Les députés entament un débat à la fois technique et politique sur l'administration française

Le ministre français de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste (G), et le ministre français de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, Laurent Marcangeli, quittent le Palais présidentiel de l'Elysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 19 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste (G), et le ministre français de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, Laurent Marcangeli, quittent le Palais présidentiel de l'Elysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 19 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Lundi 24 mars 2025

Les députés entament un débat à la fois technique et politique sur l'administration française

  • Les députés débuteront lundi en commission spéciale l'examen du projet de loi de simplification, un texte éclectique et technique, censé faciliter la vie des entreprises.
  • Les députés s'attendent toutefois à des débats très vifs.

PARIS : Les députés débuteront lundi en commission spéciale l'examen du projet de loi de simplification, un texte éclectique et technique, censé faciliter la vie des entreprises, mais dont certains pans promettent de cliver les débats, notamment sur le volet environnemental.

Déposé il y a près d'un an, le projet de loi, adopté au Sénat, a été percuté par la dissolution puis la censure du gouvernement de Barnier. Présenté comme un moyen de limiter la paperasse pour les entreprises, il donne des idées aux députés, qui ont déposé plus de 1 300 amendements (400 avaient été déclarés irrecevables dimanche soir). Les débats pourraient s'étaler sur plus d'une semaine.

« Notre pays est obèse de sa bureaucratie. Pendant des années, nous avons essayé les régimes minceur et la médecine douce. Il nous faut désormais passer à une étape supérieure », a défendu en audition Laurent Marcangeli, ministre de la Simplification. 

Le texte aborde de nombreux sujets, à commencer par la suppression d'un certain nombre de commissions administratives consultatives. L'article concerné fait l'objet de près de 150 amendements.

Le projet de loi contient également des mesures concernant l'installation d'industries et la volonté de l'exécutif de revoir les 1 800 formulaires Cerfa existants et d'en supprimer « 150 avant la fin de l'année », selon la ministre du Commerce, Véronique Louwagie.

Il prévoit aussi un « test PME » pour évaluer en amont l'impact de nouvelles normes sur les entreprises. Cependant, l'introduction d'un « Haut conseil à la simplification » au Sénat pour superviser cette mission est accueillie fraîchement à l'Assemblée nationale.

« Ce n'est pas forcément ce texte qui va révolutionner la vie des entreprises », estime plus largement l'un des rapporteurs, Christophe Naegelen (Liot). « C'est un marqueur pour être en capacité demain de faire des propositions de loi qui vont beaucoup plus loin. »

Les députés s'attendent toutefois à des débats très vifs, avec au menu des amendements du RN et de la droite pour supprimer ou suspendre les zones à faibles émissions ou la neutralité artificielle des sols, deux dispositifs qui clivent le débat politique.

Un article permettant aux centres de données (datacenters) de pouvoir prétendre, sous conditions, au statut de « projet d'intérêt national majeur » inquiète aussi vivement les Insoumis et les écologistes, qui y voient une volonté de déroger à l'obligation de protection des espèces protégées.

L'association La Quadrature du Net a par ailleurs critiqué la mesure, estimant qu'elle « accélère l'impact écocidaire de l'industrie informatique ».

Enfin, les écologistes soupçonnent l'exécutif de vouloir limiter, voire supprimer les compétences de la Commission nationale du débat public pour les projets industriels. « Ce serait une atteinte au débat démocratique », a prévenu l'écologiste Julie Ozenne.


Pour le recteur de la Grande mosquée de Paris, la «grâce» de Sansal est possible

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  • Son arrestation, le 16 novembre à Alger, avait aggravé de fortes tensions entre l'Algérie et la France provoquées
  • "Lorsqu'il a terminé sa garde à vue, les infractions qu'on lui reprochait étaient de l'ordre de le faire passer dans l'équivalent de ce qu'est la cour d'assises, c'est-à-dire devant le tribunal criminel" mais "l'affaire a été correctionnalisée"

PARIS: Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a jugé vendredi possible la "grâce" de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné jeudi à cinq ans de prison ferme à Alger.

"Si on fait de la politique fiction, je pense que le président de la République (algérienne) va décider de sa grâce", a déclaré sur Sud Radio le recteur de la Grande mosquée de Paris.

Le tribunal correctionnel de Dar El Beida, près d'Alger, a décidé jeudi "une peine de cinq ans de réclusion ferme" à l'encontre de Boualem Sansal, soit la moitié de la peine requise par le parquet, selon un correspondant de l'AFP présent dans la salle.

M. Sansal, 80 ans selon son éditeur Gallimard, était accusé notamment d'atteinte à l'intégrité du territoire pour avoir repris à son compte, dans le média français d'extrême droite "Frontières", la position du Maroc selon laquelle d'amples portions du pays auraient été amputées au profit de l'Algérie, sous la colonisation française.

Son arrestation, le 16 novembre à Alger, avait aggravé de fortes tensions entre l'Algérie et la France provoquées, l'été dernier, par un revirement français en faveur de la position marocaine sur l'épineux dossier du Sahara occidental.

"Lorsqu'il a terminé sa garde à vue, les infractions qu'on lui reprochait étaient de l'ordre de le faire passer dans l'équivalent de ce qu'est la cour d'assises, c'est-à-dire devant le tribunal criminel" mais "l'affaire a été correctionnalisée", a rappelé vendredi Chems-eddine Hafiz, y voyant un signe d'assouplissement positif.

Reste que si l'écrivain fait appel, un délai de dix jours qui s'impose alors empêcherait l'écrivain de bénéficier d'une "grâce présidentielle" à l'occasion de la fête de l'Aïd, attendue dimanche, qui met un terme au Ramadan et est "un moment de pardon", a rappelé le recteur de la Grande mosquée de Paris, établissement qui entretient un lien historique, culturel et financier fort avec l'Algérie.

"Je sais ce qu'est la prison. Je sais ce que ça peut être pour un homme, quelle que soit la prison. En même temps, il est âgé, il est malade. Son épouse est malade", a-t-il rappelé, estimant qu'"à titre humanitaire", une grâce "tombe sous le sens".

"Il a passé six mois en prison. Six mois, c'est trop pour lui. (...) J'espère de tout mon cœur qu'il soit gracié et qu'il revienne au moins retrouver son épouse qui est elle-même souffrante", a ajouté le recteur, par ailleurs ancien avocat.

Selon lui, "il n'y a pas eu des relations directes" entre les présidents français et algérien ces dernières heures, mais "il y a eu des relations via des émissaires" pour évoquer, notamment, ce dossier.

 


Le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler nommé directeur général adjoint de la Société Générale

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  • Il sera notamment président de la banque d'investissement de la Société Générale. A ce titre, il "coordonnera (...) les activités de fusions et acquisitions" et  "de marché des capitaux actions", selon le communiqué du groupe bancaire
  • Le départ d'Alexis Kohler de l'Elysée, où il était arrivé en même temps qu'Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat en 2017, avait été officialisé jeudi

PARIS: Le bras droit historique d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée depuis huit ans, est nommé directeur général adjoint de la Société Générale, a annoncé la banque française vendredi.

Il sera notamment président de la banque d'investissement de la Société Générale. A ce titre, il "coordonnera (...) les activités de fusions et acquisitions" et  "de marché des capitaux actions", selon le communiqué du groupe bancaire.

Il le rejoindra "en juin" et sera membre de son comité exécutif.

Alexis Kohler aura également pour fonction d'assister le directeur général de Société Générale, Slawomir Krupa, "dans la mise en oeuvre des programmes de transformation de l'entreprise", engagée dans un vaste chantier de restructurations et d'économies.

Il supervisera aussi le secrétariat général, la direction des ressources humaines et la direction de la communication du groupe.

M. Kohler "apportera au groupe son talent, sa grande expérience et son engagement exceptionnel", a commenté Slawomir Krupa, cité dans le communiqué.

Le départ d'Alexis Kohler de l'Elysée, où il était arrivé en même temps qu'Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat en 2017, avait été officialisé jeudi.

"Alexis Kohler a mis toute son énergie, son talent et sa force de travail hors pair au service de notre projet politique et des Français", lui avait rendu hommage Emmanuel Macron jeudi, dans une déclaration au Figaro.

Le départ de celui qui portait également le surnom de "vice-président" solde une série de rumeurs et spéculations sur son avenir qui s'étaient amplifiées depuis la fin février.

Il marque un tournant majeur dans la présidence Macron, tant la longévité et le pouvoir qu'on a prêtés à Alexis Kohler apparaissent hors du commun: dans la prestigieuse liste de ses prédécesseurs, seul Jean-Louis Bianco - neuf ans auprès de François Mitterrand - est resté plus longtemps à ce poste stratégique.

Alexis Kohler, Strasbourgeois de naissance, énarque, diplômé de l'Essec et de Sciences Po Paris, est par ailleurs le seul à avoir occupé ce poste pendant l'entièreté d'un mandat présidentiel.

Celui qui fêtera ses 53 ans en novembre avait secondé Emmanuel Macron depuis son entrée en politique, en tant que directeur de cabinet au ministère de l'Economie (2014-2016), après avoir été celui de Pierre Moscovici.

Emmanuel Moulin, ancien directeur du Trésor puis directeur de cabinet de Gabriel Attal lorsqu'il était Premier ministre, lui succédera le 14 avril, a annoncé l'Elysée, confirmant une information initialement dévoilée par Le Figaro.

 


Macron reçoit le président libanais pour sa première visite en Occident

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le roi du Lesotho pour une réunion au palais de l'Élysée à Paris, le 27 mars 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le roi du Lesotho pour une réunion au palais de l'Élysée à Paris, le 27 mars 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron reçoit vendredi à Paris son homologue libanais Joseph Aoun pour son premier déplacement officiel en Occident depuis son élection en janvier
  • Les deux hommes seront aussi rejoints en visioconférence par le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh

PARIS: Emmanuel Macron reçoit vendredi à Paris son homologue libanais Joseph Aoun pour son premier déplacement officiel en Occident depuis son élection en janvier, à laquelle la France a contribué dans l'espoir d'amorcer un processus de réformes pour sortir le Liban de la crise.

Le chef de l'Etat français veut donner une forte dimension régionale à cette visite: en plus des entretiens en tête-à-tête avec celui qu'il était allé féliciter à Beyrouth dès le 17 janvier, les deux hommes seront aussi rejoints en visioconférence par le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh.

Ils évoqueront ensemble "la sécurité sur la frontière syro-libanaise", où des "tensions" ont "donné lieu à des affrontements", a expliqué l'Elysée à des journalistes.

Un entretien à cinq sur la Méditerranée orientale est également prévu, incluant, en plus de ces trois dirigeants, leurs homologues de Grèce et de Chypre, pour aborder les "défis" liés à "la sûreté maritime" et "l'impact que l'environnement régional peut avoir sur la sécurité", a dit la présidence française.

L'entourage d'Emmanuel Macron voit dans la visite de Joseph Aoun une marque de reconnaissance de "l'amitié et du soutien indéfectible de la France au Liban".

Son élection et la formation d'un gouvernement dirigé par le réformiste Nawaf Salam ont mis fin au blocage politique qui durait depuis plus de deux ans.

- "Difficultés" et "défis" -

Les nouveaux dirigeants ont maintenant la tâche ardue de mener les réformes réclamées par la communauté internationale pour débloquer les fonds nécessaires afin de sortir le pays de la crise économique qui dure depuis plus de cinq ans.

Et ils doivent superviser le processus de désarmement du Hezbollah, en vertu de l'accord qui a mis fin à la guerre meurtrière entre la formation pro-iranienne et Israël dont le pays est sorti exsangue fin novembre.

Emmanuel Macron et Joseph Aoun évoqueront les "difficultés" et "défis" qui se dressent sur ce chemin, selon l'Elysée, qui plaide pour une "pleine mise en œuvre du cessez-le-feu".

"Cette visite en France est symboliquement importante car la France avait été, avec les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, l'un des trois pays qui avaient le plus poussé à l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République", explique Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris.

Les deux dirigeants doivent aussi discuter de la "conférence de reconstruction" du Liban avec les donateurs internationaux, qu'Emmanuel Macron s'était engagé à organiser mais dont la date n'a pas encore été annoncée.

Le président libanais a affirmé mercredi, en recevant l'émissaire spécial français pour le Liban Jean-Yves Le Drian, qu'il était "déterminé avec le gouvernement à surmonter les difficultés auxquelles pourrait être confronté le processus de réforme dans les domaines économique, bancaire, financier et judiciaire".

"Il y a eu une bouffée d'optimisme depuis deux mois, mais il y a encore des raisons de craindre que la tâche des nouveaux dirigeants ne soit pas aussi simple", note à ce sujet Karim Bitar.

Depuis 2019, le Liban est plongé dans une crise économique inédite imputée par une grande partie de la population à la mauvaise gestion, la corruption, la négligence et l'inertie de la classe dirigeante qui était en place depuis des décennies.