Cette année, en ce qui concerne le régime iranien et sa politique nationale et étrangère, de nombreux événements majeurs doivent être observés de près, car ils auront des conséquences sur l’ensemble du Moyen-Orient.
D’abord, une confrontation potentielle entre l’Iran et les États-Unis dans les dernières semaines de la présidence de Donald Trump n’est pas exclue. Pour toute erreur militaire de Téhéran concernant les bases américaines au Moyen-Orient (notamment en Irak), l’administration Trump pourrait lancer des frappes aériennes de représailles contre les bases militaires ou les sites nucléaires iraniens. Les tensions entre les États-Unis et le régime de Téhéran ont déjà recommencé à s’intensifier, et leurs dirigeants respectifs échangent des discours enflammés. Après des indications selon lesquelles l’Iran envisageait une attaque, Trump avait averti dans un tweet: «Quelques conseils de santé amicaux à l’Iran: si un Américain est tué, je tiendrai l’Iran pour responsable. Pensez-y.»
Bien que les dirigeants iraniens fassent preuve de puissance dans un climat de tensions accrues, ils craignent que les États-Unis ne lancent une attaque contre eux. Samedi, le ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif, a exhorté Trump à ne pas être «piégé» par le programme d’Israël. Il a même tweeté ce qui semblait être une théorie du complot, laissant entendre qu’Israël envisageait d’attaquer les Américains en Irak afin de déclencher une guerre entre Washington et Téhéran. Il a écrit: «De nouveaux renseignements en provenance d’Irak indiquent que des agents provocateurs israéliens fomentent des attentats contre des Américains, pour coincer un Trump sortant avec un faux casus belli («un acte justifiant la guerre»). Attention au piège, @realDonaldTrump. Tout feu d'artifice se retournerait contre vous.»
Mis à part la rhétorique de l’Iran, ainsi que sa posture militaire et politique, la vérité est que le régime iranien ne peut pas se permettre une guerre avec les États-Unis dans cette situation instable.
Le fait que toute confrontation militaire avec Téhéran rendrait le plan du président élu Joe Biden de revenir au Plan d’action global commun (PAGC) extrêmement difficile, voire impossible, est une autre raison pour laquelle Trump pourrait ordonner des frappes aériennes contre des sites nucléaires iraniens. Cela priverait Biden de ce qu’il considère comme une réussite en matière de politique étrangère, ce qui est particulièrement important si Trump souhaite se présenter de nouveau à la présidence dans quatre ans.
Deuxième problème à observer de près: le régime iranien a toujours l’intention de se venger pour le meurtre de Qassem Soleimani. Un an après la mort du commandant de la force Al-Qods, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, continue de le mentionner dans ses discours. «Ceux qui ont ordonné le meurtre du général Soleimani ainsi que ceux qui l’ont commis devraient être punis. Tôt ou tard, sa mort sera vengée», a-t-il averti le mois dernier.
Le régime veut prouver à ses groupes alliés, à ses milices et à ses partisans qu’il n’est pas faible.
Se venger pour le meurtre de Soleimani est très important pour le régime iranien, en partie parce que Téhéran n’a jamais été ainsi humilié au cours de son règne de quatre décennies. Le régime veut prouver à ses groupes alliés, à ses milices et à ses partisans qu’il n’est pas faible. En outre, du point de vue des dirigeants iraniens, se venger des États-Unis empêcherait Washington et les autres parties de cibler les responsables iraniens à l’avenir. Cependant, l’Iran cherchera probablement à se venger après la fin du mandat de Trump parce que le régime estime que Biden adoptera une politique plus ou moins stricte envers Téhéran et qu’il est moins susceptible de réagir ou de répondre militairement à une attaque iranienne.
Une troisième question importante concerne la politique iranienne en 2021 avec l’élection présidentielle de juin. Attendez-vous à ce que Khamenei, le Corps des gardiens de la révolution islamique et le Conseil des gardiens manipulent et orchestrent une fausse élection qui aboutira à la victoire d’un idéologue et fondamentaliste.
Téhéran cherche également à rejoindre le PAGC cette année. Le régime est en faillite et a besoin d’argent pour financer ses loyalistes, ainsi que son réseau régional de groupes alliés et terroristes. Mais l’establishment théocratique jouera toujours «les gros durs» en menaçant de pousser l’administration Biden à rejoindre rapidement l’accord sur le nucléaire. C’est pourquoi l’Iran a déclaré cette semaine à l’organe de surveillance nucléaire de l’ONU, l’Agence internationale de l’énergie atomique, qu’il prévoyait d’enrichir l’uranium à 20 % de pureté.
Enfin, attendez-vous à une nouvelle vague de manifestations à l’échelle nationale dans les villes iraniennes. Les taux de chômage, d’inflation et de pauvreté continuent tous d’augmenter, ce qui signifie que les citoyens n’ont pas les moyens de se procurer des articles de première nécessité. La devise du pays a également perdu une grande partie de sa valeur et le mécontentement envers les politiciens au pouvoir a atteint des niveaux records. Cela constitue une menace pour les religieux au pouvoir.
Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh
NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com