Après le départ d'Emmanuel Macron, les habitants de Mayotte n'ont toujours pas reçu d'aide

Un homme ramasse son linge dans le quartier Kawani de la ville de Mamouzou, sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 20 décembre 2024. (Photo AFP)
Un homme ramasse son linge dans le quartier Kawani de la ville de Mamouzou, sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 20 décembre 2024. (Photo AFP)
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Publié le Samedi 21 décembre 2024

Après le départ d'Emmanuel Macron, les habitants de Mayotte n'ont toujours pas reçu d'aide

  •  « On a soif. On a faim ! » : face à une aide qui arrive au compte-goutte, les habitants de Mayotte s'impatientent, alors qu'Emmanuel Macron a constaté, au lendemain de sa visite, l'immensité des besoins de l'archipel dévasté par le cyclone Chido.
  • S'il a assuré parer à « l'urgence », le chef de l'État a également averti que « pendant des mois, Mayotte ne vivra pas en situation normale ».

MAMOUDZOU, FRANCE : « On a soif. On a faim ! » : face à une aide qui arrive au compte-goutte, les habitants de Mayotte s'impatientent, alors qu'Emmanuel Macron a constaté, au lendemain de sa visite, l'immensité des besoins de l'archipel dévasté par le cyclone Chido.

Le président français a promis vendredi soir le raccordement partiel des foyers à l'eau dès samedi, après avoir été confronté à la détresse des Mahorais pendant deux jours.

« La priorité absolue, c'est le combat pour l'eau potable », a affirmé le chef de l'État, face au risque de déshydratation qui menace les sinistrés, isolés et parfois privés d'eau potable et de nourriture.

S'il a assuré parer à « l'urgence », le chef de l'État a également averti que « pendant des mois, Mayotte ne vivra pas en situation normale ».

Il a notamment averti que les écoles ne pourraient pas toutes rouvrir à la rentrée du 13 janvier. « Mais nous voulons pouvoir apporter une solution à toutes les familles » à cette date, a-t-il assuré, évoquant notamment la scolarisation d'élèves à La Réunion voisine.

Six jours après le passage du cyclone Chido, le bilan provisoire s'élève à 35 morts et environ 2 500 blessés, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

Mais « il est vraisemblable qu’il y ait beaucoup plus de victimes », a reconnu Emmanuel Macron, rappelant qu'une mission avait été diligentée pour établir un bilan exact.

Avant de décoller, le président a tenu une réunion de la cellule interministérielle de crise en visioconférence pour « transmettre au gouvernement et aux administrations les actions utiles à prendre », a indiqué l'Élysée.

- 130 tonnes distribuées.

Vendredi, Emmanuel Macron s'est rendu à Tsingoni, une commune enclavée de l'ouest de Grande-Terre, l'île principale de l'archipel. Loin de Mamoudzou, le chef-lieu, les secours, l'eau, l'électricité et la nourriture tardent toujours à arriver.

« On veut de l'eau », ont imploré plusieurs habitants.

L'un d'eux, Badirou Abdou, raconte que des hélicoptères ont « largué (...) des bouteilles sur le terrain de foot ». « Heureusement, nous sommes une population sage qui ne se bouscule pas, mais ce n'est pas la meilleure manière de procéder », glisse-t-il.

Il prévient : « Ici, on est coupé du monde. » Des gens dorment dehors, par terre... Les maladies vont arriver. »

Samedi, 50 volontaires supplémentaires de la Croix-Rouge française décolleront de la métropole pour rejoindre Mayotte.

« Déjà 80 tonnes d'alimentation et 50 tonnes d'eau ont été distribuées dans neuf communes hier », a abondé le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau sur X, assurant que « tout est mis en place pour permettre de distribuer 600 000 litres d'eau par jour », soit un peu moins de deux litres par personne, dans un territoire où il fait actuellement plus de 30 degrés.

Bidons à la main, des dizaines de Mahorais se sont rués vendredi devant la station-service du quartier de Kawéni, plus grand bidonville de France, dans l'espoir de repartir avec un peu de carburant pour faire fonctionner les groupes électrogènes, malgré l'interdiction des autorités de remplir bidons et jerricans.

Seules sept stations-services sont ouvertes et la quantité de carburant par plein est limitée à 30 litres.

« On est fatigués. On en a marre. On a soif. On a faim », énumère Yazéa Abdou, une Mahoraise de 26 ans, qui assure à l'AFPTV qu'elle se joint depuis plusieurs jours à cette file d'attente, sur l'archipel où l'électricité n'est toujours pas rétablie.

- Polémique -

« Si c'était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! », a lancé le président jeudi au milieu de la foule qui criait sa colère et son désespoir. Des propos qui lui ont valu de vives critiques de la part de l'opposition à Paris.

Le président de la République a réagi à cette polémique en affirmant avoir répondu à des membres du Rassemblement national qui, selon lui, « insultaient la France en disant on ne fait rien ».

Environ un tiers de la population de Mayotte, soit plus de 100 000 habitants, vivent dans des logements précaires, notamment les personnes en situation irrégulière venant des Comores voisines.

« Mettre fin » aux bidonvilles et « supprimer » ces habitats « indignes » et « dangereux » figure parmi les objectifs de la loi spéciale promise par le président pour « rebâtir » Mayotte. Le Premier ministre François Bayrou a fixé un délai potentiel de deux ans pour cette reconstruction.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ».