RIYAD: Les experts des médias semblent plus préoccupés par le fait que les générations plus âgées soient plus sensibles aux fausses informations générées par l'IA et à la désinformation que les jeunes, a-t-on appris mardi lors du Sommet mondial de l'IA à Riyad.
«Je suis beaucoup plus inquiet au sujet de la génération X (les personnes nées entre 1965 et 1980) et les personnes plus âgées», a déclaré Ben Smith, cofondateur et rédacteur en chef de Semafor, lors d'une table ronde intitulée «L'IA et l'avenir des médias: menaces et opportunités».
Il ajoute: «Je pense que les jeunes, pour le meilleur et pour le pire, ont vraiment appris à être sceptiques et à l'être immédiatement, à l'égard de tout ce qu'on leur présente – des images, des vidéos, des affirmations – et à essayer de comprendre d'où vient l'information».
Au cours de la discussion, animée par Faisal Abbas, rédacteur en chef d'Arab News, Caroline Faraj, vice-présidente et rédactrice en chef de CNN Arabic, et Anthony Nakache, directeur général de Google Mena, se sont joints à M. Smith.
Ils ont déclaré que l'IA, en tant qu'outil, est trop importante pour ne pas être correctement réglementée. Ils ont notamment mis en avant son potentiel en matière de vérification des faits et de création de contenu dans l'industrie des médias, mais ont ajouté qu'il était essentiel d'éduquer les gens sur son utilisation.
«Nous avons toujours cherché à savoir comment construire l'IA de manière sûre et responsable», a déclaré M. Nakache, qui a ajouté que Google travaillait avec les gouvernements et les agences pour trouver la meilleure façon de procéder.
L'intégration de l'IA dans le journalisme nécessite une transparence totale, reconnaissent les panélistes. M. Faraj a déclaré que la technologie offrait un outil multifonctionnel pouvant être utilisé à plusieurs fins, notamment pour la vérification des données, la transcription et la traduction. Mais pour garantir qu'un rapport renferme la vérité complète, il faudra toujours recourir au travail d'un journaliste qui confirmera les faits en utilisant son jugement professionnel.
Les panélistes estiment également que l'IA ne remplacerait pas les emplois humains importants dans l'industrie, car elle est conçue pour effectuer des tâches manuelles répétitives, accordant ainsi plus de temps au journaliste pour interagir avec les gens et leur environnement.
«Allez-vous vraiment utiliser l'IA pour vous rendre dans une zone de guerre et sur la ligne de front pour couvrir des sujets? Bien sûr que non», a déclaré M. Faraj.
M. Smith, qui a écrit un livre sur les sites d'information et les contenus viraux, a mis en garde contre le manque d'éthique de certains médias qui utilisent sciemment des contenus générés par l'IA parce qu'ils sont «accros» au trafic que ces contenus peuvent générer.
Tous les panélistes ont déclaré que l'éducation des gens était la clé pour trouver la meilleure façon de faire progresser le rôle de l'IA dans les médias. M. Nakache a indiqué que Google avait jusqu'à présent formé 20 000 journalistes dans la région afin qu'ils sachent mieux comment utiliser les outils numériques et qu'il finançait des organisations de la région qui utilisaient la technologie de manière innovante.
«Il s'agit d'un effort collectif et nous prenons des initiatives», a-t-il ajouté.
Les panélistes ont également mis en évidence certaines méthodes qui peuvent être utilisées pour lutter contre la confusion et prévenir la désinformation liée à l'utilisation de l'IA, notamment l'utilisation de filigranes numériques et de programmes qui peuvent analyser le contenu et informer les utilisateurs s'il a été généré par l'IA.
Interrogé sur la meilleure façon pour les médias traditionnels d'apprendre à leur public à reconnaître les fausses informations, tout en continuant à fournir le type de contenu qu'ils souhaitent, M. Faraj a déclaré: «Nous sommes à l’écoute de notre public. Nous tenons compte de ce qu'il veut faire en vue de lui donner les moyens de le faire.»
«Nous leur donnons les moyens et les connaissances nécessaires. Parfois, nous proposons une formation, parfois nous proposons une écoute attentive; mais l'écoute est indispensable avant toute action.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com