille calme, digne et bienveillant, qui laissait ses chevaux parler pour lui. Il laisse un héritage qui va résister à l’épreuve du temps».
« Sa contribution au développement des pur-sang se fera sentir encore longtemps», a ajouté M. Crum.
Bien qu’il ne soit pas le premier propriétaire du Moyen-Orient, le prince Khaled est rapidement devenu le premier grand gagnant et l’un des plus connus de la région lorsqu’il a remporté, au début de sa carrière, sa première victoire classique lors de la course des 2000 Guinées sur Known Fact en 1980.
À partir de ce moment-là, avec plus de 100 victoires dans le Groupe 1 et des dizaines de victoires classiques à son actif, le prince Khaled et Juddmonte sont sans doute devenus symboles des grandes réussites sportives d’Arabie saoudite, et ses fameuses casaques vert-blanc-rose sont devenues synonymes de quelques-uns des moments les plus historiques de la course hippique.
Dans les années qui ont suivi, son exploitation s’est étendue à l’Irlande et au Kentucky aux États-Unis, et a continué à produire des pur-sang gagnants pendant trois décennies. Un succès impeccable qui compte pour Simon Mockridge, son directeur de haras au Royaume-Uni, comme «l’un des joyaux de l’histoire de l’Arabie saoudite, probablement».
Arab News s’est entretenu avec M. Mockridge lors de sa visite au siège de Juddmonte à Banstead Manor, à Suffolk, l’année dernière, et il n’a pas manqué d’éloges pour les efforts du prince. «Je pense que globalement, si vous regardez l’impact qu’il a eu au cours de ses 40 années d’opération, il a réussi à gagner chaque course classique anglaise et chaque course classique français », indique-t-il.
Il ajoute : «Pour couronner le tout, il a remporté plus de 500 courses «stakes», les courses les plus prestigieuses et les plus précieuses disputées par les meilleurs chevaux. C’est pour dire que, pour une exploitation d’élevage de taille moyenne, il a certainement porté les opérations de course et d’élevage à un niveau très élevé».
Au souci du détail du prince Khaled, pierre angulaire de son succès, s’ajoutent son amitié et sa loyauté envers les entraîneurs qui ont croisé son chemin.
Il a en effet travaillé avec de grands noms durant sa carrière, notamment feu Sir Henry Cecil, un grand ami avec lequel il a remporté les 2000 Guinées en 2011 sur Frankel.
À la veille d’une nouvelle victoire de Frankel à Royal Ascot en 2012, Sir Henry a vanté avec lyrisme le niveau des chevaux du prince Khaled, en disant que «La plupart de ses chevaux un peu de temps, mais ils valent la peine d’attendre».
John Gosden, qui a également connu une série de succès dans l’entraînement des chevaux Juddmonte, a affirmé que «Le prince Khalid avait initialement pris goût aux courses dans les années 1950 comme jeune homme à Paris. Cela l’a poussé à réaliser son plan audacieux et minutieux de créer une exploitation d’élevage à la fin des années 1970, une illustration de son esprit brillant».
«En l’espace de 20 ans, il s’est imposé en tant que champion d’élevage en Europe et aux États-Unis. Son attitude charmante et pleine d’humour était accompagnée d’une bonne approche stratégique, tant dans les affaires que dans ses courses de chevaux et son exploitation d’élevage», ajoute M. Gosden, «c’était un gentleman discret, un patricien, et un père de famille stoïque pour lequel j’ai eu l’honneur et le privilège d’entraîner pendant 38 ans».
À l'instar des membres des familles royales dans le monde, comme la reine britannique Elizabeth II et le dirigeant de Dubaï, le Cheikh Mohammed ben Rashid Al-Maktoum, qui a présenté ses condoléances à la famille Al-Saoud mardi, et d’autres grand éleveurs, la course hippique était une passion pour le prince Khaled.
Cette passion pour le sport, pour les chevaux et pour les personnes impliquées transparaissait à chaque fois que le prince parlait de course.
Bien que ses victoires soient à jamais inscrites dans les annales et gravées dans la mémoire collective des fans de course hippique du monde entier, ce sera sa passion et sa loyauté envers ceux qui ont travaillé en étroite collaboration avec lui dont on se souviendra le plus.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com