PARIS: Petit-déjeuner des nouveaux ministres à Matignon, premier Conseil des ministres à l'Elysée, et plusieurs passations: le gouvernement Barnier, attelage fragile entre les macronistes et Les Républicains, fait ses premiers pas lundi, déjà critiqué et menacé de censure.
C'est à Matignon que les 39 nouveaux ministres et secrétaires d'Etat, très majoritairement issus de la macronie et de la droite, se sont réunis pour la première fois à 08H00, pour un "petit-déjeuner gouvernemental".
Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, a dit à son arrivée aborder la journée avec "détermination". Son collègue des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s'est dit aussi "concentré, déterminé", tandis que la ministre de l'Éducation Anne Genetet abordait la réunion "sereinement".
Ce n'est pas un Conseil des ministres mais une "réunion des ministres autour d'un café pour mieux se connaître", a dit en ouverture de cette réunion Michel Barnier, qui a affirmé à ses ministres sa "détermination".
Le Premier ministre avait appelé dimanche son gouvernement à travailler dans la "plus grande cohésion" et la "plus grande fraternité", alors que son équipe est déjà marquée par des tensions avec les députés du bloc central.
Les ministres iront ensuite dans leurs ministères respectifs pour les traditionnelles cérémonies de passation. Une première a déjà eu lieu dimanche à Bercy.
Ils se retrouveront à nouveau ensemble dans l'après-midi à l'Élysée pour un Conseil des ministres autour d'Emmanuel Macron.
Michel Barnier a redit dimanche sur France 2 qu'il n'entendait pas créer "de polémique" avec le chef de l'État, même s'il a affirmé que les "domaines réservés" du président étaient "aussi des sujets" qui "l'intéressaient", désireux de travailler avec lui dans un "esprit de compromis positif, dynamique".
Lors de ce premier entretien télévisé depuis la nomination du gouvernement, le Premier ministre a fixé quelques caps pour tenter de rassurer ses alliés comme ses opposants.
Alors que l'élaboration du budget 2025, qui a déjà pris un retard inédit, est l'urgence numéro un dans un contexte économique très tendu, Michel Barnier a promis ne "pas alourdir encore l'impôt sur l'ensemble des Français".
Mais "les plus riches doivent prendre part à l'effort de solidarité", a prévenu le Premier ministre LR, sans se prononcer directement sur un rétablissement de l'ISF, avidement réclamé par la gauche.
Le député macroniste Sylvain Maillard a cependant rappelé lundi sur France 2 l'opposition du groupe central à toute hausse d'impôts. "Nous sommes dans une coalition et dans une coalition, il y a des discussions entre les partenaires", a-t-il néanmoins reconnu.
Lois sociétales « préservées »
Le locataire de Matignon a également assuré que les grandes lois de "progrès social ou sociétal" comme celles sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), le mariage pour tous ou l'assistance médicale à la procréation (AMP ou PMA) seraient "intégralement préservées".
Quelques heures plus tôt, son prédécesseur, désormais patron des députés macronistes, Gabriel Attal, lui avait demandé "d'affirmer clairement dans sa déclaration de politique générale (prévue le 1er octobre) qu'il n'y aura(it) pas de retour en arrière" sur ces questions.
Mais la présence dans le nouveau gouvernement de figures résolument conservatrices comme le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau fait grincer des dents.
Michel Barnier s'est aussi engagé à "prendre le temps d'améliorer" la très contestée réforme des retraites.
Des garanties insuffisantes pour la gauche.
"Michel Barnier n'a pas dit un mot de la pauvreté. Il n'a rien proposé face à l'urgence écologique", a taclé la vice-présidente insoumise de l'Assemblée nationale Clémence Guetté, relevant que le gouvernement ne comptait pas revenir au report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.
Le Nouveau Front populaire a déjà prévu de rédiger une motion de censure qui sera déposée par les socialistes après le discours de politique générale, a indiqué le patron du PS Olivier Faure.
Reste que le Rassemblement national doit voter ce texte pour faire tomber le gouvernement, ce qui pour l'instant est peu probable de l'aveu même de M. Faure.