BEYROUTH : Depuis Beyrouth, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a exhorté lundi Israël à "s'abstenir de toute incursion terrestre au Liban" et appelé les belligérants à "saisir" la proposition internationale de cessez-le-feu lancée la semaine dernière à l'ONU.
"Il reste un espoir, mais il reste peu de temps", a lancé M. Barrot lors d'une conférence de presse à Beyrouth, ponctuant une journée d'entretiens avec les dirigeants libanais.
"J'exhorte Israël à s'abstenir de toute incursion terrestre et à cesser le feu", a déclaré le ministre français, alors que les dirigeants israéliens laissent planer la menace depuis plusieurs jours.
"J'appelle le Hezbollah à faire de même et à s'abstenir de toute action susceptible de mener à une déstabilisation régionale", a poursuivi M. Barrot, en soulignant la "lourde responsabilité" du mouvement pro-iranien dans la situation.
Le Hezbollah, dont le chef Hassan Nasrallah a été éliminé vendredi dans une frappe israélienne, a promis lundi de poursuivre la lutte contre Israël et s'est dit "prêt" à faire face à une opération terrestre dans le sud du Liban.
Dans ce climat tendu à l'extrême, et alors qu'Israël continue sa campagne de bombardements -une première frappe a d'ailleurs touché Beyrouth dans la nuit de dimanche à lundi, M. Barrot a voulu croire à la possibilité de "solutions diplomatiques".
"Les paramètres d'un règlement diplomatique sont connus de longue date", a-t-il dit, soulignant la nécessité de "mettre enfin pleinement en oeuvre la résolution 1701" de l'ONU, qui avait mis fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.
Elle prévoit la cessation des hostilités de part et d'autre de la frontière, le déploiement des forces armées libanaises dans le sud et un retrait du Hezbollah du sud du Liban jusqu'au fleuve Litani.
"Rien que tout cela n'est impossible pourvu que la volonté politique soit présente de part et d'autre", a insisté M. Barrot.
Le ministre, qui a notamment rencontré lundi le Premier ministre Najib Mikati, le général Joseph Aoun, commandant en chef de l'armée, et Nabih Berri, président de l'Assemblée nationale, a assuré que "les responsables politiques libanais soutiennent la proposition de cessez-le-feu".
Concernant Israël, "nous avons des contacts quotidiens avec eux pour les appeler à saisir cette proposition", a-t-il dit.
- "Irresponsable" -
Alors que le Liban est au bord du gouffre, M. Barrot a également interpellé les dirigeants du pays, incapables de se mettre d'accord depuis deux ans pour élire un président.
"Ils doivent remettre leurs institutions en ordre de marche", a lancé le chef de la diplomatie française.
"Que la guerre se poursuive ou que les négociations s'ouvrent, il est irresponsable de laisser aujourd'hui le pays sans chef d'Etat qui puisse le rassembler. C'est la condition de la préservation de la coexistence à l'heure où la guerre est susceptible d'exacerber les tensions internes", a-t-il martelé.
Les bombardements israéliens ont déplacé, notamment vers Beyrouth, des centaines de milliers de personnes depuis la mi-septembre, menaçant le fragile équilibre communautaire libanais.
M. Barrot a également apporté son soutien aux quelque 23.000 ressortissants français établis au Liban, dont deux ont été "victimes des frappes" israéliennes, rappelant que l'ambassade avait mis en place une cellule de réponse téléphonique active sept jours sur sept.
Le ministre, venu à Beyrouth avec une aide sanitaire d'urgence, a répété à plusieurs reprises que la France "continuait de se tenir aux côtés du Liban et des Libanais".
Plus de mille personnes ont été tuées au Liban, selon les autorités libanaises, depuis le début de l'escalade militaire entre Israël et le Hezbollah à la mi-septembre.