Michel Barnier sur France 2, son gouvernement déjà menacé de censure

Le gouvernement annoncé officiellement samedi soir fait la part belle au parti du président, Renaissance, et une bonne place à celui de droite Les Républicains (LR), pourtant sortis en net recul des élections législatives provoquées par la dissolution controversée de l'Assemblée nationale par le président Macron, suite au scrutin européen. (Combo/AFP)
Le gouvernement annoncé officiellement samedi soir fait la part belle au parti du président, Renaissance, et une bonne place à celui de droite Les Républicains (LR), pourtant sortis en net recul des élections législatives provoquées par la dissolution controversée de l'Assemblée nationale par le président Macron, suite au scrutin européen. (Combo/AFP)
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Publié le Dimanche 22 septembre 2024

Michel Barnier sur France 2, son gouvernement déjà menacé de censure

  • Une motion de censure sera déposée par la gauche juste après la déclaration de politique générale du Premier ministre, prévue le 1er octobre, a confirmé sur France 3 le patron du PS Olivier Faure
  • C'est le gouvernement "le plus à droite de la Ve République", a estimé Olivier Faure.

PARIS : Michel Barnier va tenter de répondre aux critiques dimanche soir sur France 2 alors qu'à peine formé son gouvernement est déjà marqué par des tensions avec les députés du bloc central et sous la menace d'une censure de la gauche et du Rassemblement national.

Une motion de censure sera déposée par la gauche juste après la déclaration de politique générale du Premier ministre, prévue le 1er octobre, a confirmé sur France 3 le patron du PS Olivier Faure. Il a toutefois relevé qu'elle ne serait sans doute pas votée par le Rassemblement national et était "vraisemblablement vouée à l'échec".

Le parti frontiste attend de son côté d'en savoir plus sur l'élaboration du budget 2025 pour se prononcer "Nous nous réservons évidemment la possibilité de censurer" à ce moment-là, a déclaré sur franceinfo son vice-président Sébastien Chenu.

L'attelage fragile de centre-droit est aussi d'emblée marqué par les tensions entre le Premier ministre et le bloc central du président, qui gouvernait sans partage depuis sept ans.

Le groupe macroniste à l'Assemblée restera "fidèle à ses valeurs et libre dans ses prises de positions", a déclaré Gabriel Attal, chef de file des députés Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance), lors d'une réunion dimanche avec ses troupes.

Il demande au Premier ministre "d'affirmer clairement dans sa déclaration de politique générale qu'il n'y aura pas de retour en arrière sur la PMA, le droit à l'IVG, les droits LGBT", selon des participants à la réunion, faisant état de "désaccords de fond avec certaines personnalités".

En cause notamment, l'arrivée au ministère de l'Intérieur du LR Bruno Retailleau, au profil très conservateur sur les sujets de société et très ferme sur l'immigration.

L'entrée au gouvernement (secrétaire d'Etat à la Consommation) de la sénatrice Les Républicains Laurence Garnier, opposée au mariage homosexuel et à la constitutionnalisation de l'IVG, fait aussi grincer des dents, tout comme celle du LR Patrick Hetzel à l'Enseignement supérieur.

C'est le gouvernement "le plus à droite de la Ve République", a estimé Olivier Faure.

Comment Michel Barnier peut-il essayer de déminer le terrain ? Son entourage et France Télévisions ont annoncé sa présence dimanche soir au journal de 20H00 sur France 2. Avant, il ira à la rencontre des visiteurs des Journées du patrimoine à Matignon.

Les premiers pas officiels des 39 nouveaux ministres n'auront lieu, eux, que lundi, avec un petit déjeuner rue de Varenne avant les passations de pouvoir dans la matinée et un Conseil des ministres à 15H00 à l'Elysée autour d'Emmanuel Macron.

- Contexte très tendu -

L'élaboration du budget, qui a déjà pris un retard inédit, est l'urgence numéro un dans un contexte très tendu. Signe de son importance, Michel Barnier a voulu garder un oeil sur ce dossier explosif en mettant sous sa tutelle directe le ministre macroniste des Comptes publics Laurent Saint-Martin.

Exclure "d'office certains prélèvements exceptionnels et ciblés ne serait pas responsable" vu l'état des finances publiques, a estimé dans le Journal du dimanche le nouveau ministre de l'Economie et des Finances, le jeune macroniste Antoine Armand. Il a aussi promis de "baisser la dépense publique".

Parmi les noms connus du public, Rachida Dati reste à la Culture, et Sébastien Lecornu aux Armées.

Rares rescapés, le MoDem Jean-Noël Barrot, promu aux Affaires étrangères, ainsi que les macronistes Catherine Vautrin, qui passe aux Territoires, et Agnès Pannier-Runacher , dans un grand ministère de la Transition écologique et de l'Energie.

Chez les entrants, la principale surprise est la députée Renaissance Anne Genetet à l'Education, plutôt connue sur les questions de défense.

Les syndicats enseignants tirent déjà à boulets rouges sur la ministre, "une erreur de casting au regard des enjeux pour l'école" pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU. En "colère", Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp, déplore la nomination d'un "clone de Gabriel Attal pour continuer la politique engagée".

Deux semaines après la fin des Jeux paralympiques, des associations s'inquiètent aussi de l'absence du handicap dans les intitulés des ministères.

Seule prise venue de la gauche, alors qu'Emmanuel Macron prônait un gouvernement de "rassemblement" et que Michel Barnier s'est évertué à attirer des sociaux-démocrates: Didier Migaud à la Justice. Mais l'ex-député socialiste a quitté la politique active depuis 2010.

Contraint de lâcher une partie de ses prérogatives dans cette situation de coalition, le chef de l'Etat se concentre, lui, sur l'international avec un discours dimanche à Paris sur le thème des conflits et de la paix devant la communauté Sant'Egidio, proche du Vatican. Il sera mardi et mercredi à New York à l'Assemblée générale de l'ONU.


France: face à des familles en colère, un maire annonce que les corps de 60 harkis ont été transférés en 1986

Des membres de familles harkies se tiennent près d'une stèle commémorative énumérant 146 noms de Harkis décédés, dont 101 enfants, à Rivesaltes, dans le sud-ouest de la France, le 21 février 2025. (AFP)
Des membres de familles harkies se tiennent près d'une stèle commémorative énumérant 146 noms de Harkis décédés, dont 101 enfants, à Rivesaltes, dans le sud-ouest de la France, le 21 février 2025. (AFP)
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  • Le maire André Bascou, en poste depuis 1983, a présenté vendredi ses excuses aux familles qui cherchent à savoir où ont été enterrés une soixantaine de corps et à leur offrir une "sépulture digne"
  • "Entre le 15 et le 19 septembre 1986, les corps ont été exhumés et inhumés au cimetière Saint-Saturnin. Je ne sais pas précisément où ils se trouvent", a déclaré le maire octogénaire, regrettant de ne pas avoir contacté les familles "à l'époque"

RIVESALTES: Les ossements de 60 harkis décédés et inhumés sans sépulture au camp de Rivesaltes, dans le sud de la France, entre 1962 et 1964, ont été transférés en 1986 dans un cimetière de la ville, a révélé vendredi le maire, face à des familles, en colère, à la recherche de corps, dont ceux de 52 bébés.

Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, 21.000 harkis - ces Français musulmans recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre - et leurs familles ont transité par le camp de Rivesaltes, près de Perpignan.

A l'automne dernier, des tombes d'enfants harkis décédés entre 1962 et 1964 ont été découvertes lors de fouilles demandées par les familles, mais elles étaient dépourvues d'ossements.

Le maire André Bascou, en poste depuis 1983, a présenté vendredi ses excuses aux familles qui cherchent à savoir où ont été enterrés une soixantaine de corps et à leur offrir une "sépulture digne".

"Entre le 15 et le 19 septembre 1986, les corps ont été exhumés et inhumés au cimetière Saint-Saturnin. Je ne sais pas précisément où ils se trouvent", a déclaré le maire octogénaire, regrettant de ne pas avoir contacté les familles "à l'époque".

Dans la salle de la mairie de Rivesaltes, une trentaine de proches de ces enfants défunts ont montré colère et incompréhension, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La ministre déléguée en charge de la Mémoire et des Anciens combattants, Patricia Mirallès, qui avait réclamé en octobre 2023 la tenue de fouilles sur le camp de Rivesaltes, a salué la tenue de cette réunion mais réclamé que le maire fasse "la lumière sur tout ce qui s'est passé, avec des archives que nous avons nous-mêmes retrouvées au ministère des Armées".

"Les dépouilles sont aujourd'hui dans le cimetière de Rivesaltes", a-t-elle ajouté devant la presse, "je crois qu'on est dans la reconnaissance".

Entre 1962 et 1965, environ 90.000 harkis et leurs familles ont fui les massacres de représailles en Algérie et ont été accueillis en France. Plusieurs dizaines de milliers furent parqués dans des "camps de transit et de reclassement" gérés par l'armée, aux conditions de vie déplorables et théâtre d'une surmortalité infantile.


France: face à la menace d'extinction des civelles, le pari du repeuplement

Ces très jeunes anguilles pêchées sur la Vie, un fleuve côtier de Vendée (ouest), sont acheminées par camion frigorifique dans les zones définies comme les plus propices à leur croissance. (AFP)
Ces très jeunes anguilles pêchées sur la Vie, un fleuve côtier de Vendée (ouest), sont acheminées par camion frigorifique dans les zones définies comme les plus propices à leur croissance. (AFP)
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  • Sous les couvercles, les civelles, petits poissons gris translucides de quelques centimètres, fins comme des vers, s'agitent dans un fond d'eau
  • Bottes en plastique aux pieds et parka sur le dos, les hydrobiologistes déversent délicatement les civelles en bordure du fleuve, sur une dizaine de kilomètres en aval de Saumur, dans l'ouest de la France

SAUMUR: D'une berge déserte, deux barques en acier chargées d'une montagne de boîtes s'élancent sur la Loire, plus long fleuve de France: à l'intérieur, 400 kg de civelles. Menacé d'extinction, cet alevin de l'anguille fait l'objet d'un programme de repeuplement au long cours.

Sous les couvercles, les civelles, petits poissons gris translucides de quelques centimètres, fins comme des vers, s'agitent dans un fond d'eau.

Bottes en plastique aux pieds et parka sur le dos, les hydrobiologistes déversent délicatement les civelles en bordure du fleuve, sur une dizaine de kilomètres en aval de Saumur, dans l'ouest de la France.

"Une partie des civelles sont marquées. Cela permet d'opérer un suivi à six mois, un an et trois ans pour vérifier leur développement, leur taux de croissance et leur répartition sur la zone", explique Yann Le Péru, hydrobiologiste du centre d'étude Fish Pass, prestataire scientifique du programme de repeuplement, porté par le comité régional des pêches (Corepem) et qui répond à un appel à projet du ministère français de la Transition écologique.

Ces très jeunes anguilles pêchées sur la Vie, un fleuve côtier de Vendée (ouest), sont acheminées par camion frigorifique dans les zones définies comme les plus propices à leur croissance.

"Dans les années 2000, avant les quotas de pêche, on a vraiment mesuré le déclin. Mais depuis trois ou quatre ans, on observe à nouveau une croissance des populations. On espère que c'est le repeuplement qui fonctionne", affirme Fabrice Batard, pêcheur en Loire depuis 22 ans, à la barre de l'une des embarcations.

Climat, pêche et pollution 

Depuis 2007, l'Union européenne prévoit que tout État membre autorisant la pêche à la civelle en affecte au moins 60% au repeuplement. En France, cela représente chaque année environ 30 tonnes des 50 tonnes pêchées.

Mais le cycle de vie de l'anguille, complexe et encore mal connu, rend sa protection particulièrement ardue.

Les anguilles européennes et américaines naissent dans la mer des Sargasses, dans l'Atlantique Nord, leurs larves (appelées leptocéphales) s'orientant ensuite vers les continents en s'aidant des courants marins.

"Les leptocéphales deviennent des civelles, qui vont remonter dans les cours d'eau. Elles grandissent dans les fleuves et lagunes pendant 5 à 35 ans, puis se métamorphosent une nouvelle fois et migrent à nouveau pour aller pondre en mer", retrace Eric Feunteun, professeur en écologie marine du Muséum national d'histoire naturelle à Paris.

Pour expliquer le déclin des populations d'anguilles, phénomène mondial, les scientifiques mettent en avant une conjonction de facteurs humains, la pêche en étant "un parmi d'autres", précise Éric Feunteun.

Les phénomènes océaniques liés au dérèglement climatique font évoluer les courants et déplacent les zones de ponte. En eau douce, les barrages et écluses perturbent les migrations. Les aménagements des fleuves et la bétonisation des berges jouent également un rôle majeur, tout comme la pollution. D'après Eric Feunteun, les anguilles les plus contaminées mesurent en moyenne vingt centimètres de moins que leurs congénères, ce qui pourrait altérer leur fécondité.

Braconnage 

Une autre menace de taille pèse depuis plusieurs années sur les civelles: le braconnage. Cet "or blanc" peut se vendre en Asie jusqu'à 5.000 euros le kg, selon l'Office français de la biodiversité (OFB).

D'après Europol, environ 100 tonnes de civelles sont braconnées chaque année dans l'Union européenne et acheminées en Asie via des filières illicites.

Pour le moment, considérant le long cycle de vie des anguilles, "il est encore difficile de prouver scientifiquement le bénéfice des programmes de repeuplement mis en place depuis dix ans, mais il y a des indices", explique Alexis Pengrech, du comité régional des pêches.

Co-auteur d'une analyse sur dix ans du repeuplement, Eric Feunteun considère que le repeuplement pourrait bien être efficace pour restaurer la population.

"On a pu montrer que la croissance des anguilles s'était améliorée mais pas, si ce n'est par déduction, que la mortalité a baissé. C'est intuitif, mais il faut encore consolider les études pour pouvoir le démontrer", affirme-t-il.

"On nous a dit il y a quinze ans que l'espèce pouvait disparaître", se souvient le pêcheur Fabrice Batard. "A nous tous de jouer pour que ça n'arrive pas."

 


Violence à l'école: fouilles inopinées des sacs à partir du printemps, annonce Borne

Avant les vacances d'hiver de la zone C, plus d'une vingtaine de collèges et lycées de Seine-Saint-Denis ont été placés sous la surveillance de 100 fonctionnaires de police, déployés pour "prévenir la réitération d'actes de violence" aux abords des établissements scolaires à la suite d'une série d'incidents. (AFP)
Avant les vacances d'hiver de la zone C, plus d'une vingtaine de collèges et lycées de Seine-Saint-Denis ont été placés sous la surveillance de 100 fonctionnaires de police, déployés pour "prévenir la réitération d'actes de violence" aux abords des établissements scolaires à la suite d'une série d'incidents. (AFP)
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  • Ces fouilles inopinées seraient réalisées avec des "forces de l'ordre puisque ça ne rentre pas dans les prérogatives des personnels de l'Education", a précisé la ministre, inquiète d'"un usage beaucoup plus répandu des armes blanches" chez les jeunes
  • A ce titre, elle a redit son intention de modifier le code de l'éducation pour que, si un port d'arme blanche est constaté dans un établissement scolaire, l'élève mis en cause "passe systématiquement devant un conseil de discipline"

PARIS: Des "fouilles inopinées de sacs" seront mises en place à partir du printemps pour tenter de lutter contre les violences à l'école ou aux abords des établissements scolaires, affirme vendredi la ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne.

"Je souhaite qu'on puisse, avec le préfet, le procureur, le représentant de l'Education nationale, pouvoir organiser régulièrement des fouilles de sac à l'entrée des établissements" et ce à partir du printemps, a déclaré la ministre, interrogée sur BFMTV/RMC.

Ces fouilles inopinées seraient réalisées avec des "forces de l'ordre puisque ça ne rentre pas dans les prérogatives des personnels de l'Education", a précisé la ministre, inquiète d'"un usage beaucoup plus répandu des armes blanches" chez les jeunes.

A ce titre, elle a redit son intention de modifier le code de l'éducation pour que, si un port d'arme blanche est constaté dans un établissement scolaire, l'élève mis en cause "passe systématiquement devant un conseil de discipline".

Jusqu'ici "c'était à l'appréciation du chef d'établissement", a commenté Mme Borne.

Cela fera également "systématiquement" l'objet d'un signalement au procureur.

Début février, un lycéen de 17 ans a été grièvement blessé à l'arme blanche dans la cour de son établissement à Bagneux (Hauts-de-Seine).

Avant les vacances d'hiver de la zone C, plus d'une vingtaine de collèges et lycées de Seine-Saint-Denis ont été placés sous la surveillance de 100 fonctionnaires de police, déployés pour "prévenir la réitération d'actes de violence" aux abords des établissements scolaires à la suite d'une série d'incidents.