Pourquoi y a-t-il une guerre au Liban aujourd'hui? Pourquoi le pays est-il détruit une fois de plus? Jusqu'à quand sera-t-il entraîné dans un cycle de destruction à chaque tournant de l'histoire? Il y a, pour cette série de destructions, comme pour les précédentes, un seul responsable. Il s'agit du Hezbollah. Cette organisation terroriste et sa décision unilatérale d'engager le combat avec Israël.
Avant l'intensification des attaques israéliennes, j'avais beaucoup insisté sur la nécessité de tenir le Liban à l'écart de ce qui se passait à Gaza. J'ai reçu beaucoup de critiques et de désaccords de la part de soi-disant leaders d'opinion libanais lorsque j'ai déclaré que cette guerre n'était pas celle du Liban. Aujourd'hui, les gens souffrent et meurent et ces leaders d'opinion demandent au monde de les aider.
L'aide humanitaire est un acte remarquable et tous les Libanais devraient être reconnaissants envers les pays qui la dispensent. Mais il est temps de mettre fin à l'aide politique et financière internationale jusqu'à ce que les Libanais aient décidé de leur sort. L'État libanais ne doit plus servir d'interface avec une milice armée. Il ne faut plus qu'une solution internationale impose un avenir brisé au pays. Il faudrait mettre fin aux souffrances. Et pour cela, il faut que les choses soient claires sur ce qu'est le Liban en tant que pays.
Le Liban doit reprendre le contrôle de tous les aspects de sa prise de décision et retrouver sa souveraineté. Je ne peux plus supporter de voir encore plus de destruction et de souffrance sans que personne ne prenne ses responsabilités. Cela doit cesser maintenant.
Nous ne pouvons pas continuer à dire que nous sommes les otages du Hezbollah et permettre à la milice de faire sombrer le pays dans le chaos et la mort. Après l'assassinat de Hassan Nasrallah, la déclaration officielle du Hezbollah s'est concentrée sur la libération de Jérusalem. Rien sur le Liban. Cela confirme sa volonté de continuer à entraîner le Liban dans le cycle de la guerre.
C'est pourquoi il est temps de décider. Le Liban est-il le Hezbollah? Toutes les médiations précédentes ont donné un laissez-passer et une reconnaissance internationale au Hezbollah. Elles lui ont permis de formater les institutions à sa guise. Même dans le cadre d'une médiation, il choisit ce qu'il veut appliquer et ce dont il veut faire fi. Les conditions de tout accord n'engagent que les autres groupes politiques, jamais le Hezbollah. Il est clair que le Hezbollah ne reconnaît ni l'ordre international ni l'État libanais.
Cette situation est à l'origine de tous les maux dont souffre le pays. Plus important encore, elle n'a jamais rien résolu. Elle ne fait qu'arrêter l'hémorragie l'espace de quelques instants. Avant cette guerre, il y en a eu d'autres. Bien d'autres crises financières et économiques. Et bien d'autres occupations avant celle-ci.
Il est temps de mettre fin à l'aide politique et financière internationale jusqu'à ce que les Libanais aient décidé de leur sort.
Khaled Abou Zahr
L'absence d'État a été façonnée de manière à répondre aux besoins du Hezbollah, et non à ceux des Libanais. Pourtant, à travers les crises et les guerres, elle a été institutionnalisée grâce à la médiation internationale. L'heure du changement a sonné. C'est pourquoi toute médiation politique internationale doit être rejetée jusqu'à ce que le Liban décide de son sort. Pourquoi a-t-on laissé le Hezbollah s'en tirer sans appliquer toutes les conditions de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies? Pourquoi n'a-t-il pas renoncé à son arsenal militaire?
Nous ne pouvons pas permettre que cela continue. Cette fois, il faut faire pression sur le Hezbollah pendant les négociations. L'État libanais, qui n'existe pas, ne peut pas servir de contre-feu pour préserver le statut et l'infrastructure militaire du Hezbollah. Toutes les infrastructures, des communications aux tunnels en passant par les ondes, doivent être contrôlées par l'État et non par une milice. Toute décision de guerre ou de paix doit être prise par un État, et non par une milice. Le Hezbollah doit livrer les armes qu'il détient. Il ne doit pas être intégré à l'armée.
Pour toutes ces raisons et pour l'avenir du Liban, aucune médiation internationale ne doit interférer dans la formulation de la politique intérieure. Si le Hezbollah ne se plie pas à la volonté du peuple, il n'aura d'autre choix que de prendre le contrôle du pays. Nous saurons alors tous, avec la communauté internationale, que le Liban, c'est le Hezbollah. Il peut hisser son drapeau jaune sur tout le territoire et en assumer les conséquences.
Pour éviter cela, le peuple doit exercer une pression maximale sur les institutions existantes pour retirer au Hezbollah son statut. Il est temps pour l'armée libanaise, qui a bénéficié d'un soutien international, de montrer sa position. Si les Libanais peuvent sauver leur pays, si la milice remet ses armes à l'armée et si nous commençons à travailler sur un nouveau système politique, alors le soutien international sera le bienvenu. D'ici là, la médiation internationale ne sera d'aucune utilité car elle ne changera rien.
Malgré ce que les diplomates français ont avancé dans des initiatives passées, il est faux de dire que le Hezbollah est une force politique dominante. Ce n'est pas une force politique libanaise dominante, c'est une milice et rien d'autre. Aujourd'hui, poursuivre une médiation qui laisse perdurer cette idée fausse sera la cause de la prochaine guerre ou d'une crise catastrophique. Il vaut mieux que la diplomatie française se tienne à l'écart plutôt que de donner du pouvoir au Hezbollah contre le peu qu'il reste des institutions souveraines du Liban.
La tâche n'est pas facile, mais le moment est venu pour les Libanais de s'unir pour le bien de leur pays et de forcer l'armée à retirer au Hezbollah son statut. Le peuple doit exercer une pression suffisante pour imposer au niveau national ce qui est nécessaire pour un cessez-le-feu et le début d'une véritable reconstruction du pays. Cela commence par une armée unique.
Khaled Abou Zahr est le fondateur de SpaceQuest Ventures, une plate-forme de financement axée sur l’espace. Il est PDG d’EurabiaMedia et rédacteur en chef d’Al-Watan Al-Arabi.
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com