Universités: Mélenchon appelle à "mettre des drapeaux palestiniens partout" à partir de lundi

Le fondateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Melenchon, participe à un rassemblement de soutien aux Palestiniens et de demande de cessez-le-feu, place de la Nation, à Paris, le 8 septembre 2024. (AFP)
Le fondateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Melenchon, participe à un rassemblement de soutien aux Palestiniens et de demande de cessez-le-feu, place de la Nation, à Paris, le 8 septembre 2024. (AFP)
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Publié le Samedi 05 octobre 2024

Universités: Mélenchon appelle à "mettre des drapeaux palestiniens partout" à partir de lundi

  • Jean-Luc Mélenchon a appelé vendredi à "mettre des drapeaux palestiniens partout où c'est possible", en réaction à une circulaire du ministre Patrick Hetzel sur le "maintien de l'ordre" dans les universités à la veille du 7 octobre
  • "C'est un abus de pouvoir", a estimé M. Mélenchon lors d'une réunion politique dans la capitale. Le ministre "dit que comme l'université est laïque, il ne faut pas parler de Gaza", mais "parler de géopolitique n'est pas attentatoire à la laïcité"

PARIS: Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a appelé vendredi à "mettre des drapeaux palestiniens partout où c'est possible", en réaction à une circulaire du ministre Patrick Hetzel sur le "maintien de l'ordre" dans les universités à la veille du 7 octobre, date anniversaire de l'attaque du Hamas en Israël.

Le ministre de l'Enseignement supérieur a justifié cette mise en garde par une série de manifestations pro-palestiniennes cette semaine à Paris devant Sciences Po et l'Institut des langues orientales, actions qui vont selon lui "à l'encontre des principes de neutralité et de laïcité".

"C'est un abus de pouvoir", a estimé M. Mélenchon lors d'une réunion politique dans la capitale. Le ministre "dit que comme l'université est laïque, il ne faut pas parler de Gaza", mais "parler de géopolitique n'est pas attentatoire à la laïcité", a-t-il développé.

"Je demande à la jeunesse étudiante de s'insoumettre, de ne pas accepter cet interdit", a poursuivi le patriarche insoumis, objectant qu'"à l'université, on parle d'adultes majeurs citoyens (...) donc ils disent ce qu'ils veulent, parce qu'on est dans un pays libre".

"Alors je recommande qu'à partir du 8 (octobre) on mette des drapeaux palestiniens partout où on peut, de manière à ce que cette personne n'ait pas le dernier mot", a-t-il ajouté.

Quelques minutes après, M. Mélenchon a également suggéré qu'"un drapeau qu'on pourrait mettre avec celui des Palestiniens, c'est celui du Liban", où les bombardements de l'armée israélienne contre le Hezbollah ont fait plus d'un millier de morts depuis dix jours.

"L'armée libanaise ne dispose d'aucun moyen de combat et n'a pas la possibilité de protéger ses propres frontières", a-t-il déploré, jugeant que "c'est une hypocrisie totale à partir de là de dire que le Hezbollah pose un problème".

"Le Hezbollah est une composante du peuple libanais et ce n'est pas à nous de décider qui est une bonne composante et qui est une mauvaise", a-t-il insisté, soulignant que "le peuple libanais a le droit à la souveraineté sur son territoire".

Avant d'encourager à nouveau ses troupes: "Mettez des drapeaux libanais, pour que les Libanais sachent qu'on ne les a pas oubliés, qu'on ne les abandonne pas au meurtre (et) à la violence du voisin terrifiant qu'ils ont le malheur d'avoir à leur côté."


Macron souligne l'importance de Djibouti pour sa stratégie indo-pacifique

Le président français Emmanuel Macron (G) serre la main du président djiboutien Ismail Omar Guelleh alors qu'il arrive pour une réunion, au palais présidentiel de Djibouti, le 21 décembre 2024, . (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) serre la main du président djiboutien Ismail Omar Guelleh alors qu'il arrive pour une réunion, au palais présidentiel de Djibouti, le 21 décembre 2024, . (Photo AFP)
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  • lors d'une rencontre avec son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, le président Emmanuel Macron a insisté sur l'importance de la présence militaire de la France à Djibouti pour le développement de sa stratégie dans la région indo-pacifique.
  • « Cette présence à Djibouti est également orientée vers l'océan Indien et l'Indo-Pacifique, et notre stratégie indo-pacifique, réaffirmée et consolidée depuis le printemps 2018.

DJIBOUTI : Samedi, lors d'une rencontre avec son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, le président Emmanuel Macron a insisté sur l'importance de la présence militaire de la France à Djibouti pour le développement de sa stratégie dans la région indo-pacifique.

« Cette présence à Djibouti est également orientée vers l'océan Indien et l'Indo-Pacifique, et notre stratégie indo-pacifique, réaffirmée et consolidée depuis le printemps 2018, ne pourrait se faire sans les forces françaises de Djibouti », a déclaré Emmanuel Macron lors de cette visite au cours de laquelle il s'est également rendu auprès des troupes françaises à l'occasion des fêtes de fin d'année.

Alors que la France a été contrainte de retirer ses troupes de plusieurs pays africains, en particulier au Sahel, le président français a souligné la singularité de Djibouti.

« Nous avons voulu faire évoluer notre modèle là où, dans de nombreux pays, nous avions déjà des bases historiques posées. Nous avons donc voulu le repenser », a-t-il déclaré.

« Djibouti ne participe pas à cette manœuvre d'ensemble parce que, depuis des décennies, la nature même de notre base ici et de nos opérations est profondément différente », a-t-il ajouté, en insistant sur « le besoin en matière de sécurité » de Djibouti tout autant que sur les ambitions de la France dans la zone Indo-Pacifique.

Cette région recouvre une vaste zone d'Asie et d'Océanie comprenant les grandes puissances émergentes comme l'Inde ou la Chine. Elle concentre environ 60 % du PIB mondial et la France y est présente grâce à ses départements ou territoires d'outre-mer, comme la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Mayotte ou l'île de la Réunion.

Devant les troupes françaises, avec lesquelles il avait partagé un dîner de Noël vendredi, Emmanuel Macron avait affirmé que la base française de Djibouti allait se « réinventer » comme « point de projection » pour des « missions » en Afrique.

La France a déjà été contrainte d'évacuer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023, après l'arrivée au pouvoir de juntes militaires. Un premier contingent de 120 soldats français a également quitté le Tchad vendredi, qui avait formulé une demande similaire le 29 novembre, tout comme le Sénégal.

De son côté, Ismaïl Omar Guelleh a rappelé « la relation privilégiée » avec la France, caractérisée par le renouvellement en juillet dernier du partenariat de défense. Il s'est également félicité de la signature, samedi, de deux accords portant sur la construction d'un nouvel aéroport à Djibouti et sur le développement d'une agence spatiale.

Les deux présidents ont également évoqué plusieurs questions régionales, Emmanuel Macron soulignant « l'importance de la mise en œuvre d'un processus de dialogue pour mettre un terme au terrible conflit au Soudan », pays ravagé par une guerre entre l'armée et des paramilitaires.


La « loi spéciale » visant à pallier l'absence de budget pour 2025 a été promulguée

Cette photographie montre un écran géant affichant le résultat du scrutin lors d'une séance de vote sur le projet de loi de finances rectificative à l'Assemblée nationale à Paris le 16 décembre 2024. (Photo AFP)
Cette photographie montre un écran géant affichant le résultat du scrutin lors d'une séance de vote sur le projet de loi de finances rectificative à l'Assemblée nationale à Paris le 16 décembre 2024. (Photo AFP)
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  • Adoptée en urgence en décembre par le Parlement, cette loi spéciale a permis à l'exécutif de prélever l'impôt et d'emprunter pour financer l'État et la Sécurité sociale, malgré l'absence de budget pour 2025.
  • « Cette loi spéciale donne à l'État tout ce qu'il faut pour assurer ses fonctions essentielles au début de l'année 2025, mais rien de plus.

PARIS : La « loi spéciale », palliatif budgétaire soumis en urgence après la censure du précédent gouvernement, a été promulguée vendredi par le président Emmanuel Macron dans l'attente d'un budget en bonne et due forme, selon le Journal officiel paru samedi.

Adoptée en urgence en décembre par le Parlement, cette loi spéciale a permis à l'exécutif de prélever l'impôt et d'emprunter pour financer l'État et la Sécurité sociale, malgré l'absence de budget pour 2025.

La promulgation de la loi a eu lieu depuis Mamoudzou, à Mayotte, où le chef de l'État s'est rendu ces derniers jours pour constater l'ampleur des besoins du département français, dévasté par le cyclone Chido.

Avec cette loi, « la continuité de l'État est maintenue et garantie, mais de façon temporaire », a réagi Laurent Saint-Martin, ministre du Budget démissionnaire, samedi matin sur X. « La nécessité de doter le pays d'un budget pour 2025 demeure, tout comme l'urgence de redresser nos comptes publics », a-t-il ajouté.

« Cette loi spéciale donne à l'État tout ce qu'il faut pour assurer ses fonctions essentielles au début de l'année 2025, mais rien de plus. Elle devra être complétée le plus rapidement possible par un budget », avait aussi souligné le rapporteur général de la commission des Finances du Sénat, Jean-François Husson (Les Républicains), le 18 décembre.

Jeudi soir sur France 2, le nouveau Premier ministre François Bayrou a déclaré espérer l'adoption d'un budget « à la mi-février », tout en reconnaissant ne pas être « sûr d'y arriver ». Il a précisé qu'il repartirait de « la copie qui a été votée » au Parlement avant l'abrogation de la loi par le gouvernement de Michel Barnier.

M. Bayrou, nommé le 13 décembre en remplacement de M. Barnier, a en outre déclaré souhaiter que son gouvernement soit présenté « dans le week-end », ou « en tout cas, avant Noël », avant « mardi soir.  


Après le départ d'Emmanuel Macron, les habitants de Mayotte n'ont toujours pas reçu d'aide

Un homme ramasse son linge dans le quartier Kawani de la ville de Mamouzou, sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 20 décembre 2024. (Photo AFP)
Un homme ramasse son linge dans le quartier Kawani de la ville de Mamouzou, sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 20 décembre 2024. (Photo AFP)
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  •  « On a soif. On a faim ! » : face à une aide qui arrive au compte-goutte, les habitants de Mayotte s'impatientent, alors qu'Emmanuel Macron a constaté, au lendemain de sa visite, l'immensité des besoins de l'archipel dévasté par le cyclone Chido.
  • S'il a assuré parer à « l'urgence », le chef de l'État a également averti que « pendant des mois, Mayotte ne vivra pas en situation normale ».

MAMOUDZOU, FRANCE : « On a soif. On a faim ! » : face à une aide qui arrive au compte-goutte, les habitants de Mayotte s'impatientent, alors qu'Emmanuel Macron a constaté, au lendemain de sa visite, l'immensité des besoins de l'archipel dévasté par le cyclone Chido.

Le président français a promis vendredi soir le raccordement partiel des foyers à l'eau dès samedi, après avoir été confronté à la détresse des Mahorais pendant deux jours.

« La priorité absolue, c'est le combat pour l'eau potable », a affirmé le chef de l'État, face au risque de déshydratation qui menace les sinistrés, isolés et parfois privés d'eau potable et de nourriture.

S'il a assuré parer à « l'urgence », le chef de l'État a également averti que « pendant des mois, Mayotte ne vivra pas en situation normale ».

Il a notamment averti que les écoles ne pourraient pas toutes rouvrir à la rentrée du 13 janvier. « Mais nous voulons pouvoir apporter une solution à toutes les familles » à cette date, a-t-il assuré, évoquant notamment la scolarisation d'élèves à La Réunion voisine.

Six jours après le passage du cyclone Chido, le bilan provisoire s'élève à 35 morts et environ 2 500 blessés, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

Mais « il est vraisemblable qu’il y ait beaucoup plus de victimes », a reconnu Emmanuel Macron, rappelant qu'une mission avait été diligentée pour établir un bilan exact.

Avant de décoller, le président a tenu une réunion de la cellule interministérielle de crise en visioconférence pour « transmettre au gouvernement et aux administrations les actions utiles à prendre », a indiqué l'Élysée.

- 130 tonnes distribuées.

Vendredi, Emmanuel Macron s'est rendu à Tsingoni, une commune enclavée de l'ouest de Grande-Terre, l'île principale de l'archipel. Loin de Mamoudzou, le chef-lieu, les secours, l'eau, l'électricité et la nourriture tardent toujours à arriver.

« On veut de l'eau », ont imploré plusieurs habitants.

L'un d'eux, Badirou Abdou, raconte que des hélicoptères ont « largué (...) des bouteilles sur le terrain de foot ». « Heureusement, nous sommes une population sage qui ne se bouscule pas, mais ce n'est pas la meilleure manière de procéder », glisse-t-il.

Il prévient : « Ici, on est coupé du monde. » Des gens dorment dehors, par terre... Les maladies vont arriver. »

Samedi, 50 volontaires supplémentaires de la Croix-Rouge française décolleront de la métropole pour rejoindre Mayotte.

« Déjà 80 tonnes d'alimentation et 50 tonnes d'eau ont été distribuées dans neuf communes hier », a abondé le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau sur X, assurant que « tout est mis en place pour permettre de distribuer 600 000 litres d'eau par jour », soit un peu moins de deux litres par personne, dans un territoire où il fait actuellement plus de 30 degrés.

Bidons à la main, des dizaines de Mahorais se sont rués vendredi devant la station-service du quartier de Kawéni, plus grand bidonville de France, dans l'espoir de repartir avec un peu de carburant pour faire fonctionner les groupes électrogènes, malgré l'interdiction des autorités de remplir bidons et jerricans.

Seules sept stations-services sont ouvertes et la quantité de carburant par plein est limitée à 30 litres.

« On est fatigués. On en a marre. On a soif. On a faim », énumère Yazéa Abdou, une Mahoraise de 26 ans, qui assure à l'AFPTV qu'elle se joint depuis plusieurs jours à cette file d'attente, sur l'archipel où l'électricité n'est toujours pas rétablie.

- Polémique -

« Si c'était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! », a lancé le président jeudi au milieu de la foule qui criait sa colère et son désespoir. Des propos qui lui ont valu de vives critiques de la part de l'opposition à Paris.

Le président de la République a réagi à cette polémique en affirmant avoir répondu à des membres du Rassemblement national qui, selon lui, « insultaient la France en disant on ne fait rien ».

Environ un tiers de la population de Mayotte, soit plus de 100 000 habitants, vivent dans des logements précaires, notamment les personnes en situation irrégulière venant des Comores voisines.

« Mettre fin » aux bidonvilles et « supprimer » ces habitats « indignes » et « dangereux » figure parmi les objectifs de la loi spéciale promise par le président pour « rebâtir » Mayotte. Le Premier ministre François Bayrou a fixé un délai potentiel de deux ans pour cette reconstruction.