Le Hezbollah responsable de sa propre destruction et de celle du Liban

De la fumée s'élève du site d'une frappe aérienne israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth. 21 novembre 2024 (AFP)
De la fumée s'élève du site d'une frappe aérienne israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth. 21 novembre 2024 (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 23 novembre 2024

Le Hezbollah responsable de sa propre destruction et de celle du Liban

Le Hezbollah responsable de sa propre destruction et de celle du Liban
  • Le Hezbollah, par ses actions, a semé le chaos au Liban, comme en 2006
  • Il est clair maintenant que le Hezbollah, malgré ses déclarations, est incapable de faire face aux capacités supérieures d'Israël 

Il est indéniable que le Hezbollah est pris pour cible et détruit comme jamais auparavant. Il a frappé Israël avec une extrême violence au début de la guerre de Gaza pour tenter d'obtenir des gains. Israël a répondu à ce message de violence à de multiples reprises et inflige aujourd'hui au Hezbollah une défaite totale. Cela s'est fait au prix de la destruction du Liban et de vies libanaises.

Le Hezbollah, par ses actions, a semé le chaos au Liban, comme en 2006. Pourtant, cette fois-ci, alors qu'Israël refuse toute médiation (et pourquoi Tel-Aviv l'accepterait-il?), les groupes d'opposition au Liban se font beaucoup plus entendre que par le passé. Ils accusent désormais clairement et ouvertement le Hezbollah d'être responsable de cette destruction. Ce dernier, par une nouvelle décision de guerre imprudente et unilatérale, a plongé le Liban dans un désespoir encore plus grand.

Il est clair maintenant que le Hezbollah, malgré ses déclarations, est incapable de faire face aux capacités supérieures d'Israël. La question du moment choisi pour l'opération de l'explosion des bipeurs – qui, rappelons-le, a même blessé l'ambassadeur iranien au Liban – est vite répondue. Cependant, la question principale est de savoir ce que fera le Hezbollah face à cette pression externe et interne croissante. La réponse est la même que par le passé: la violence contre les Libanais.

Chaque fois que le Hezbollah ou le régime syrien – son prédécesseur en tant qu'occupant du Liban – ont subi des pressions extérieures, ils ont choisi d'assassiner des Libanais. Retour au scénario de la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui prévoyait des pressions extrêmes et qui a donné lieu aux vagues d'assassinats dont nous nous souvenons tous. Ainsi, parce qu'il est affaibli et incapable de rivaliser militairement avec Israël, le Hezbollah s'en prendra aux voix libanaises de la liberté.

Parce qu'il est affaibli et incapable de rivaliser militairement avec Israël, le Hezbollah s'en prendra aux voix libanaises de la liberté.

                                                    Khaled Abou Zahr

En plus des morts atroces découlant de la guerre actuelle en raison de la décision unilatérale de ce groupe, s'ajoutera la mort de ses détracteurs et de ses opposants. La dynamique de ces actions a déjà été enclenchée comme par le passé. Un indicateur clair est l'augmentation du nombre d'accusations de trahison à l'encontre de journalistes et de voix véritablement libres, principalement par le biais des réseaux sociaux pour l'instant.

Une fois de plus, des listes circulent. Alors qu'auparavant elles étaient diffusées par des rumeurs et des chauffeurs de taxi, aujourd'hui ces listes circulent ouvertement sur les réseaux sociaux et WhatsApp. Cette saison de menaces a même ajouté des clips vidéo des plus immondes, créés par l'intelligence artificielle, pour déshumaniser ses détracteurs. C'est très caractéristique de ce groupe et un signe de son niveau de désespoir.

La pression d'une défaite potentielle a non seulement contribué à la destruction de l'infrastructure du Hezbollah, mais aussi de son image de puissance. Malgré la destruction qu'ils subissent, les Libanais gardent espoir et entrevoient la possibilité de mettre fin à ce cycle de violence sans fin. Ils expriment désormais clairement la voie à suivre, qui consiste à demander ouvertement au Hezbollah de remettre ses armes aux forces armées libanaises. En réponse, le groupe accuse l'opposition libanaise de chercher à utiliser les Israéliens pour renforcer sa position contre lui.

Le fait que le Hezbollah soit de plus en plus accusé d'être responsable de la situation, ainsi que la demande de mettre fin à son statut spécial, sont des éléments que la milice armée cherchera à réprimer par la force brutale. Elle cherchera à le faire avant la fin de la guerre, malgré ce qu'affirment ses influenceurs sur Internet. Le Hezbollah sait, tout comme le régime syrien dans le passé, que sa violence contre les Libanais fera d'une pierre deux coups. La première est de rétablir la dissuasion, non pas à l'égard de Tel-Aviv mais des voix de la liberté au Liban, et la seconde est d'accroître la pression sur les efforts de médiation internationale pour mettre fin à la guerre.

Sans surprise, il s'agit là des méthodes d'une force d'occupation. Et nous devons également rappeler qu'en octobre 2023, la seule force d'occupation était le Hezbollah. Je me répète en disant qu'Israël n'occupait plus le Liban depuis son retrait unilatéral en 2000. L'implication du Liban n'avait donc plus de raison d'être.

Le Hezbollah sait, comme le régime syrien par le passé, que sa violence contre les Libanais fait d'une pierre deux coups.

                                                     Khaled Abou Zahr

Tout le monde a le cœur brisé en voyant les destructions qui ont lieu aujourd'hui. Pourtant, les intellectuels libanais qui ne condamnent pas, d'abord et avant tout, l'action qui a conduit à cette réaction israélienne attendue sont et seront toujours complices de la violence que le Hezbollah a infligée hier et infligera demain et tous les jours aux Libanais libres. Ils sont complices des violences contre les journalistes auxquelles nous avons déjà assisté et qui ne sont qu'un ballon d'essai pour ce qui va suivre. Nous sommes dans la phase d'intimidation du Hezbollah. Malgré la guerre, il faut la dénoncer et s'y opposer avec véhémence pour empêcher la prochaine phase d'éventuels assassinats.

De plus, si les gens ne défendent pas le Liban maintenant, ils vivront sous les décombres et la domination étrangère dans ce cycle sans fin. Nous remarquons également un effort timide du Hezbollah pour briser l'opposition en accusant certains de trahison et en les menaçant, tout en félicitant d'autres pour leur soutien aux réfugiés du sud. Il s'agit de méthodes futiles que tout le monde devrait connaître et rejeter.

Le Hezbollah est en train de diaboliser ses détracteurs de la pire façon qui soit. La même méthodologie a été utilisée pour assassiner l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, Gebran Tueni, Samir Kassir, George Hawi, Pierre Gemayel, Walid Eido, Antoine Ghanem, François Al-Hajj, Mohammed Chatah et Lokman Slim. La situation volatile et la pression sur le Hezbollah sont les mêmes aujourd'hui que lors des vagues d'assassinats du passé.

Le Hezbollah a provoqué, comme en 2006 et sans aucune raison, la destruction du Liban. Alors qu'il fait face à une menace d'anéantissement quasi existentielle et qu'il est incapable de répondre aux Israéliens, il combattra les Libanais qui ont l'honneur et le courage d'exiger qu'il remette son arsenal militaire. Cette fois, les voix de la liberté doivent l'emporter.

Khaled Abou Zahr est le fondateur de SpaceQuest Ventures, une plate-forme de financement axée sur l’espace. Il est PDG d’EurabiaMedia et rédacteur en chef d’Al-Watan Al-Arabi. 

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com