Téhéran ferme un centre culturel allemand, Berlin convoque l'ambassadeur iranien

Une femme passe devant la porte fermée des bureaux de l'Institut de langue allemande à Téhéran, le 20 août 2024 (AFP)
Une femme passe devant la porte fermée des bureaux de l'Institut de langue allemande à Téhéran, le 20 août 2024 (AFP)
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Publié le Mardi 20 août 2024

Téhéran ferme un centre culturel allemand, Berlin convoque l'ambassadeur iranien

  • Cette nouvelle passe d'armes entre les deux pays intervient dans un contexte tendu, près d'un mois après la fermeture par l'Allemagne d'un centre islamique en raison de ses liens avec l'Iran..
  • L'agence de presse iranienne Nour News a indiqué de son côté que les centres fermés correspondaient aux "bureaux de l'Institut Goethe", vitrine culturelle de l'Allemagne, à Téhéran.

TEHERAN : L'Iran a fermé mardi un centre culturel allemand à Téhéran, suscitant la colère de Berlin où le ministère des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur iranien.

Cette nouvelle passe d'armes entre les deux pays intervient dans un contexte tendu, près d'un mois après la fermeture par l'Allemagne d'un centre islamique en raison de ses liens avec l'Iran.

Mardi, Mizan Online, l'agence officielle de l'Autorité judiciaire iranienne, a annoncé la fermeture de "deux succursales de centres illégaux affiliés au gouvernement allemand, qui ont violé les lois iraniennes, commis de nombreux actes illégaux et d'importantes malversations financières.

Mizan Online a fait état par ailleurs d'"enquête en cours" sur "des violations commises par d'autres centres affiliés à l'Allemagne".

Le ministère allemand des Affaires étrangères a réagi en disant "condamner l'action des autorités de sécurité iraniennes contre l'Institut de langue allemande de Téhéran".

L'ambassadeur iranien à Berlin a également été convoqué, précise le communiqué de la diplomatie allemande.

"Nous demandons au nouveau gouvernement iranien d'autoriser immédiatement la reprise de l'enseignement", a ajouté un porte-parole du ministère cité dans un communiqué.

Selon le ministère allemand, l'institut appelé DSIT a été créé en 1995 par l'ambassade d'Allemagne à Téhéran. "Le DSIT se finance seul, grâce aux recettes provenant des cours et des examens. Il ne fait pas partie de l'Institut Goethe", écrit-il.

"Il emploie actuellement 85 enseignants, dont aucun n'est actuellement expatrié", précise-t-il.

L'agence de presse iranienne Nour News a indiqué de son côté que les centres fermés correspondaient aux "bureaux de l'Institut Goethe", vitrine culturelle de l'Allemagne, à Téhéran.

La tension était déjà montée en juillet entre les deux pays après l'interdiction par Berlin de l'emblématique Centre islamique de Hambourg (IZH), accusé d'être une officine du pouvoir iranien et de soutenir le mouvement libanais Hezbollah.

Téhéran avait vivement réagi en convoquant l'ambassadeur d'Allemagne en Iran pour dénoncer une "action hostile" et "contraire aux principes fondamentaux des droits de l'homme" de Berlin.

Fondé par des immigrés iraniens en 1953, ce centre était déjà dans le collimateur des services de renseignement allemand depuis plusieurs années.

Après l'attaque contre Israël du mouvement islamiste Hamas, dont le Hezbollah pro-iranien est un allié, le 7 octobre 2023, les députés du Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, avaient renouvelé leurs appels à fermer l'IZH.


Avec son système antimissile, Washington accroît son implication dans le conflit entre Israël et l'Iran

Vue d'ensemble prise depuis Metula, dans le nord d'Israël, lors d'une tournée des médias étrangers avec le porte-parole de l'armée israélienne, montre la fumée s'échappant de la frontière dans le village d'Adaisseh, dans le sud du Liban, le 15 octobre 2024. (AFP)
Vue d'ensemble prise depuis Metula, dans le nord d'Israël, lors d'une tournée des médias étrangers avec le porte-parole de l'armée israélienne, montre la fumée s'échappant de la frontière dans le village d'Adaisseh, dans le sud du Liban, le 15 octobre 2024. (AFP)
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  • L'envoi de militaires américains en Israël dans le cadre du déploiement d'un système de défense antimissile témoigne de la détermination de Washington à protéger son allié, mais renforce aussi son implication dans le conflit
  • Le Pentagone a annoncé mardi que les premiers soldats chargés de faire fonctionner ce système de défense antimissiles à haute altitude (Thaad), considéré comme l'un des plus perfectionnés au monde, étaient arrivés lundi en Israël

WASHINGTON: L'envoi de militaires américains en Israël dans le cadre du déploiement d'un système de défense antimissile témoigne de la détermination de Washington à protéger son allié, mais renforce aussi son implication dans le conflit, notent mardi des analystes.

Le Pentagone a annoncé mardi que les premiers soldats chargés de faire fonctionner ce système de défense antimissiles à haute altitude (Thaad), considéré comme l'un des plus perfectionnés au monde, étaient arrivés lundi en Israël et que d'autres allaient suivre.

Ce déploiement renforce la défense antiaérienne d'Israël, dont les dirigeants ont promis de riposter à l'attaque menée le 1er octobre par l'Iran, qui avait lancé quelque 200 missiles sur son sol.

Il s'agissait de la réponse iranienne à l'assassinat à Téhéran du chef du Hamas palestinien, Ismaïl Haniyeh, imputé à Israël, et du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, dans une frappe israélienne près de Beyrouth.

Des navires et avions américains avaient aidé Israël à se défendre contre cette attaque et la précédente, le 13 avril. Mais avec ce système de défense antimissile mobile, c'est une centaine de soldats américains qui seront sur le terrain et se retrouveront donc à risque.

"Mettre des soldats américains en Israël montre clairement que Washington est, de manière très visible et tangible, engagé à défendre Israël, et se battra s'il le faut", observe Raphael Cohen, du groupe de réflexion Rand Corporation.

L'administration du président Joe Biden "espère probablement que cette mesure aura un effet de dissuasion accru sur l'Iran et rassurera Israël", ajoute-t-il.

Mais, selon lui, elle pourrait aussi en retour donner aux Etats-Unis une "plus grande influence" sur la réponse d'Israël à l'attaque de missiles iranienne.

- "Une cible très coûteuse" -

Israël dispose déjà de systèmes de défense antiaériens très sophistiqués, mais M. Cohen estime qu'ils ont été mis à l'épreuve par près d'une année de combats avec les différents groupes régionaux alliés de Téhéran.

"Si l'Iran augmente sa capacité de feu et que le Hezbollah continue ses attaques, plus de missiles vont passer et toucher leurs cibles", reprend-il, en référence au mouvement pro-iranien qu'Israël combat au Liban.

Thaad, conçu pour intercepter les missiles à haute altitude et fournissant une protection sur une large zone, sera "pleinement opérationnel dans un avenir proche", a déclaré mardi dans un communiqué le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder.

Ce système, développé dans les années 1990 mais mis en service pour la première fois en 2008, nécessite 95 personnes pour le faire fonctionner.

Il consiste en six lanceurs montés sur des camions, chacun composé de huit intercepteurs, d'un puissant système radar et d'un élément de contrôle des tirs, selon le Service de recherche du Congrès américain.

Tom Karako, directeur du projet de défense missile du Centre américain d'études internationales et stratégiques (CSIS), rappelle que le Thaad, dont le radar coûte un milliard de dollars, est "potentiellement une cible très coûteuse" qu'il convient de correctement protéger.

Les Etats-Unis n'ont qu'un nombre très limité de systèmes Thaad, "ne produisent pas beaucoup de projectiles thaad en ce moment" et doivent donc "mûrement réfléchir" à son utilisation, souligne-t-il.

Le déploiement de Thaad en Israël "ajoute évidemment beaucoup en terme de potentiel et de capacité, mais  (...) s'accompagne aussi d'un risque stratégique, et de coûts opérationnels et d'opportunité".


Les Casques bleus vont conserver «  toutes leurs positions » au Liban, dit leur chef

Les tensions entre Israël et la Finul se sont multipliées ces derniers jours. Cinq de ses soldats ont été blessés par l'armée israélienne, ce qui a valu à Israël  de vives critiques. (AFP)
Les tensions entre Israël et la Finul se sont multipliées ces derniers jours. Cinq de ses soldats ont été blessés par l'armée israélienne, ce qui a valu à Israël  de vives critiques. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réclamé à nouveau lundi que les Casques bleus déployés dans le sud du Liban se retirent de certaines positions proches de la frontière entre Israël et le Liban
  • Les tensions entre Israël et la Finul se sont multipliées ces derniers jours. Cinq de ses soldats ont été blessés par l'armée israélienne, ce qui a valu à Israël  de vives critiques

NATIONS-UNIES: Les Casques bleus de l'ONU vont garder leurs positions actuelles au Liban malgré les appels d'Israël qui leur demande de se déplacer au moment où les combats avec le Hezbollah s'intensifient, a déclaré lundi leur chef Jean-Pierre Lacroix.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réclamé à nouveau lundi que les Casques bleus déployés dans le sud du Liban se retirent de certaines positions proches de la frontière entre Israël et le Liban, déclarant qu’il était complètement "faux" que les forces israéliennes aient ciblées la Finul, la force de l'ONU au Liban.

Les tensions entre Israël et la Finul se sont multipliées ces derniers jours. Cinq de ses soldats ont été blessés par l'armée israélienne, ce qui a valu à Israël  de vives critiques.

"Il a été décidé que la Finul conserverait toutes ses positions en dépit des appels lancés par l'armée israélienne pour qu'elle libère les positions qui sont à proximité de la Ligne bleue" entre le Liban et Israël, a ajouté Jean-Pierre Lacroix.

"Je veux souligner que cette décision reste valable", a ajouté le diplomate français, expliquant qu'elle avait été approuvée plus tôt lundi par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Benjamin Netanyahu a affirmé lundi qu'Israël continuerait "à frapper sans pitié le Hezbollah" au Liban, au lendemain de l'attaque la plus meurtrière du mouvement pro-iranien sur le sol israélien en près d'un mois d'escalade militaire.

Il a aussi répété que le Hezbollah utilisait "les installations et les positions de la Finul comme couverture afin de mener ses attaques" contre Israël.

La Finul, qui compte plus de 9.500 membres, est déployée dans le sud du Liban pour faire tampon avec Israël. Elle a dénoncé des "violations choquantes" d'Israël contre ses positions, faisant état notamment d'une entrée "en force" dimanche de deux chars israéliens dans l'une d'entre elles.

L'armée israélienne a dit qu'un de ses chars avait percuté un poste de la Finul alors qu'il évacuait des soldats blessés.

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est alarmé de la situation.

"Dans le contexte des hostilités en cours le long de la Ligne bleue, les membres du Conseil de sécurité ont fait part de leurs fortes inquiétudes après que plusieurs positions de la Finul ont essuyé des tirs ces derniers jours", a déclaré lundi la présidence tournante du Conseil, actuellement occupée par la Suisse.

Après avoir affaibli le Hamas dans la bande de Gaza, Israël a le mois dernier déplacé le front de la guerre au Liban, disant vouloir permettre le retour dans le nord du pays de 60.000 habitants déplacés par les violences frontalières.


La question des migrants est au cœur de l'actualité avec l'accord controversé entre l'Albanie et l'Italie.

Des policiers italiens se tiennent à l'entrée d'un centre pour migrants récemment construit par l'Italie dans le port de Shengjin, à environ 60 km au nord-ouest de Tirana, le 11 octobre 2024. (Photo AFP)
Des policiers italiens se tiennent à l'entrée d'un centre pour migrants récemment construit par l'Italie dans le port de Shengjin, à environ 60 km au nord-ouest de Tirana, le 11 octobre 2024. (Photo AFP)
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  • Le projet du gouvernement italien de transférer en Albanie des migrants secourus en mer Méditerranée est devenu réalité lundi, avec le transfert en cours d'un premier groupe.
  • L'accord est valable pour une durée de cinq ans et renouvelable automatiquement.

ROME : Le projet du gouvernement italien de transférer en Albanie des migrants secourus en mer Méditerranée est devenu réalité lundi, avec le transfert en cours d'un premier groupe.

Le gouvernement de Giorgia Meloni, Première ministre d'extrême droite italienne, a signé un accord en 2023 qui prévoit la création de deux centres en Albanie, d'où les migrants pourront effectuer une demande d'asile. Mais pour Rome, les personnes originaires de pays considérés comme "sûrs" doivent être rapidement rapatriées.

Voici les principales mesures de cet accord, dénoncé par certains comme contraire au droit européen.

- L'Italie en première ligne

L'Italie est depuis de longues années en première ligne des arrivées de migrants en Europe, malgré d'intenses efforts visant à répartir les demandeurs d'asile au sein de l'Union européenne (UE).

Giorgia Meloni, qui a promis lors de son élection en 2022 de mettre fin aux arrivées de migrants par voie maritime, a signé avec son homologue albanais Edi Rama en novembre dernier un accord prévoyant l'envoi de migrants en Albanie.

L'accord est valable pour une durée de cinq ans et renouvelable automatiquement.

En transférant les migrants vers un pays non membre de l'UE, Giorgia Meloni espère provoquer un effet dissuasif et réduire le nombre de débarquements en Italie, qui s'élevait en 2023 à environ 158.000.

- Coût -

Le gouvernement italien a alloué 65 millions d'euros à la construction des centres, le double du budget prévu.

A partir de 2025, les coûts de fonctionnement s'élèveraient à quelque 160 millions d'euros par an, selon le ministère de l'Intérieur.

- Contrôles en mer 

Les migrants interceptés par la marine ou les gardes-côtes italiens dans les eaux internationales au sein de la zone de recherche et de sauvetage italienne seront transférés sur un navire militaire pour un premier contrôle.

Les personnes considérées comme vulnérables par la loi - les mineurs, les femmes, les personnes souffrant de troubles mentaux, ayant été victimes de torture, de violences sexuelles ou de traite d'êtres humains - seront envoyées en Italie.

Les autres seront emmenées dans un centre du nord de l'Albanie, au port de Shengjin, pour être identifiées.

Une fois enregistrés, ces hommes seront emmenés dans un second centre situé dans une ancienne base militaire à Gjader, en attendant que leur demande d'asile soit traitée.

- Visioconférence

Le centre de Gjader pourra accueillir jusqu'à 880 demandeurs d'asile.

Les migrants seront logés dans des pièces d'environ 12m², au sein de bâtiments préfabriqués entourés de hauts murs et surveillés par la police.

Un bâtiment de 144 places sera destiné à ceux dont la demande d'asile aura été refusée et qui risquent un rapatriement. Sur place, une prison pourra accueillir jusqu'à 20 personnes.

Plus de 300 militaires, médecins et juges italiens sont engagés dans ce dispositif, selon l'ambassadeur d'Italie à Tirana.

Dix écrans géants ont été installés dans un tribunal à Rome pour permettre aux juges de superviser les audiences des demandeurs d'asile qui se tiendront en Albanie. Les migrants communiqueront avec leurs avocats par visioconférence.

Les demandes d'asile doivent être approuvées ou rejetées dans un délai de 28 jours. Les personnes qui attendent encore une décision après ce délai seront envoyées en Italie.

Toutefois, ce délai paraît difficile à tenir au regard de la lenteur des procédures administratives italiennes, régulièrement pointées du doigt pour leur inefficacité.

- Droits humains -

Le gouvernement italien souhaite rapatrier rapidement la majorité des migrants.

Pour ce faire, il a récemment porté à 22 le nombre de pays d'origine considérés comme "sûrs".

Les détracteurs de cette liste soulignent qu'elle inclut tous les pays d'origine des migrants, du Bangladesh à la Tunisie.

Rome considère pouvoir désigner un pays comme "sûr" même si certaines parties de son territoire ne le sont pas. La Cour de justice de l'Union européenne estime, elle, que les Etats membres de l'UE ne peuvent désigner comme "sûrs" que des pays dans leur ensemble.

L'accord signé entre l'Albanie et l'Italie soulève d'autres problèmes, selon ses détracteurs qui estiment que juger en mer si une personne est vulnérable ou pas risque d'entraîner des violations des droits humains.

D'autres se demandent si l'Albanie fournira une protection suffisante aux demandeurs d'asile, même si Rome a assuré que l'agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) serait sur place en tant qu'observatrice pendant les premiers mois.