Les préoccupations hypocrites des États-Unis à l'égard des otages israéliens

Aux États-Unis, la question des otages israéliens est utilisée pour manipuler l'opinion publique et alimenter sa colère. (AFP)
Aux États-Unis, la question des otages israéliens est utilisée pour manipuler l'opinion publique et alimenter sa colère. (AFP)
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Publié le Jeudi 05 septembre 2024

Les préoccupations hypocrites des États-Unis à l'égard des otages israéliens

Les préoccupations hypocrites des États-Unis à l'égard des otages israéliens
  • Peu de gens aux États-Unis s'intéressent aux otages palestiniens parce que les politiciens pro-israéliens et les médias n'en parlent généralement pas
  • Les prisonniers palestiniens sont laissés à l'abandon, privés de leurs droits et négligés en raison de la politique du secret absolu du gouvernement israélien

La politique raciste du gouvernement israélien, discriminatoire à l'égard des chrétiens et des musulmans, fait fi de la question des otages israéliens détenus par le Hamas.

Toute cette semaine, des hommes politiques américains ont publié des déclarations pour exprimer leur profonde tristesse et leur colère à la suite de l'annonce de la mort de six otages israéliens. La mort des Israéliens pris en otage par le Hamas le 7 octobre 2023 est certainement un acte terroriste scandaleux et une tragédie. Rien ne justifiait la violence de l'attaque.

Toutefois, les politiciens et les médias traditionnels américains, qui font preuve de partialité, n'expriment guère d'empathie ou de tristesse à l'égard des otages et des victimes de la violence qui ne sont pas israéliens.

Israël prend des otages civils palestiniens depuis sa création en 1948. Nombre de ces otages palestiniens sont détenus dans des prisons israéliennes depuis des années, leur détention étant renouvelée tous les six mois, sans qu'aucune charge ne soit jamais retenue contre eux.

Vous voulez des données sur les otages israéliens ? Il suffit de consulter les sites Web de la plupart des hommes politiques ou d'effectuer une simple recherche Google sur les médias grand public, qui conservent de nombreux dossiers à la disposition du public. Le président Joe Biden, la vice-présidente Kamala Harris, le secrétaire d'État Antony Blinken, l'ancien président Donald Trump, le candidat à la vice-présidence J.D. Vance et une multitude d'autres hommes politiques – y compris au niveau des États fédérés et des collectivités locales – ont fait des déclarations sur les otages israéliens et condamné le Hamas. Il ne s'agit pas tant de s'occuper des otages que de renforcer leur position politique.

Nombre de ces otages palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes depuis des années sans jamais avoir été inculpés.

                                        Ray Hanania

Par exemple, Fox News a rapporté que l'ancien ambassadeur d'Israël auprès des Nations unies, Gilad Erdan, a condamné le secrétaire général de l'organisation pour ne pas avoir explicitement condamné le Hamas dans sa déclaration à la suite de la découverte des corps des otages.

Cependant, si l'on veut en savoir plus sur les otages palestiniens, les sources d'information sont rares. Selon B'Tselem, le centre d'information israélien pour les droits de l'homme, plus de 3 340 Palestiniens étaient placés en détention administrative sans inculpation à la fin du mois de juin. Ils sont privés d'avocats et de tout espoir de procès.

Ces 3 340 Palestiniens sont également des otages.

La différence est simple. Lorsqu'Israël enlève une mère, un grand-père ou un enfant de leur maison au milieu de la nuit et les emmène dans un camp dans le désert du Néguev, les médias américains n'en parlent généralement pas parce que c'est tellement banal.

Israël est extrêmement discret sur cette pratique et sur les détenus qu'il garde dans son « archipel du Goulag », de sorte que nous ne connaissons même pas les noms de toutes ces personnes. Les proches sont rarement informés de leur arrestation ou autorisés à les voir.

Les Palestiniens, qu'ils soient chrétiens ou musulmans, sont gardés dans des endroits secrets, tout comme les Israéliens juifs détenus par le Hamas à Gaza.

En 2020, le système pénitentiaire israélien a cessé de fournir à B'Tselem des informations sur les otages palestiniens et les grands médias ne s'y intéressent que rarement. Depuis lors, le nombre de Palestiniens pris en otage par Israël a au moins décuplé.

En conséquence, les prisonniers palestiniens sont laissés à l'abandon, privés de leurs droits et négligés en raison d'une politique intentionnelle d'ambiguïté et de secret absolu de la part du gouvernement israélien.

Peu de gens aux États-Unis s'intéressent aux otages palestiniens parce que les politiciens pro-israéliens et les médias n'en parlent généralement pas.

Les prisonniers palestiniens sont laissés à l'abandon, privés de leurs droits et négligés en raison de la politique du secret absolu du gouvernement israélien.

                                                       Ray Hanania

Il n'y a aucun avantage politique à défendre les otages palestiniens, comme c'est le cas pour les otages israéliens. Les journalistes ne publient pas les noms, les âges ou les photos des otages palestiniens. Ils ne donnent par ailleurs pas de détails sur leur vie, comme ils le font pour les otages israéliens. Les médias n'offrent pas de tribune aux familles des otages palestiniens pour plaider en faveur de leur libération ou déplorer leurs souffrances et leur mort, comme c'est le cas pour les otages israéliens. Les familles des otages palestiniens ne sont pas invitées aux conventions démocrates ou républicaines pour sensibiliser le public à leur sort, contrairement aux familles des otages israéliens.

Aux États-Unis, la question des otages israéliens est utilisée pour manipuler et alimenter la colère de l'opinion publique, qui est ensuite exploitée à des fins politiques égoïstes.

Selon Justice for All, une organisation à but non lucratif qui surveille les abus commis à l'encontre de toutes les personnes, indépendamment de leur race, de leur religion ou de leur origine : « Depuis 2000, dix à douze mille enfants palestiniens ont été détenus arbitrairement dans le cadre du système militaire israélien, la plupart du temps pour avoir jeté des pierres sur des soldats israéliens, une accusation passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 20 ans d'emprisonnement. Ces enfants sont privés de procès équitables et de leurs droits fondamentaux, maintenus pendant des années en détention préventive ou administrative et parfois libérés après des années d'incarcération arbitraire. »

Mais les hommes politiques américains ont exprimé leur empathie à l'égard des otages israéliens sans considération aucune pour les otages palestiniens.

Israël contrôle la couverture médiatique du conflit de Gaza, de sorte que nous ne connaissons pas la vérité sur la guerre, les otages israéliens et la violence du 7 octobre. Le gouvernement israélien supprime la couverture médiatique de la manière la plus extrême. Depuis le 7 octobre, les attaques israéliennes ont tué au moins 111 journalistes palestiniens.

L'hypocrisie américaine est aggravée par l'absence totale de préoccupation ou d'empathie à l'égard des violences continues contre les Palestiniens à Gaza. Il ne fait aucun doute qu'Israël a eu recours à une violence excessive à Gaza comme forme de punition collective contre tous les Palestiniens. Il ne s'est pas contenté de prendre le Hamas pour cible. La dévastation de la bande de Gaza ajoute aux souffrances dont les politiciens américains et les grands médias ont largement fait fi.

Je prie pour tous les otages, pas seulement pour les Israéliens. Et quiconque prie uniquement pour les Israéliens sans se préoccuper des Palestiniens ou éprouver de l'empathie à leur égard est complice de l'ensemble de la tragédie des otages.

Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur primé de la mairie de Chicago. Il peut être joint sur son site Web personnel à l’adresse suivante: www.Hanania.com.

X: @RayHanania

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com