SETIF, ALGERIE : Avec son plumage aux couleurs vives et son chant mélodieux, le chardonneret est depuis longtemps chéri en Algérie, mais les appels à le protéger contre le braconnage et le commerce illégal se multiplient aujourd'hui.
Originaire d'Europe occidentale et d'Afrique du Nord, le chardonneret est un petit oiseau au plumage distinctif, caractérisé par une tête aux couleurs blanche, rouge et noire et des ailes ornées de bandes jaunes.
Mais avec son chant harmonieux, il est de plus en plus chassé et mis en captivité.
« Dès que ces oiseaux sauvages sont mis en cage, ils souffrent fréquemment de graves problèmes de santé, tels que des inflammations intestinales, en raison des changements brusques de leur régime alimentaire et de leur environnement », explique Zinelabidine Chibout, bénévole à l'Association pour la protection des oiseaux chanteurs sauvages à Sétif, une ville située à environ 300 kilomètres à l'est d'Alger.
- Encourager l'élevage.
Des lois adoptées en 2012 ont classé cet oiseau, également connu localement sous le nom de « maknin », parmi les espèces protégées, en interdisant sa capture à l'état sauvage ainsi que sa vente.
Cependant, cette protection reste insuffisante et l'oiseau, auquel l'Algérie consacre même une journée spéciale chaque année le 1^(er) mars, risque de disparaître à l'état sauvage en Algérie et en Afrique du Nord.
Selon une étude menée en 2021 par l'université de Guelma, au moins six millions de chardonnerets sont retenus en captivité dans des cages par des amateurs et des commerçants dans le nord-est du pays.
Des chercheurs de l'université ont documenté la vente de centaines de chardonnerets en une seule journée lors de leur visite de marchés.
Sur un marché d'Annaba, dans le nord-est de l'Algérie, ils ont compté environ 300 oiseaux proposés à la vente.
Basée à Sétif, l'association de M. Chibout s'emploie également à inverser cette tendance : elle achète des chardonnerets blessés ou négligés, qu'elle soigne avant de les relâcher dans la nature.
« Nous les soignons dans de grandes cages, et une fois qu'ils se rétablissent et peuvent voler à nouveau, nous les relâchons dans la nature », explique M. Chibout.
Des associations de défense des animaux appellent également à privilégier l'élevage de cette espèce.
Madjid Ben Daoud, éleveur passionné de chardonnerets et membre d’une association de protection de l’environnement à Alger, estime que cette approche pourrait protéger la population sauvage de l'oiseau et réduire la demande sur le marché.
« Notre objectif est d'encourager l'élevage des chardonnerets déjà en captivité, afin que les gens n'aient plus besoin de les capturer dans la nature », a-t-il déclaré.
-Symbole de liberté
Souhila Larkam, qui élève des chardonnerets chez elle, estime que les gens ne devraient en posséder un qu'à condition de pouvoir garantir sa reproduction.
L'association de M. Chibout mène des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes générations.
Abderrahmane Abed, vice-président de l'Association pour la protection des oiseaux chanteurs sauvages de Sétif, a récemment emmené un groupe d'enfants en forêt pour leur parler du rôle de l'oiseau dans l’écosystème.
« Nous voulons leur inculquer l'idée que ces oiseaux sauvages méritent notre respect », explique-t-il. « Ils ne devraient ni être chassés ni maltraités. »
En Algérie et dans d'autres régions d'Afrique du Nord, il est également symbole de liberté. Il est souvent évoqué dans des poèmes ou des contes comme un oiseau libre et fier.
Il fut notamment un symbole d’espoir au temps de la colonisation française, le militant indépendantiste Mohamed El Badji en ayant fait une chanson célèbre : « El Meknine Ezzine ».