Premiers pas du gouvernement Barnier à Matignon puis à l'Elysée

C'est à Matignon que les 39 nouveaux ministres et secrétaires d'Etat, très majoritairement issus de la macronie et de la droite, se sont réunis pour la première fois à 08H00, pour un "petit-déjeuner gouvernemental". (AFP)
C'est à Matignon que les 39 nouveaux ministres et secrétaires d'Etat, très majoritairement issus de la macronie et de la droite, se sont réunis pour la première fois à 08H00, pour un "petit-déjeuner gouvernemental". (AFP)
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Publié le Lundi 23 septembre 2024

Premiers pas du gouvernement Barnier à Matignon puis à l'Elysée

  • C'est à Matignon que les 39 nouveaux ministres et secrétaires d'Etat, très majoritairement issus de la macronie et de la droite, se sont réunis pour la première fois à 08H00, pour un "petit-déjeuner gouvernemental"
  • Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, a dit à son arrivée aborder la journée avec "détermination"

PARIS: Petit-déjeuner des nouveaux ministres à Matignon, premier Conseil des ministres à l'Elysée, et plusieurs passations: le gouvernement Barnier, attelage fragile entre les macronistes et Les Républicains, fait ses premiers pas lundi, déjà critiqué et menacé de censure.

C'est à Matignon que les 39 nouveaux ministres et secrétaires d'Etat, très majoritairement issus de la macronie et de la droite, se sont réunis pour la première fois à 08H00, pour un "petit-déjeuner gouvernemental".

Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, a dit à son arrivée aborder la journée avec "détermination". Son collègue des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s'est dit aussi "concentré, déterminé", tandis que la ministre de l'Éducation Anne Genetet abordait la réunion "sereinement".

Ce n'est pas un Conseil des ministres mais une "réunion des ministres autour d'un café pour mieux se connaître", a dit en ouverture de cette réunion Michel Barnier, qui a affirmé à ses ministres sa "détermination".

Le Premier ministre avait appelé dimanche son gouvernement à travailler dans la "plus grande cohésion" et la "plus grande fraternité", alors que son équipe est déjà marquée par des tensions avec les députés du bloc central.

Les ministres iront ensuite dans leurs ministères respectifs pour les traditionnelles cérémonies de passation. Une première a déjà eu lieu dimanche à Bercy.

Ils se retrouveront à nouveau ensemble dans l'après-midi à l'Élysée pour un Conseil des ministres autour d'Emmanuel Macron.

Michel Barnier a redit dimanche sur France 2 qu'il n'entendait pas créer "de polémique" avec le chef de l'État, même s'il a affirmé que les "domaines réservés" du président étaient "aussi des sujets" qui "l'intéressaient", désireux de travailler avec lui dans un "esprit de compromis positif, dynamique".

Lors de ce premier entretien télévisé depuis la nomination du gouvernement, le Premier ministre a fixé quelques caps pour tenter de rassurer ses alliés comme ses opposants.

Alors que l'élaboration du budget 2025, qui a déjà pris un retard inédit, est l'urgence numéro un dans un contexte économique très tendu, Michel Barnier a promis ne "pas alourdir encore l'impôt sur l'ensemble des Français".

Mais "les plus riches doivent prendre part à l'effort de solidarité", a prévenu le Premier ministre LR, sans se prononcer directement sur un rétablissement de l'ISF, avidement réclamé par la gauche.

Le député macroniste Sylvain Maillard a cependant rappelé lundi sur France 2 l'opposition du groupe central à toute hausse d'impôts. "Nous sommes dans une coalition et dans une coalition, il y a des discussions entre les partenaires", a-t-il néanmoins reconnu.

Lois sociétales « préservées »

Le locataire de Matignon a également assuré que les grandes lois de "progrès social ou sociétal" comme celles sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), le mariage pour tous ou l'assistance médicale à la procréation (AMP ou PMA) seraient "intégralement préservées".

Quelques heures plus tôt, son prédécesseur, désormais patron des députés macronistes, Gabriel Attal, lui avait demandé "d'affirmer clairement dans sa déclaration de politique générale (prévue le 1er octobre) qu'il n'y aura(it) pas de retour en arrière" sur ces questions.

Mais la présence dans le nouveau gouvernement de figures résolument conservatrices comme le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau fait grincer des dents.

Michel Barnier s'est aussi engagé à "prendre le temps d'améliorer" la très contestée réforme des retraites.

Des garanties insuffisantes pour la gauche.

"Michel Barnier n'a pas dit un mot de la pauvreté. Il n'a rien proposé face à l'urgence écologique", a taclé la vice-présidente insoumise de l'Assemblée nationale Clémence Guetté, relevant que le gouvernement ne comptait pas revenir au report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.

Le Nouveau Front populaire a déjà prévu de rédiger une motion de censure qui sera déposée par les socialistes après le discours de politique générale, a indiqué le patron du PS Olivier Faure.

Reste que le Rassemblement national doit voter ce texte pour faire tomber le gouvernement, ce qui pour l'instant est peu probable de l'aveu même de M. Faure.


Jean-Noël Barrot promet son soutien aux femmes Afghanes et Iraniennes

Le nouveau ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, arrive à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 septembre 2024, pour une réunion avec les membres du nouveau cabinet et le Premier ministre. (Photo AFP)
Le nouveau ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, arrive à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 septembre 2024, pour une réunion avec les membres du nouveau cabinet et le Premier ministre. (Photo AFP)
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  • Jean-Noël Barrot a promis lundi aux femmes iraniennes et afghanes qu'elles n'étaient "pas seules"
  • M. Barrot, qui était ministre délégué aux Affaires européennes dans l'ancien gouvernement, a énuméré les quatre "défis" auquel est selon lui confronté le monde: défis de la paix, du climat, de la démocratie et de la prospérité.

PARIS : Le nouveau chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a promis lundi aux femmes iraniennes et afghanes qu'elles n'étaient "pas seules" et que la France serait "à leurs côtés", lors de sa prise de fonctions au ministère des Affaires étrangères.

"Ce ministère sera pleinement mobilisé chaque fois que les libertés fondamentales, les droits de l'homme, des minorités, seront en danger", a assuré le centriste de 41 ans lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur Stéphane Séjourné.

"Je le dis aux femmes iraniennes, je le dis aux jeunes filles en Afghanistan: j'ai entendu leur cri de détresse. Vous n'êtes pas seules, nous serons à vos côtés", a-t-il promis devant les diplomates et journalistes réunis au Quai d'Orsay.

M. Barrot, qui était ministre délégué aux Affaires européennes dans l'ancien gouvernement, a énuméré les quatre "défis" auquel est selon lui confronté le monde: défis de la paix, du climat, de la démocratie et de la prospérité.

"Nous vivons dans une époque de crises géopolitiques d'une exceptionnelle gravité. Jamais l'ordre international n'a été soumis à des vents aussi violents qui veulent l'abattre, pour lui substituer un ordre international fondé sur la force", a-t-il affirmé.

"En Ukraine, au Proche-Orient, en Haïti, dans la région des Grands Lacs, en mer de Chine, ce ministère défendra corps et âme le droit international au service d'une paix juste", a-t-il assuré.

"La démocratie est attaquée de toutes parts. Notre pays est ciblé, pilonné par les ennemis de la démocratie. La France se défendra contre toutes les ingérences étrangères, contre toutes les menaces hybrides", a-t-il également déclaré.

M. Barrot doit partir pour New York où il participera à l'Assemblée générale des Nations Unies.


Macron déterminé à poursuivre le travail de mémoire avec l'Algérie

Le président français Emmanuel Macron (à droite) s'entretient avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune (à gauche) alors qu'ils participent au sommet du G7 organisé par l'Italie au centre de villégiature Borgo Egnazia à Savelletri, le 13 juin 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite) s'entretient avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune (à gauche) alors qu'ils participent au sommet du G7 organisé par l'Italie au centre de villégiature Borgo Egnazia à Savelletri, le 13 juin 2024. (AFP)
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  • En août 2022, Emmanuel Macron et son homologue Abdelmadjid Tebboune avaient décidé de relancer la relation bilatérale en créant cette commission mixte d'historiens.
  • Seuls les membres français de la commission mixte étaient d'ailleurs présents à l'Elysée, a précisé l'Elysée.

PARIS : Le président français Emmanuel Macron s'est dit "déterminé" à "poursuivre le travail de mémoire, de vérité et de réconciliation" avec l'Algérie sur la colonisation française, lors d'une réunion avec des historiens, malgré les tensions récurrentes entre les deux pays, a annoncé l'Elysée.

Lors de cette réunion, qui s'est tenue jeudi à l'Elysée, il "appelé de ses voeux" à ce que les travaux déjà engagés par une commission mixte franco-algérienne d'historiens aboutissent et que les "propositions concrètes formulées par la Commission mixte puissent être mises en œuvre", a indiqué l'Eysée dimanche à l'AFP.

"Il souhaite que ces propositions permettent à notre pays de porter un regard lucide sur le passé et de construire, dans le temps long, une réconciliation des mémoires, dans une démarche d’éducation et de transmission pour les jeunesses française et algérienne", a ajouté la présidence française.

En août 2022, Emmanuel Macron et son homologue Abdelmadjid Tebboune avaient décidé de relancer la relation bilatérale en créant cette commission mixte d'historiens.

Mais ce travail de mémoire, déjà engagé auparavant côté français par l'historien Benjamin Stora, reste suspendu aux tensions diplomatiques récurrentes entre les deux pays.

Seuls les membres français de la commission mixte étaient d'ailleurs présents à l'Elysée, a précisé l'Elysée.

La nouvelle brouille sur le Sahara occidental complique à son tour la résolution des questions mémorielles, qui demeurent une plaie ouverte 60 ans après l'indépendance de l'Algérie.

Le récit national sur la guerre d'Algérie est toujours omniprésent dans la vie politique algérienne. Le 20 août, le président Tebboune, réélu depuis, n'a pas manqué d'y faire référence lors de la journée du Moudjahid (combattant), en rappelant le passé colonial d'une France qui "croyait pouvoir étouffer la révolution du peuple par le fer et par le feu".

La relation bilatérale tumultueuse avait déjà connu un grave coup de froid à l'automne 2021 quand Emmanuel Macron avait qualifié le régime algérien de "système politico-militaire construit sur la rente mémorielle".

Pendant les travaux de la commission d'historiens, Alger a demandé à Paris la restitution de crânes de résistants à la colonisation et de biens historiques et symboliques de l'Algérie du XIXe siècle, dont des objets ayant appartenu à l'émir Abdelkader, le héros anticolonial (1808-1883).


Eric Ciotti quitte le LR et sa présidence

Le président du parti de droite Les Républicains (LR), Eric Ciotti, prend la parole lors d'une soirée électorale après les premiers résultats du second tour des élections législatives françaises à Nice, dans le sud de la France, le 7 juillet 2024. (Photo AFP)
Le président du parti de droite Les Républicains (LR), Eric Ciotti, prend la parole lors d'une soirée électorale après les premiers résultats du second tour des élections législatives françaises à Nice, dans le sud de la France, le 7 juillet 2024. (Photo AFP)
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  • "Ma décision de quitter LR va permettre de refonder une grande famille politique dans la clarté et l’indépendance", estime l'élu dans un entretien mis en ligne sur le site du Figaro.
  • Le président du groupe des 47 députés LR à l'Assemblée, baptisé La Droite républicaine, (LR) a choisi de ne pas participer au gouvernement de M. Barnier après avoir refusé le ministère des Finances.

PARIS : Le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, que Les Républicains tentaient en vain d'exclure depuis son alliance en juin avec le RN aux législatives, a annoncé dimanche qu'il quittait le parti et sa présidence, ouvrant ainsi la course à sa succession.

"Ma décision de quitter LR va permettre de refonder une grande famille politique dans la clarté et l’indépendance", estime l'élu dans un entretien mis en ligne sur le site du Figaro.

Il a lancé fin août son propre parti baptisé l'Union des droites pour la République (UDR).

Cette décision intervient trois semaines avant l'audience prévue le 14 octobre où la justice devait statuer sur l'exclusion par les dirigeants de LR de leur président, qui avait refusé de renoncer à ses fonctions et à son bureau.

"J’ai gagné trois fois (devant la justice) et je n’avais aucune inquiétude sur l’audience du 14 octobre", souligne Eric Ciotti, qui préside un groupe de 16 députés à l'Assemblée. Mais l'audience "n’a plus d’objet, puisque j’aurai quitté la présidence LR et le parti LR d’ici là".

Assurant avoir informé à la fois le patron des députés LR Laurent Wauquiez et Marine Le Pen de sa décision, M. Ciotti a lancé un nouvel appel aux élus LR à le rejoindre afin de consolider ce qu'il présente comme une union des droites à l'italienne, qui irait du centre-droit à l'extrême droite.

Sa décision intervient au lendemain de l'annonce par le Premier ministre LR Michel Barnier de la composition de son gouvernement où figurent plusieurs membres de son ancien parti comme le sénateur Bruno Retailleau, nommé à l'Intérieur, ou la secrétaire générale de LR Annie Genervard à l'Agriculture.

"Il ne sera plus possible de travailler avec ceux qui sont dans le gouvernement d’Emmanuel Macron", déplore-t-il, soulignant toutefois que le président de l'Association des maires de France (AMF) David Lisnard, l'eurodéputé François-Xavier Bellamy ou encore Laurent Wauquiez  "ne sont pas tombés dans cette grotesque caricature et ce piège grossier tendu par Emmanuel Macron".

Après son alliance avec le RN, M. Ciotti a conservé sa circonscription de Nice, mais il n'est parvenu à entraîner avec lui pour l'instant qu'une seule députée LR, Christelle d'Intorni, également dans les Alpes-Maritimes.

Ce départ ouvre désormais la voie à la désignation du nouveau président des Républicains à laquelle pourrait se présenter Laurent Wauquiez, selon des sources internes.

Le président du groupe des 47 députés LR à l'Assemblée, baptisé La Droite républicaine, (LR) a choisi de ne pas participer au gouvernement de M. Barnier après avoir refusé le ministère des Finances.